La passion selon Juette

Juette a 12 ans. Juette est mariée de force. Juette n'est pas contente. Il faut dire qu'elle n'a pas de chance, Juette, vivant en plein XIIème siècle, une période crasse dominée par les hommes et une religion qui leur fait la part belle, forcément. Mais Juette a la foi, une croyance violente ne souffrant aucun compromis. Et, après quelques tribulations, Juette finira satisfaite: détachée du monde.

Oui, j'entends, je sais, je lis bien que ce roman a des qualités et pourtant je suis passé totalement à côté de cette confession.
Le style tout d'abord. Parce qu'il en a du style. Des phrases courtes et sèches. Des sentences lapidaires, douloureuses et souvent poétiques. Malheureusement, je trouve cette sécheresse peu nourrissante et ceci a tenu mon petit coeur de pierre bien à l'écart durant toute la lecture.

Ensuite, le personnage en lui-même. de la gamine renfermée à la mystique cloitrée, j'ai trouvé Juette peu attachante. L'héroïne apparait comme une rebelle parfois exaltée, parfois carrément inquiétante. Pourtant, je reconnais que l'envie d'en dresser un portrait ambigu, loin d'une imagerie compassée est louable.
Mais Juette exècre la sexualité et ses fruits (en même temps, on vous le répète Juette est une sainte donc c'est un minimum), Juette exècre les hommes et ce qu'ils représentent en général, parfois avec raison (les prêtres et leur emprise sur la religion, l'autorité paternelle qui l'oblige à se marier), parfois de manière abrupte et injuste (le mari non désiré mais qui la traite avec respect, l'enfant). Là aussi, les mots de l'auteur sont forts et bien tournés, mais serait-ce ma triste petite condition de mâle, j'ai du mal à l'encaisser


(… et j'en suis pas fier !)

Vivement intéressée par l'aspect documentaire de ce roman historique et par ce que pouvait être l'éducation d'une fille de riche marchand au Moyen Age, j'ai été très agacée par les pages évoquant le mysticisme de cette béguine : une sainte féministe et mal à l'aise devant l'amitié amoureuse que lui porte un moine.

Alors que je suis passionnée par le Moyen Age, j'ai été très déçue par cet ouvrage. Certes, on éprouve de l'empathie pour la pauvre Juette et aussi pour Hugues mais ce récit à 2 voix demeure peu émouvant, du moins pour moi. L'absence totale d'amour maternel m'a beaucoup choquée et le revirement de Juette après son veuvage m'a peu convaincue.

Je viens de lire (lecture très courte) ce roman particulier.
Il raconte l'histoire de Juette, une jeune fille du Xeme siècle. Au cours de son premier mariage arrangé, à l'âge de 15 ans, elle prend en dégoût les Hommes et leur autorité, l'église, le "devoir conjugual" et son rôle de mère. Devenue veuve, à 18 ans, elle acquiert sa liberté au service des lépreux.
L'histoire se raconte à deux voix : celle de Juette et celle de Hugues, un religieux, son ami.
Si l'histoire est belle, j'avoue ne pas avoir été embarquée par le roman ... Trop marquée sans doute par la qualité d'un autre roman du même genre que je viens de lire (du domaine des murmures) et que j'ai adoré ! Comment expliquer ? Sans doute car j'ai trouvé moins de poésie dans l'écriture, des personnages auxquels j'ai eu du mal à m'attacher, une écriture plus distante ...

Un roman qui n'est pas dépourvu de force, et de sensibilité, et au style élégant, mais auquel je n'ai pas accroché. Un témoignage intéressant sur la condition féminine au douzième siècle et une réflexion pointue sur le rapport à la foi.
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