Il s'accroupit, subissant un moment de dépression très profonde ainsi que l'on reçoit une vague de la mer.Je suis un monstre. Et comme à chaque fois lui revint le surpuissant et terrible désir. Le vertige. Traversant la rivière aux Saumons, au lieu d'aller à l'est en sorte de rentrer chez lui,il pouvait poursuivre plein nord. Vers le Grand Nord et son silence. En laissant tout derrière toi, tu t'enfonces dans le grand silence et permets à ta folie de te prendre tout entier, à jamais.
C'est un monstre. Il le sait. Et il en est très malheureux. On l'est déjà, quand on est un individu normal, lorsqu'on atteint un certain degré de lucidité.
Aller dans le Grand Nord est pour lui un vertige. Comme une envie de tomber. Il doit y résister, quelque puissant que soit l'appel. C'est la fin du monde là-bas. Sans arbres ni rien sauf le grand silence.
Contact à deux heures. Un effleurement. Rien de très distinct.Il repartit, modifiant sa route,au travers d'un groupement d'érables que personne n'avait jamais saignés et pour cause, je suis sur mon territoire.
Saorge s'ouvrit à la réception, comme l'on prête l'oreille à la rumeur d'une circulation, à tel bruit familier relégué au fond de sa conscience et que l'on choisit. Des centaines d'images lui parvenaient; dresser la liste des animaux dont il captait les émotions, les affûts, les besoins, dresser cette liste fût revenu à énumérer les habitants vivants de la forêt. Saorge y parvenait, ce lui était désormais supportable. Il lui avait fallu des années pour y réussir.
Ne pense plus à elle, tu ne la reverras jamais. Elle est sortie de ta vie.