"Sophia comprit que son grand-père était à nouveau parti très loin. Elle était reconnaissante d'avoir pu partager ce moment avec lui et retenterait sa chance demain avant de repartir à New York. [...] En repassant devant l'accueil, elle voulut en avoir le coeur net. Elle demanda à la personne qui l'avait accueillie :
-Mon grand-père reçoit-il d'autres visites que de sa famille et de ses vieux amis ?
-C'est difficile à dire... il y a beaucoup de résidents. Mais vous pouvez regarder le registre. Sophia s'approcha [...]Elle descendit son index plus bas et ses yeux s'arrêtèrent, avec surprise, sur son propre nom, à la date du 30 novembre. Elle cligna deux ou trois fois les paupières, mais elle ne rêvait pas. Il y avait bien écrit, à l'encre bleue, Sophia Simon.
Son grand-père avait parlé d'une blonde aux dents écartées. [...]"
"-En voulez-vous à vos parents de vous avoir élevée ainsi ?
Elle range son carnet dans son sac et prend le temps de réfléchir. Tout en entortillant une mèche bouclée autour de son index, geste qui me rend dingue, elle me répond :
-Je ne parlerai pas de rancune, non. Je pense qu'ils ont voulu nous donner le meilleur, de leur point de vue, à mes soeurs et moi.
-Vous n'avez jamais projeté de revoir votre père ? "
"L'heure tourne trop vite. Je n'ai soudain aucune envie de la voir partir pour commencer la consultation de Patrick !
-Je crois que je suis là pour faire mon deuil. Vous pouvez m'aider ?
-Oui. Ce sera peut-être long. Mais avec mon aide, vous y arriverez.
Comment je peux raconter ça, alors que je n'y parviens pas moi-même depuis cinq ans ? Je ne pense pas qu'elle ait tué sa mère, donc ce sera sûrement plus facile pour elle. Et je suis un bon psy. Enfin, vu le nombre croissant de patients qui s'adressent à moi, je vois que ma réputation est faite à New York.
[...]
Son clin d'oeil et son sourire malicieux me font l'effet d'un électrochoc. J'ai l'impression de sortir d'une hibernation. "
"La peur a un rôle de protection, jusqu'à ce qu'on soit débordé par elle et qu'on perde ses moyens.[...] Il existe des peurs innées et des peurs acquises par l'expérience. En général, quand les enfants lisent un livre, ils orientent leur peur et la surmontent grâce à la présence rassurante de l'adulte. "