Ce petit opuscule (40 pages) revient sur un sujet méconnu, ou plutôt négligé, à savoir le conformisme intellectuel de l'auteur de " 20 000 lieues sous les mers".
Ce court essai, illustré d'exemples tirés des oeuvres de Verne, met en exergue à quel point Jules Verne, malgré sa célèbre imagination, était sur bien des sujets très en accord avec des idées courantes au XIX ème siècle, et qui paraissent risibles ou choquantes aujourd'hui...
Ainsi que l'écrit le préfacier Bernard Duperrein : "...c'est aussi un homme naïvement complice des lieux communs qui habitent notre XIXème siècle : les vertus civilisatrices, la hiérarchie des races, le nationalisme martial, un évolutionnisme naïf sourd au darwinisme naissant..."
Ne nous y trompons toutefois pas; le propos de l'auteur n'est pas de dénigrer ou de blâmer Jules Verne, il rappelle seulement qu'il était un homme d'une époque aujourd'hui révolue.
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C'était un homme de cinquante ans qui paraissait en avoir soixante. Petit, malingre, les yeux vifs mais faux, le nez busqué, la barbiche jaunâtre, la chevelure inculte, les pieds grands, les mains longues et crochues, il offrait ce type si connu du juif allemand, reconnaissable entre tous.
C'était l'usurier souple d'échine, plat de cœur, rogneur d'écus et tondeur d'œufs. L'argent devait attirer un pareil être comme l'aimant attire le fer, et, si ce Shylock fût parvenu à se faire payer par son débiteur, il en certainement revendu sa chair au détail. D'ailleurs, quoiqu'il fût juif d'origine, il se faisait mahométan dans les provinces mahométanes lorsque son profit l'exigeait, chrétien au besoin en face d'un catholique, et il se fût fait païen pour gagner davantage. Ce juif se nommait Issac Hakabut, et il était de Cologne, c'est à dire prussien d'abord...
Hector Servadac (1877)
Ce passage valut à Jules Vernes, on ne s'en étonnera pas, une lettre du Grand rabbin de Paris , Zadoc Khan, qui lui écrivit :
"Je crains que pour le lecteur de Mr Jules Vernes, le juif même le plus honnête et le plus désintéressé ne reste toujours une espèce de Isaac Hakhabut."
D'ailleurs dit Kennedy, cela sera peut-être une fort ennuyeuse époque que celle où l'industrie absorbera tout à son profit !
A force d'inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles !
Je me suis toujours figuré que le dernier jour du monde sera celui où quelques immense chaudière chauffée à trois milliards d'atmosphères fera sauter le globe !
-Et j'ajoute, dit Joe, que les américains n'auront pas été les derniers à travailler à la machine.
Cinq semaines en ballon (1863)