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Citations sur L'embaumeur (80)

Cependant, notre famille jouissait d’un avantage que nous enviaient tous les habitants de Saint-Chatry : nous possédions un authentique cabinet d’aisance. Haut perché, en surplomb de notre jardin, ce cabinet nous permettait de nous soulager en produisant notre propre compost. Ainsi, le fruit de notre digestion retournait-il au fumier, emporté dans une sorte de boyau lisse en métal que mon père avait agencé par un trou du plancher. On était prié de pisser d’abord, afin de mouiller la pente et permettre une glissade rapide du colombin vers le purin, que les poules fouillaient nerveusement. Il était interdit d’y verser les cuvettes d’eau de pluie destinée à la toilette ; quiconque n’avait pas envie de pisser ne pouvait aller chier, au risque d’être dénoncé par son crottin resté collé au bord du tuyau sec.
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Je ne connais pas de mort qui s’opposerait à nourrir les créatures peuplant le ciel. Crois-moi, si nous devions choisir entre les vers et les oiseaux, nous préférerions tous être encielés et non enterrés. Ce qui, d’ailleurs, s’avérerait moins salissant.
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- Mais, Mère, on ne ..
- Mémère, dis- tu ? Tu la vois celle-là ? propose-t-elle, la paume ouverte en direction de ma face.
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- Débrouille toi pour venir me prendre demain matin, le plus tôt possible. Tu me rendrais service en me libérant, dès l'aube, des criailleries de Judith.
- Oui, Victor. J'ai tout compris.
- Qu'as tu compris ?
Son regard trahit une certaine compassion.
- Que l'homme libre est parfois enchaîné.
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Après des débuts confus et contre toute espérance, Angélique révéla d'infinies dispositions culinaires. C'est avec une ingéniosité sans cesse renouvelée qu'elle combla ma gourmandise. Mais mon appétit d'elle n'était pas satisfait car elle se refusait constamment à moi. Aujourd'hui, une évidence m'apparaît : nous dépensions notre temps en cuisine simplement parce que nous ne le passions pas au lit .... Pourtant, je n'étais pas malheureux.
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Je trouvai une paire de gants taillés dans une belle peau d'agneau souple, à ma taille, ainsi qu'une sorte de long foulard soyeux que mon père avait porté, noué autour de son col bruni par la sueur.
Les gants de peau et le foulard furent donc les dernières reliques paternelles que je m'octroyai préremptoirement excepté le petit carnet de notes dont je ne me séparais jamais.
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Autrefois, mon père se flattait d’acheter sa poudre à perruques et son fard aux bons faiseurs ; il ignorait qu’ils y fondaient des balayures de bois vermoulu. Plus tard, comme ce fard lui racornissait la peau et n’était plus guère utilisé que par les vieux coquets royalistes ou par quelques fous suicidaires, il l’avait abandoné et remisa ses postiches dans une boîte où grouillaient la vermine et les poux.
- Je ne vais pas risquer de me faire casser la gueule en passant pour un aristo ! avait-il déclaré en rangeant ces accessoires.
- Ah, bon ? avait répliqué ma mère. Mais sans perruque poudrée, on te prendra pour un révolutionnaire !
Mon père était prompt à l’agacement, surtout lorsque sa femme le contredisait.
- Pauv’fille ! assura-t-il. Tu n’as rien compris : il vaut toujours mieux se ranger aux côtés du plus fort. Je marche à pied et non en chaise à porteurs. Je suis musicien, ma veste est lustrée aux coudes, fermée par dix boutons dont un manquant, et je rase les murs lorsque je croise une bande de jeunes pourvus d’une canne ou d’un gourdin. Je n’expose nulle part mes croyances politiques et je n’ai qu’un maître : Dieu.
- Johann, je ne te reconnais plus ! s’était-elle écriée sur un ton de désespoir. Le peuple a pété les clôtures des grandes maisons pour s’en faire des armes et on jette encore les carrosses au feu ! Tes ouailles seront bientôt tellement ruinées qu’elles s’habilleront en peaux de souris. C’est cela, que tu appelles le côté du plus fort ?
- Jusqu’à nouvel ordre, oui. Ça bâfrait sur des tables en marqueterie, mais ça pignochait le prix de mes musiques. Je suis ravi, vois-tu, qu’on crève dans les salons après avoir dépensé trente-six millions de livres pour gaver cette bande de bras cassés !
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(Victor s'adressant au tribunal)
Pute borgnesse !
Me voici fort aise de retrouver vos mines fraîches du matin. Avez-vous bien dormi, gentes commères et messieurs les éclairés ?
La sagesse doit gouverner, aussi ai-je songé la nuit dernière à ne point vous faire poireauter davantage.
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- Que des mégères croient ces idioties, je le veux bien, mais toi ! Toi ? Victor ! Nous sommes presque arrivés chez nous, on voit d'ici l'entrée de notre cul-de-sac ....
- Oh ! monsieur, m'écriai-je plein d'allégresse, on ne dit plus cul-de-sac ! Si on vous entendait !
- Que dit-on alors ?
- Voltaire a inventé le mot "impasse".
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Lorsqu'un quartier de la ville n'a point de médecin attitré, on demande souvent au barbier d'opérer un goître, parfois même de recoudre un estomac. ça fout la trouille, mais nous entretenons de plaisantes relations avec les barbiers parce qu'ils sont souvent responsables des décès et nous font aussitôt prévenir.
"Les médecins aussi sont une bonne source de revenus pour nous : ce sont des ânes, des agités de la saignée. Ils tuent en moins de temps qu'il n'en faut pour traverser la Seine sur un tonneau.
" Secundo, les rebouteux et guérisseurs ambulants considérés comme des sorciers, nous intéressent également. Etant les premiers avertis des malades, ils nous indiquent les cas désespérés que nous pouvons utiliser : un bougre tombé du toit représente une belle marchandise, pour peu qu'il ait encore quelques dents, des cheveux, un coeur et des membres que l'Académie de médecine dépiautera avec ses élèves.
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