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Citations sur La Vie tranquille (55)

Je ressemble aux autres femmes. Je suis une femme d'aspect assez quelconque, je le sais. Mon âge est un âge moyen. On peut dire qu'il est encore jeune. Mon passé, les autres seuls pourraient me dire s'il est intéressant. Moi je ne sais pas. Il est fait de jours et de choses dont je n'arrive pas à croire qu'ils me sont arrivés vraiment. C'est mon passé, c'est mon histoire. Je n'arrive pas à m'y intéresser parce que c'est la mienne. Il me semble que mon passé c'est demain qui commencera vraiment à le contenir. A partir de demain soir, le temps comptera.
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Un soir, j’ai été près de la mer. J’ai voulu qu’elle me touche de son écume. Je me suis étendue à quelques pas. Elle n’est pas arrivée tout de suite. C’était l’heure de la marée. Tout d’abord, elle n’a pas pris garde à ce qui se tenait couché là, sur la plage. Puis je l’ai vue, ingénument, s’en étonner, jusqu’à me renifler. Enfin, elle a glissé son doigt froid entre mes cheveux. Je suis entrée dans la mer jusqu’à l’endroit où la vague éclate. Il fallait traverser ce mur courbé comme une mâchoire lisse, un palais que laisse voir une gueule en train de happer, pas encore refermée.
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J'ai pensé à mon âge, à celui de tous ceux qui dormaient dans cette maison, et j'ai entendu le temps nous ronger tous comme une armée de rats. Nous étions du bon grain. Il y avait vingt-quatre ans qu'on se laissait vivre. On avait compté sur le temps pour mettre de l'ordre dans les affaires de la maison. Du temps avait passé. Le désordre avait gagné d'autant. C'était maintenant un désordre des âmes, du sang. Nous ne pourrions plus guérir, nous ne voulions plus. Nous ne savions plus vouloir être libres, nous étions des rêveurs, des vicieux, des gens qui rêvent du bonheur et qu'un vrai bonheur accablerait plus que tout.
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J'aime Tiène. Ce n'est plus une chose qui peut encore arriver. Elle est déjà arrivée. C'est fait. J'aime. J'aime Tiène. Même de loin, je sens très bien que je ne veux plus d'un autre que lui. Ce que je croyais qui me tenait le plus à cœur jusqu'ici s'est évanoui. Mais il me reste toujours cette envie de Tiène. C'est là, endiguée entre mes hanches, une espèce de sagesse plus sage que moi et qui sait mieux que moi ce que je veux.
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Je voudrais que l'été soit en moi aussi parfait que dehors, réussir à oublier d'attendre toujours. Mais il n'y a pas d'été de l'âme. On regarde celui qui passe tandis qu'on reste dans son hiver. Il faudrait sortir de cette saison d'impatience. Se vieillir au soleil de ses désirs. Puisqu'il est vain d'attendre.
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Elle n'était ni heureuse ni malheureuse, elle ne se trouvait pas avec nous; elle était avec le temps qui passe, d'accord avec lui.
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page 38

A la fin, j'ai fait voir que j'étais éveillée. Je suis allée vers papa. Je me suis arrêtée devant lui. Il m'a regardée longtemps sans faire un seul geste. Le soleil s'était levé et jouait avec les poussière sur le tapis. Papa me regardait avec curiosité. Ses yeux passaient alternativement de mon visage à mes orteils, à ma poitrine plate dans ma robe de bal.
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Je les ai laissés et je suis allée me recoucher. Je n'ai pas pu me rendormir. Mon corps était engourdi. Je le sentais bien calme, suspendu à ma tête, bien décidé à être sourd, à ne pas m'écouter. Mais ma tête, de son côté, s'enfuyait toute libre dans un délire d'éveil.
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Il m'arrive de m'éveiller à l'aurore, d'apercevoir la nuit en fuite désormais impuissante devant les blancheurs trop corrosives du jour qui vient. Avant le cri des oiseaux entre dans la chambre une fraîcheur humide, irradiée par la mer, presque étouffante à force de pureté.
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Son corps était étonnant de beauté. Ses pieds, ses mains, son visage, n'étaient plus ceux que je connaissais depuis qu'il était nu. Ils ne se séparaient plus de son corps blond, agile, qu'on aurait dit lissé par l'eau des rivières, le vent. Il ne réclamait aucun vêtement. Il était habillé de soleil.
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