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Citations sur Ourika - Édouard - Olivier ou le Secret (71)

Tout a été dit, assurait mon père ; mais la manière de dire est inépuisable. (Édouard, Folio, p.118)
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Mon père alla jusqu’à défendre la vénalité des charges que l’Anglais attaquait toujours. — Admirable institution, dit mon père, que celle qui est parvenue à faire payer si cher le droit de sacrifier tous les plaisirs de la vie et d’embrasser la vertu comme une convenance d’état. Ne nous calomnions pas nous-mêmes, dit encore mon père ; la magistrature qui a produit Molé, Lamoignon, d’Aguesseau, n’a rien à envier à personne ; et, si le jury anglais se distingue par l’équité de ses jugements, c’est que la classe qui le compose en Angleterre est remarquable surtout par ses lumières et son intégrité. En Angleterre l’institution repose sur les individus ; ici les individus tirent leur lustre et leur valeur de l’institution. — Mais il se peut, ajouta mon père en finissant cette conversation, que ces institutions conviennent mieux à l’Angleterre que ne feraient les nôtres ; cela doit être ; les nations produisent leurs lois, et ces lois sont tellement le fruit des mœurs et du génie des peuples qu’ils y tiennent plus qu’à tout le reste ; ils perdent leur indépendance, leur nom même avant leurs lois. Je suis persuadé que cette expression : « Subir la loi du vainqueur, » a un sens plus étendu qu’on ne le lui donne en général ; c’est le dernier degré de la conquête que de subir la loi d’un autre peuple ; et les Normands qui, en Angleterre, ont presque conquis la langue, n’ont jamais pu conquérir la loi. Ces matières étaient sérieuses, mais elles ne le paraissaient pas. Ce n’est pas la frivolité qui produit la légèreté de la conversation ; c’est cette justesse qui, comme l’éclair, jette une lumière vive et prompte sur tous les objets. Je sentis, en écoutant mon père, qu’il n’y a rien de si piquant que le bon sens d’un homme d’esprit. (Édouard, Folio, p.115-116)
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Je ne sais quel sentiment de respect vous saisissait en parcourant cette vaste maison où plusieurs générations s’étaient succédé, faisant honneur à la fortune et à la puissance plutôt qu’elles n’en étaient honorées. (Édouard, Folio, p.114)
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Ne sortons point de notre état, disait-elle à mon père ; pourquoi mener Édouard dans un monde où il ne doit pas vivre, et qui le dégoûtera peut-être de notre paisible intérieur ? Un avocat, disait mon père, doit avoir étudié tous les rangs ; il faut qu’il se familiarise d’avance avec la politesse des gens de la cour, pour n’en être pas ébloui. Ce n’est que dans le monde qu’il peut acquérir la pureté du langage et la grâce de la plaisanterie. La société seule enseigne les convenances, et toute cette science de goût, qui n’a point de préceptes, et que pourtant on ne vous pardonne pas d’ignorer. — Ce que vous dites est vrai, reprenait ma mère ; mais j’aime mieux, je vous l’avoue, qu’Édouard ignore tout cela et qu’il soit heureux ; on ne l’est qu’en s’associant avec ses égaux :

Among unequals no society
Can sort.

— La citation est exacte, répondit mon père, mais le poète ne l’entend que de l’égalité morale, et, sur ce point, je suis de son avis, j’ai le droit de l’être. — Oui, sans doute, reprit ma mère ; mais le maréchal d’Olonne est une exception. Respectons les convenances sociales ; admirons même la hiérarchie des rangs, elle est utile, elle est respectable ; d’ailleurs n’y tenons-nous pas notre place ? mais gardons-la, cette place ; on se trouve toujours mal d’en sortir. (Édouard, Folio, p.111)
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De ce moment je sortis de l’enfance. Mon père, encouragé par le succès, m’ouvrit les voies nouvelles qu’on ne parcourt qu’avec l’imagination. En me faisant appliquer les sentiments aux faits, il forma à la fois mon cœur et mon jugement. Savoir et sentir, disait-il souvent, voilà toute l’éducation. Les lois furent ma principale étude ; mais par la manière dont cette étude était conduite, elle embrassait toutes les autres. Les lois furent faites en effet pour les hommes et pour les mœurs de tous les temps : elles suivirent les besoins ; compagnes de l’histoire, elles sont le mot de toutes les difficultés, le flambeau de tous les mystères ; elles n’ont point de secret pour qui sait les étudier, point de contradiction pour qui sait les comprendre. Mon père était le plus aimable des hommes ; son esprit servait à tout, et il n’en avait jamais que ce qu’il fallait. Il possédait au suprême degré l’art de faire sortir la plaisanterie de la raison. L’opposition du bon sens aux idées fausses est presque toujours comique ; mon père m’apprit à trouver ridicule ce qui manquait de vérité. Il ne pouvait mieux en conjurer le danger. C’est un danger pourtant et un grand malheur que la passion dans l’appréciation des choses de la vie, même quand les principes les plus purs et la raison la plus saine sont vos guides. On ne peut haïr fortement ce qui est mal sans adorer ce qui est bien ; et ces mouvements violents sont-ils faits pour le cœur de l’homme ?
Hélas ! ils le laissent vide et dévasté comme une ruine, et cet accroissement momentané de la vie amène et produit la mort. (Édouard, Folio, p.108-109)
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Le bon goût forme entre ceux qui le possèdent une sorte de lien qu’on ne saurait définir. (Édouard, Folio, p.105)
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Souffrir profondément appartient aux âmes distinguées, car les sentiments communs sont toujours superficiels. (Édouard, Folio, p.102)
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Le jeune passager remarquait un soir ce magnifique spectacle : L’infini est partout, dit-il ; on le voit là, en montrant le ciel ; on le sent ici, en montrant son cœur : et cependant quel mystère ! qui peut le comprendre ! Ah ! la mort en a le secret ; elle nous l’apprendra peut-être, ou peut-être nous fera-t-elle tout oublier. Tout oublier ! répéta-t-il d’une voix tremblante. — Vous n’entretenez pas une pensée si coupable ? lui dis-je. — Non, répondit-il ; qui pourrait douter de l’existence de Dieu en contemplant ce beau ciel ? Dieu a répandu ses dons également sur tous les êtres, il est souverainement bon ; mais les institutions des hommes sont toutes-puissantes aussi, et elles sont la source de mille douleurs. Les anciens plaçaient la fatalité dans le ciel ; c’est sur la terre qu’elle existe, et il n’y a rien de plus inflexible dans le monde que l’ordre social tel que les hommes l’ont créé. (Édouard, Folio, p.101-102)
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Quel fidèle emblème de la vie ! ainsi nous creusons péniblement notre sillon dans cet océan de misère qui se referme après nous. — À votre âge, lui dis-je, comment voyez-vous le monde sous un jour si triste ? — On est vieux, dit-il, quand on n’a plus d’espérance. — Ne peut-elle donc renaître ? lui demandai-je. — Jamais, répondit-il. (Édouard, Folio, p.100)
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Il était l’homme le plus indépendant que j’aie connu ; le malheur l’avait rendu comme étranger aux autres hommes ; il était juste parce qu’il était impartial, et impartial parce que tout lui était indifférent. Lorsqu’une telle manière de voir ne rend pas fort égoïste, elle développe le jugement, et accroît les facultés de l’intelligence. (Édouard, Folio, p.100)
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