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EAN : 9782381980140
112 pages
L'Arche (05/03/2021)
4.17/5   327 notes
Résumé :
« Une bonne histoire, aujourd’hui encore, c’est souvent l’histoire d’un mec qui fait des trucs. Et si ça peut être un peu violent, si ça peut inclure de la viande, une carabine et des lances, c’est mieux... »

Mais quelle place accorde-t-on dans ces histoires aux personnages féminins et à la représentation de leur corps ? Alice Zeniter déconstruit le modèle du héros et révèle la manière dont on façonne les grands récits depuis l’Antiquité. De la littér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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Ayant eu un véritable coup de coeur pour son roman « L'Art de perdre », je me suis volontiers laissé surprendre par ce texte qu'Alice Zeniter propose dans un tout autre registre. À l'origine, « Je suis une femme sans histoire » est en effet une commande de la Comédie de Valence à l'autrice (et comédienne) pour un spectacle seule-en-scène itinérant, finalement victime de la pandémie.

D'ailleurs, dès les premières lignes, Alice Zeniter installe un dialogue avec ses lecteurs en livrant une sorte de « one-woman-show » où la « professeure » s'adresse à son auditoire, tentant de démontrer l'impact important du récit depuis la nuit des temps. D'ailleurs, dès le début, on s'est fait berner avec ces peintures rupestres montrant l'homme des cavernes chassant le mammouth l'arme au poing alors que le gros fainéant passait 80% de son temps à cueillir des airelles. L'auteure s'amuse également à démontrer que la littérature a toujours été une affaire d'hommes avec des histoires les mettant en avant, de préférence lors d'actions conquérantes, tandis que la femme devait souvent se contenter d'un rôle secondaire d'adjuvant au coeur d'un décor masculin, à l'image de la Schtroumpfette ou des James Bond girls.

Intelligent, érudit et particulièrement didactique, « Je suis une femme sans histoire » se veut surtout extrêmement accessible grâce à une vulgarisation extrême des principes de la narratologie et de la sémiotique. En agrémentant ses propos d'exemples très visuels, elle parvient à livrer un récit non seulement pédagogique, mais également très drôle qui ne manquera pas de faire sourire les lecteurs.

