Les documents, qui concernent Jean, sont plus nombreux. On ignore sur quelles « recherches et supputations » Carel Van Mander se fonde pour admettre que Jean inventa la peinture à l'huile vers l'an 1410. Mais on sait qu'en 1422, la somme de 12 sols fut versée à l'artiste « Johanni de Yeke, pictori » en paiement de la peinture d'un cierge pascal qu'il avait faite pour la cathédrale de Cambrai. Au cours de cette môme année, il entra comme peintre et valet de chambre au service de Jean de Bavière, dit Jean-sans-Pitié, et y resta sans doute jusqu'à la mort du duc, (6 janvier 1425). Il avait occupe son temps, du 24 octobre 1422 au II septembre 1424, à la décoration du palais du duc à La Haye. Malheureusement, aucune trace ne subsiste de ce travail.
Le plan de notre livre nous est imposé par la nature des choses. Après avoir indiqué la situation de l'art européen avant les Van Eyck, nous rappellerons le peu — le très peu — que l'on sait historiquement sur chacun des deux frères ; puis nous irons tout droit au retable de Saint-Bavon de Gand, point de départ et centre de tous les chemins de recherche. Le retable, en effet, est le seul ouvrage où l'on sache historiquement qu'Hubert a travaillé.