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Citations sur Ourika - Édouard - Olivier ou le Secret (71)

Croiriez-vous que, jeune comme j’étais, étrangère à tous les intérêts de la société, nourrissant à part ma plaie secrète, la révolution apporta un changement dans mes idées, fit naître dans mon cœur quelques espérances, et suspendit un moment mes maux ? tant on cherche vite ce qui peut consoler ! J’entrevis donc que, dans ce grand désordre, je pourrais trouver ma place ; que toutes les fortunes renversées, tous les rangs confondus, tous les préjugés évanouis, amèneraient peut-être un état de choses où je serais moins étrangère ; et que si j’avais quelque supériorité d’âme, quelque qualité cachée, on l’apprécierait lorsque ma couleur ne m’isolerait plus au milieu du monde, comme elle avait fait jusqu’alors. Mais il arriva que ces qualités mêmes que je pouvais me trouver, s’opposèrent vite à mon illusion : je ne pus désirer longtemps beaucoup de mal pour un peu de bien personnel. D’un autre côté, j’apercevais les ridicules de ces personnages qui voulaient maîtriser les événements ; je jugeais les petitesses de leurs caractères, je devinais leurs vues secrètes : bientôt leur fausse philanthropie cessa de m’abuser, et je renonçai à l’espérance, en voyant qu’il resterait encore assez de mépris pour moi au milieu de tant d’adversités. Cependant je m’intéressais toujours à ces discussions animées ; mais elles ne tardèrent pas à perdre ce qui faisait leur plus grand charme. Déjà le temps n’était plus où l’on ne songeait qu’à plaire, et où la première condition pour y réussir était l’oubli des succès de son amour-propre : lorsque la révolution cessa d’être une belle théorie et qu’elle toucha aux intérêts intimes de chacun, les conversations dégénérèrent en disputes, et l’aigreur, l’amertume et les personnalités prirent la place de la raison. Quelquefois, malgré ma tristesse, je m’amusais de toutes ces violentes opinions qui n’étaient au fond presque jamais que des prétentions, des affectations ou des peurs : mais la gaîté qui vient de l’observation des ridicules ne fait pas de bien ; il y a trop de malignité dans cette gaîté, pour qu’elle puisse réjouir le cœur qui ne se plaît que dans les joies innocentes. On peut avoir cette gaîté moqueuse, sans cesser d’être malheureux ; peut-être même le malheur rend-il plus susceptible de l’éprouver, car l’amertume dont l’âme se nourrit, fait l’aliment habituel de ce triste plaisir. (Ourika, Folio, p.76-77)
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Ce fut peu de temps après le départ de Charles, que la révolution prit un caractère plus sérieux : je n’entendais parler tout le jour, dans le salon de madame de B., que des grands intérêts moraux et politiques que cette révolution remua jusque dans leur source ; ils se rattachaient à ce qui avait occupé les esprits supérieurs de tous les temps. Rien n’était plus capable d’étendre et de former mes idées, que le spectacle de cette arène où des hommes distingués remettaient chaque jour en question tout ce qu’on avait pu croire jugé jusqu’alors. Ils approfondissaient tous les sujets, remontaient à l’origine de toutes les institutions ; mais trop souvent pour tout ébranler et pour tout détruire. (Ourika, Folio, p.75-76)
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Je vis que je ne savais rien avant mon malheur ; mes impressions étaient toutes des sentiments ; je ne jugeais pas, j’aimais ; les discours, les actions, les personnes plaisaient et déplaisaient à mon cœur. À présent, mon esprit s’était séparé de ces mouvements involontaires : le chagrin est comme l’éloignement, il fait juger l’ensemble des objets. Depuis que je me sentais étrangère à tout, j’étais devenue plus difficile, et j’examinais, en le critiquant, presque tout ce qui m’avait plu jusqu’alors. (Ourika, Folio, p.74)
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J’épuisais ma pitié sur moi-même ; ma figure me faisait horreur, je n’osais plus me regarder dans une glace ; lorsque mes yeux se portaient sur mes mains noires, je croyais voir celles d’un singe ; je m’exagérais ma laideur, et cette couleur me paraissait comme le signe de ma réprobation ; c’est elle qui me séparait de tous les êtres de mon espèce, qui me condamnait à être seule, toujours seule ! jamais aimée ! Un homme, à prix d’argent, consentirait peut-être que ses enfants fussent nègres ! Tout mon sang se soulevait d’indignation à cette pensée. J’eus un moment l’idée de demander à madame de B. de me renvoyer dans mon pays, mais là encore j’aurais été isolée : qui m’aurait entendue, qui m’aurait comprise ? Hélas ! je n’appartenais plus à personne, j’étais étrangère à la race humaine tout entière ! (Ourika, Folio, p.73)
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Les bienfaits qui sont doux à recevoir, sont ceux dont le cœur s’acquitte. (Ourika, Folio, p.73)
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La veille encore, que m’importait d’être seule ? je n’en savais rien ; je ne le sentais pas ; j’avais besoin de ce que j’aimais, je ne songeais pas que ce que j’aimais n’avait pas besoin de moi. (Ourika, Folio, p.73)
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Il y a des illusions qui sont comme la lumière du jour ; quand on les perd, tout disparaît avec elles. (Ourika, Folio, p.73)
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La philosophie nous place au-dessus des maux de la fortune, mais elle ne peut rien contre les maux qui viennent d’avoir brisé l’ordre de la nature. Ourika n’a pas rempli sa destinée : elle s’est placée dans la société sans sa permission ; la société se vengera. (Ourika, Folio, p.72)
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Pendant que nous sommes seules, dit, madame de… à madame de B., je veux vous parler d’Ourika : elle devient charmante, son esprit est tout à fait formé, elle causera comme vous, elle est pleine de talents, elle est piquante, naturelle ; mais que deviendra-t-elle ? et enfin qu’en ferez-vous ? — Hélas ! dit madame de B., cette pensée m’occupe souvent, et, je vous l’avoue, toujours avec tristesse : je l’aime comme si elle était ma fille ; je ferais tout pour la rendre heureuse ; et cependant, lorsque je réfléchis à sa position, je la trouve sans remède. Pauvre Ourika ! je la vois seule, pour toujours seule dans la vie ! » Il me serait impossible de vous peindre l’effet que produisit en moi ce peu de paroles ; l’éclair n’est pas plus prompt : je vis tout ; je me vis négresse, dépendante, méprisée ; sans fortune, sans appui, sans un être de mon espèce à qui unir mon sort, jusqu’ici un jouet, un amusement pour ma bienfaitrice, bientôt rejetée d’un monde où je n’étais pas faite pour être admise. Une affreuse palpitation me saisit, mes yeux s’obscurcirent, le battement de mon cœur m’ôta un instant la faculté d’écouter encore ; enfin je me remis assez pour entendre la suite de cette conversation. (Ourika, Folio, p.71)
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Le bonheur résulte-t-il toujours de ces dons de l’intelligence ? Je croirais plutôt le contraire : il faut payer le bienfait de savoir par le désir d’ignorer, et la fable ne nous dit pas si Galatée trouva le bonheur après avoir reçu la vie. (Ourika, Folio, p.67)
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