S'il est bien de lire, cet échange complice avec Alice Zeniter vous permettra de mieux comprendre les rouages de la narration, expliquant notamment pourquoi l'on parvient à pleurer la mort d'un personnage fictif alors que l'on parvient à regarder le journal télévisé sans utiliser le moindre mouchoir…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Un petit grand texte ou un grand petit texte (au choix... sourire ), qui est à l'origine une commande faite par la Comédie de Valence à Alice Zeniter, auteure et Comédienne ( elle le rappelle avec humour "j'ai obtenu mon Master 1 d'études théâtrales en 2007" ) pour un spectacle seule-en-scène itinérant.
C'est donc sous la forme d'une conférence littéraire et d'un essai que l'auteure nous fait un one-woman-show intelligent, érudit, pédagogique, plein de bonne humeur, drolatique sur le thème : nous sommes tous des êtres façonnés par des histoires... des êtres du de dicto plus que du de facto.
L'auteure conférencière essayiste instaure un dialogue entre elle et nous qu'elle introduit ainsi :
"Commençons, peut-être, par des présentations ( elles seront unilatérales car je ne peux malheureusement pas savoir qui vous êtes, vous êtes "vous" et c'est ainsi que je vais vous désigner dans ce texte ). de mon côté, je m'appelle Alice Zeniter, je suis écrivaine et pendant une centaine de pages, je vais vous parler du récit."
S'ensuivent des séquences de vulgarisation de sémiotique et de narratologie ( c'est éminemment didactique et instructif ) pour démontrer l'impact millénaire du récit sur notre imaginaire, sur nos représentations de ce que l'on croit être le réel... mais vous l'avez compris... qui n'est en fait que la somme des récits accumulés.
Récits dans lesquels l'homme a le premier rôle...« une bonne histoire, c'est l'histoire d'un homme remarquable qui fait des trucs – de préférence violents », affirme-t-elle.
La femme, elle, jouant le rôle secondaire d'adjuvant... pas d'adjudant ( je précise au cas où je serais lu par quelques misogynes...)
Et d'étayer son assertion par le début de l'histoire de cet homme "chasseur- cueilleur"... davantage chasseur que cueilleur.
Et pourquoi me direz-vous ?
Alice Zeniter nous explique à quel point, comment et pourquoi de ces hommes dont la nourriture était constituée à environ 80% du fruit de leurs cueillettes, n'est restée que l'image du chasseur.
"Ce n'est pas parce que la viande était cruciale que les chasseurs se sont imposés, c'est parce que leur histoire était meilleure. Si je vous raconte, par exemple, que j'ai passé ma journée dans les bois et que j'ai cueilli une airelle et puis une autre et puis une autre ah et encore une autre, dix airelles, vingt airelles... Ce n'est pas trépidant. Je peux bien sûr essayer d'y mettre un peu plus d'intensité : Aujourd'hui, j'ai cueilli une airelle ! Suivie d'une autre airelle ! Et soudain, je suis tombée sur un merveilleux coin à airelles, elles étaient rouges et brillantes, les plus belles de toutes les airelles, et moi je les cueillais par poignées et... Bon, autant l'avouer, même si je rajoutais du passé simple, des chiasmes et des homéotéleutes ( vous chercherez dans vos dicos... sourire ), il y a de gros risques pour que je vous ennuie. Mais si je vous raconte qu'un mammouth monstrueux a foncé sur moi ?
J'étais tapie dans une fosse gluante creusée pendant la nuit et quand il est arrivé tout près de moi, énorme et terrifiant, j'ai jailli d'un bond. Il a essayé de me donner un coup de défense, bim, parade avec le bâton. Deuxième coup de défense, balayette, clé de bras, je glisse entre ses pattes, je plonge ma lance dans son ventre. Il y a du sang partout, ça jaillit en torrent !
Là, bien sûr, j'ai plus de chances d'avoir votre attention. Là il y a de l'action, du conflit, un héros, c'est formidable. Mais c'est aussi un problème parce que ce type d'histoires n'est que l'histoire du héros.
À force d'entendre une histoire de chasseurs, on a oublié les cueilleurs et on a formé une sorte d'équation vie-viande qui ne provient pas des valeurs nutritives de la nourriture mais des formes séduisantes du récit."
Ce long essai démonstratif pour illustrer par ses qualités pédagogiques, didactiques, humoristiques et intellectuellement appropriées le ton de la conférence et les qualités de celle qui la tient.
Je ne vais pas vous détailler, vous décortiquer le reste de la démonstration d'Alice Zeniter.
Que je vous dise cependant que l'atelier d'écriture d'Aristote sur l'art de la poétique qui suit l'extrait auquel je viens de me référer est un pur moment de bonheur.
Le maître rend leurs copies à ses élèves. Un pseudo dialogue s'instaure entre Aristote, qui défend mordicus son art, et Périclès qui s'en est éloigné, trahissant le maître et transgressant des règles qui se veulent figées dans le marbre.
De là un petit tour, un petit cours... c'est jubilatoire et passionnant sur le schéma narratif avec ses quatre "étapes" : la situation de départ et l'élément déclencheur, les péripéties dans l'action montante, le point culminant, l'action descendante et la résolution. Ou son substitut, le schéma actanciel : le sujet qui "veut" l'objet, aidé dans sa quête par les adjuvants mais freiné par les opposants.
Vous aurez droit au BBF ( Black Best Friend )... je ne vous en dis pas plus... aux James Bond girls... et surtout... à ne pas manquer, dans le cadre de " l'homme remarquable", l'opposition entre la réception faite à "l'homme normal" que voulait incarner Hollande, et celle reçue, au début de son mandat, au "Mozart de la finance", au "président jupitérien"... Emmanuel Macron...
Dans "pleurer un personnage", l'auteure conférencière essayiste comédienne, nous explique pourquoi nous sommes capables de pleurer la mort d'un personnage fictif... ce que cela implique tant en ce qui concerne le processus d'identification, que le phénomène d'empathie, et naturellement la relation trompeuse entre réel et récit.
Car pour l'auteure, il n'est pas de doute... la fiction agit sur le réel.
Le récit, ce que l'on nous raconte impacte nos comportements... tel le montant de la dette qui angoisse plus de 80% des Français... la force des médias... et donc du récit.
NOTRE DETTE NATIONALE 10,567, 456, 564, 072 euros.
PART DE VOTRE FOYER 86,000 euros...
Entre vie quotidienne, littérature, poésie, théâtre, politique, place de la femme dans la société et par conséquent féminisme, Alice Zeniter par un propos brillant mais accessible à tous, enlevé, ludique, drôle et moqueur, un propos qui, pour ne pas lasser son auditoire, opte pour l'échange complice "est-ce que je ne vous ennuie pas ?", "arrêtez-moi, sil vous plaît !"... nous montre et nous démontre que notre réalité n'est rien d'autre qu'un mille-feuille de récits... dont la structure a peu changé depuis ses origines ; l'évolution passera par la conscience et notre volonté de faire qu'elle advienne.
Si elle fait appel à de grandes figures comme ( entre celles déjà citées ) Umberto Eco, Ursula le Guin, Frédéric Lordon, Arthur Conan Doyle, Lucy Ellmann, Toni Morrison, Borges et beaucoup d'autres... sa conférence essai ne rate aucune cible visée... sans agressivité, juste avec la précision de celle qui ne s'en laisse pas conter et qui nous raconte comment et pourquoi à notre tour nous ne pouvons rester dupes des ombres que nous regardons défiler sur le mur de notre caverne.
Pour ça, rien ne vaut une balade en forêt... une maïeutique sylvestre qu'elle partage avec nous et quelques hôtes illustres.
Pour clore ce petit bijou, Alice Zeniter nous livre sa bibliographie... encore une occasion de nous prouver à quel point il est possible de dire des choses sérieuses tout en autodérision.
J'ai adoré ce bouquin !
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Ce que j'ai ressenti:

