L'embaumement existe depuis l'Antiquité et ses recettes, de même que ses rituels funéraires, sont en grande partie parvenus jusqu'à nous depuis l'Egypte ancienne.
En France, après la révolution, on embaumait les morts pour les rendre coquets avant leur présentation aux portes du paradis.
On leur prodiguait des soins de lavage et de conservation en fonction de leurs moyens et de leur statut social.
L'embaumeur faisait aussi office de "croque-mort" puisqu'on lui amenait les corps des personnes "fraîchement" décédées afin de s'assurer de leur décès.
Mais le plus surprenant, voir choquant, est sans doute l'utilisation faite des organes retirés du corps et plus particulièrement du coeur.
J'ai appris avec stupéfaction que les coeurs momifiés étaient revendus pour être utilisés en peinture !
Ces organes une fois rapés, rendaient effectivement une poudre brune qui, dissoute dans l'huile et étalée sur un fond blanc, offrait une teinte admirable de brun transparent.
Il semble que certains peintres de l'époque, tels Alexandre Pau de
Saint-Martin ou Martin Drölling, aient eu recours à ce procédé pour exécuter quelques-unes de leurs toiles.
Et plus le coeur provenait d'un illustre personnage (on parle de rois et de reines..), plus le rendu était lumineux.
On peut parler d'un véritable trafic d'organes, alors tacitement toléré, pour lequel on allait jusqu'à profaner les cimetières et les tombes royales.
Tout ce savoir nous est relaté par Victor Renard, embaumeur de son état, emprisonné et auditionné par un tribunal suite à un forfait dont on l'accuse et qui ne sera dévoilé qu'en toute fin de roman.
Un homme au triste destin, haï par ses parents, détesté par sa mère, l'épouvantable Pâqueline qui aurait préféré le voir mourir à la place de son frère jumeau.
C'est monsieur Joulia qui l'initiera à ce métier tout en lui apportant un peu de l'affection qui lui fit tant défaut.
Son amour pour Angélique, fille de joie atteinte de syphilis, lui vaudra de se retrouver devant les juges où il découvrira enfin le vrai visage de ceux dont il croyait être aimé.
Un récit pour le moins déroutant, fidèle aux moeurs de l'époque dans ce qu'elles avaient de rébarbatif.
Je l'ai trouvé très instructif malgré les quelques longueurs dont il souffre parfois et qui font obstacle aux quatre étoiles.
C'est le récit d'une vie par le narrateur, qu'il inflige à ses juges.
Isabelle Duquesnoy, diplômée d'histoire de l'art et auteure de romans historiques, connait bien son sujet et le traite avec habileté.
À recommander à ceux qui ont le coeur bien accroché et l'estomac solide.