Allez, n'en faisons pas toute une histoire, asseyez-vous, Alice Zeniter saura vous mettre à l'aise et je parie même qu'elle vous fera rire! Donc, asseyez-vous, (dans un train ou pas) et profitez du spectacle (oui parce que cette lecture c'est un hybride entre un essai, du théâtre, un « one woman show », ou encore un moment complice entre filles sans histoires…) et écoutez-la déconstruire le modèle du héros, nous donner quelques notions utiles sur la sémiologie ou la narratologie ou encore parler sans aucune langue de bois des classiques de la littérature…Sans doute, parce qu'elle est d'une franchise rafraîchissante et qu'elle donne des exemples avec un humour décapant, j'ai été complètement embarquée par son argumentation! Que c'est bon de rire autant en lisant! Non seulement c'est instructif mais quand c'est aussi bien emmené, je dirai que c'est encore plus percutant!

Donc Alice Zeniter nous parle du récit, de la fiction, de nos affectations, un peu de politique, de la culture et de la chasse, et surtout des personnages masculins, vous savez, ces mecs-qui-font-des-trucs dans les histoires…Mais que font les femmes pendant ce temps-là?!!!? On se le demande encore, mais grâce à Alison Beshdel et son fameux test, nous en avons peut-être une vague idée…(??!!)…Bref, nous le savons la sur-représentation masculine est une constante dans la littérature et Alice Zeniter voudrait que ça change un peu, et du coup, elle n'hésite pas à le faire savoir avec une ironie délicieuse…

Par chance, nous sommes dimanche, et j'ai bien envie d'aller me faire une promenade en forêt, mais une forêt bien spéciale, celle que Alice rêve avec ces Guérillères….

Alors Je suis une fille sans histoire également, mais je vais m'assoir à table et prendre le temps d'écrire, d'abord, cette chronique pour vous convaincre de lire cet essai, mais peut-être aussi ensuite, une histoire où des nanas-font-des-trucs, si l'inspiration veut bien être de la balade…Mais ça, c'est une autre histoire….

💥Une petite bombe à lire d'urgence💥
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Vous êtes né.e.s après 1980? Alors, c'est sûr, vous avez eu droit au schéma actantiel, le héros, la quête, les adjuvants, les opposants, et tout ça, glose universitaire introduite à grands coups de tatanes dans les programmes du primaire pour des motifs restés indéterminés à ce jour. Alice Zeniter nous le refourgue dans un seule-en-scène hilarant qui prouve que, si j'ignore à ma grande honte quel écrivain elle est, comme prof, en tout cas, elle est au moins championne du monde. La voici qui, pour notre plus grande joie, ressuscite ce bon vieil Aristote en train d'animer un atelier d'écriture, taclant une certaine Marguerite même pas fichue de mettre un minimum de suspens dans ses romans. Ce n'est pourtant pas bien compliqué d'imaginer une bonne histoire: début, élément perturbateur, péripéties, climax, descente, résolution; c'est pas plus difficile que ça et hop! Lect.eur.rice.s en transes ou en larmes, 10 000 ans que ça marche, pas de raison de changer.
Évidemment, la plupart des récits mettent en scène des héros actifs et beaucoup plus rarement des héroïnes. Comme Emma Bovary (suicidée), Anna Karenime (suicidée), la princesse de Clèves (recluse volontaire). On notera donc que dans les belles histoires de la littérature mondiale, les femmes sont non seulement moins nombreuses (voir la Schtroumpfette), moins centrales (voir Astérix) mais surtout nettement plus passives-agressives (puisque c'est comme ça, je me tue / je pars au couvent et vous allez me regretter bouhouhou).
Bref, horreur, on sait que les livres ont toujours été écrits par les vainqueurs, en l'occurrence par les chasseurs plutôt que les cueilleuses, ce qui signifie que tout ce qu'on nous a appris à l'école c'est à aimer la littérature patriarcale (encore que, grâce aux thuriféraires de Greimas, on ait aussi appris aux gamins à la détester - faut-il s'en réjouir ?).
Or, le pouvoir des histoires étant ce qu'il est, dans la bibliothèque rose comme à Hollywood, il est peut-être temps d'inventer un autre imaginaire.
Oui, on est d'accord, une telle objurgation ne casse pas trois pattes à un canard mais cette conférence théâtrale n'est pas un brûlot théorique : c'est une délicieuse invitation à réfléchir sur le féminisme, les métalepses et les notes de bas de page (tout ce que j'aime, en fait).
D'ailleurs, j'ai toujours pensé que la sous-représentation des femmes en littérature était un faux problème. de huit à quinze ans j'ai lu toutes les aventures des quatre mousquetaires et je sais depuis que D Artagnan c'est moi, bene pendantes ou pas.
En revanche, pour reprendre un exemple d'Alice Zeniter, depuis que vous avez commencé à lire ce billet, 20 personnes sont mortes de faim dans le monde (on rigole moins, hein?). Plus que la littérature patriarcale m'inquiète la littérature doudou, plaisir égoïste du reclus en sa tour d'ivoire.
C'est pourquoi il faut lire les 80 pages d' « une fille sans histoires », pour rire et s'interroger.
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Dans une collection qui porte bien son nom, « Des écrits pour la parole », Alice Zeniter fait paraitre aux éditions L'Arche, le texte d'un seule-en-scène qu'elle a écrit en 2020, titré d'une antiphrase : Je suis une fille sans histoire. le symbole du féminin qui habille le « o » de « histoire » annonce en partie le propos. Comme le souligne la quatrième de couverture en reprenant les mots de l'autrice : « Une bonne histoire, aujourd'hui encore, c'est souvent l'histoire d'un mec qui fait des trucs ». Eh oui, les récits, ce sont la plupart du temps des histoires d'hommes, même quand ce sont des femmes qui les écrivent (ou qui les filment). Certains des siens, avoue-t-elle, ne passeraient pas le test de Bechdel
***
Dans ce texte destiné à être dit, Alice Zeniter vulgarise certaines notions de narratologie en présentant avec talent et humour les schémas narratif et actanciel en faisant ressortir nombre de clichés dans les rôles trop souvent dévolus aux femmes. Elle présente aussi brièvement le triangle sémiotique et donne la part belle au grand Eco en mettant en valeur son humour et sa fantaisie. J'ai beaucoup aimé « Le Jeu de Sherlock Homes » où elle nous explique que la sémiotique peut permettre à un auteur de « lire » le corps. Plus loin, elle fait une brillante et amusante démonstration de l'objet sémiotique en prenant comme exemple le nom d'Emmanuel Macron, avec une bonne dose de deuxième degré. Une minuscule réserve : j'aurais apprécié un développement plus long sur le « pacte » de l'auteur avec le lecteur qui permet de comprendre, je crois, certains emballements comme certaines défections… Lisez ce texte : vous devriez sourire pendant une centaine de pages. Pas mal, non ?
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critiques presse (2)
Bibliobs
22 avril 2021
Dans « Je suis une femme sans histoire », l’écrivaine Alice Zeniter montre, avec autant d’humour que d’érudition, que la littérature a longtemps été une affaire d’hommes.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
09 avril 2021
Dès le titre du nouveau livre d’Alice Zeniter, Je suis une fille sans histoire, la fiction se déploie avec son cortège d’interprétations, et ce n’est pas un hasard puisque le rapport entre faits et récits forme l’essentiel de son sujet.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
[...] Ursula Le Guin se demande comment notre civilisation de chasseurs-cueilleurs a pu devenir le berceau de récits qui ne parlent que de chasseurs. Elle met en balance le fait que la viande occupait une part minime de l'alimentation (entre 65 et 80 % de la nourriture des humains était cueillie) et la place énorme occupée sur les parois des grottes et dans les esprits. Ce n'est pas parce que la viande était cruciale que les chasseurs se sont imposés, c'est parce que leur histoire était meilleure.
(p. 14)
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[...] si les récits peuvent élever des ponts entre des sous-mondes, ils peuvent aussi monter des murs, peut-être ? Dans un des romans d'Eco, il y a un personnage qui demande :
« Qui pensons-nous être, nous pour qui Hamlet est plus réel que notre concierge ? »
C'est une bonne question, non ? Qui pensons-nous être ? Nous pour qui Jon Snow est plus émouvant que le cheminot en grève...
(p. 86)
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Dans une grande partie de la production cinématographique américaine récente, l'adjuvant est le fameux « Black Best Friend » : un personnage intelligent, drôle, cool mais sans buts qui lui appartiennent en propre, à part aider le sujet (et montrer que celui-ci n'est pas raciste). Dans la chasse au mammouth, il aidera à creuser la fosse dans laquelle attendre l'animal et il se peut même qu'il fournisse les lances. Sans enjeux personnels, le BBF pourra facilement mourir au point culminant (écrasé par le mammouth), suscitant ainsi une émotion considérable mais sans perturber la quête (sa mort viendra même en renforcer l'importance car le héros fait désormais de la chasse au mammouth une revanche obsédante). Même un dessin animé où les humains existent très peu, comme Shrek, a reproduit cette division des rôles puisque l'âne (adjuvant) qui accompagne l'ogre (sujet) est doublé par un acteur noir : Eddie Murphy dans la version originale et Med Hondo dans la version française. Fin de la parenthèse.
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Moi je n'ai jamais pleuré sur Anna Karénine: elle m'agace. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, c'est une femme mariée qui tombe amoureuse d'un autre homme et qui se jette sous un train. A ne pas confondre avec Madame Bovary qui est une femme mariée amoureuse d'un autre homme et qui s'empoisonne. A ne pas confondre, non plus, avec la Princesse de Clèves qui est une femme mariée qui tombe amoureuse d'un autre homme et puis son mari meurt alors elle pourrait épouser l'autre homme mais non, elle entre au couvent pour mourir socialement. Clairement, pour les récits de femmes-qui-font-des-trucs, on n'est pas encore tout à fait au point...
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Parce qu'on se raconte tous des histoires, tout le temps. Et on en écoute, lit ou reçoit en permanence aussi. En réalité, nous sommes pétris de mises en récit que nous ne détectons même plus. Nous avançons sur des lignes de textes là où nous croyons voir du réel, là où nous pensons que nous avons les deux pieds bien plantés dans les faits...
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Vidéo de Alice Zeniter
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