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Citations sur Ourika - Édouard - Olivier ou le Secret (71)

Je suis persuadée que la dissipation est née du malheur ; le bonheur n’a pas cet air agité. (Édouard, Folio, p.144)
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Hélas ! il est bien difficile d’être juste dans un rang inférieur de la société, et ce qui nous prime peut difficilement ne pas nous blesser. (Édouard, Folio, p.136)
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Si j’étais le prince d’Enrichemont, ou le duc de L., me disais-je, j’oserais m’approcher d’elle ; je la forcerais à s’occuper de moi ; mais dans ma position je dois l’attendre, et puisqu’elle m’oublie je veux partir. Oui, je la fuirai, le quitterai cette maison ; mon père y apportait trente ans de considération, et une célébrité qui le faisait rechercher de tout le monde ; moi, je suis un être obscur, isolé, je n’ai aucun droit par moi-même, et je ne veux pas des bontés qu’on accorde au souvenir d’un autre, même de mon père. Personne aujourd’hui ne s’intéresse à moi ; je suis libre, je la fuirai, j’irai au bout du monde avec son souvenir ; le souvenir de ce qu’elle était il y a six mois ! Livré à ces pensées douloureuses, je me rappelais les rêveries de ma jeunesse, de ce temps où je n’étais l’inférieur de personne. Entouré de mes égaux, pensai-je, je n’avais pas besoin de soumettre mon instinct à l’examen de ma raison ; j’étais bien sûr de n’être pas inconvenable, ce mot créé pour désigner des torts qui n’en sont pas. Ah ! ce malaise affreux que j’éprouve, je ne le sentais pas avec mes pauvres parents ; mais je ne le sentais pas non plus il y a six mois quand madame de Nevers me regardait avec douceur, quand elle me faisait raconter ma vie, et qu’elle me disait que j’étais le fils de son père. Avec elle, je retrouverais tout ce qui me manque. Qu’ai-je donc fait ? en quoi l’ai-je offensée ? (Édouard, Folio, p.134-135)
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Quelque chose de bruyant, de joyeux, faisait de la vie chez M. d’Herbelot comme un étourdissement perpétuel. Là, on ne vivait que pour s’amuser, et une journée qui n’était pas remplie par le plaisir paraissait vide ; là, on s’inquiétait des distractions du jour autant que de ses nécessités, comme si l’on eût craint que le temps qu’on n’occupait pas de cette manière ne se fût pas écoulé tout seul. Une troupe de complaisants, de commensaux, remplissaient le salon de M. d’Herbelot, et paraissaient partager tous ses goûts : ils exerçaient sur lui un empire auquel je ne pouvais m’habituer ; c’était comme un appui que cherchait sa faiblesse. On aurait dit qu’il n’était jamais sûr de rien sur sa propre foi ; il lui fallait le témoignage des autres. Toutes les phrases de M. d’Herbelot commençaient par ces mots : « Luceval et Bertheney trouvent, Luceval et Bertheney disent ; » et Luceval et Bertheney précipitaient mon oncle dans toutes les folies et les ridicules d’un luxe ruineux, et d’une vie pleine de désordres et d’erreurs. Dans cette maison toutes les frivolités étaient traitées sérieusement, et toutes les choses sérieuses l’étaient avec légèreté. Il semblait qu’on voulût jouir à tout moment de cette fortune récente, et de tous les plaisirs qu’elle peut donner, comme un avare touche son trésor pour s’assurer qu’il est là.
Chez M. le maréchal d’Olonne, au contraire, cette possession des honneurs de la fortune était si ancienne qu’il n’y pensait plus. Il n’était jamais occupé d’en jouir ; mais il l’était souvent de remplir les obligations qu’elle impose. Des assidus, des commensaux, remplissaient aussi très-souvent le salon de hôtel d’Olonne ; mais c’étaient des parents pauvres, un neveu officier de marine, venant à Paris demander le prix de ses services ; c’était un vieux militaire couvert de blessures, et réclamant la croix de Saint-Louis ; c’étaient d’anciens aides-de-camp du maréchal ; c’était un voisin de ses terres ; c’était, hélas ! le fils d’un ancien ami. Il y avait une bonne raison à donner pour la présence de chacun d’eux. On pouvait dire pourquoi ils étaient là, et il y avait une sorte de paternité dans cette protection bienveillante autour de laquelle ils venaient tous se ranger.
Les hommes distingués par l’esprit et le talent étaient tous accueillis chez M. le maréchal d’Olonne, et ils y valaient tout ce qu’ils pouvaient valoir ; car le bon goût qui régnait dans cette maison gagnait même ceux à qui il n’aurait pas été naturel ; mais il faut pour cela que le maître en soit le modèle, et c’est ce qu’était M. le maréchal d’Olonne.
Je ne crois pas que le bon goût soit une chose si superficielle qu’on le pense en général, tant de choses concourent à le former ; la délicatesse de l’esprit, celle des sentiments ; l’habitude des convenances, un certain tact qui donne la mesure de tout sans avoir besoin d’y penser ; et il y a aussi des choses de position dans le goût et le ton qui exercent un tel empire ; il faut une grande naissance, une grande fortune, de l’élégance, de la magnificence dans les habitudes de la vie ; il faut enfin être supérieur à sa situation par son âme et ses sentiments ; car on n’est à son aise dans les prospérités de la vie que quand on s’est placé plus haut qu’elles. M. le maréchal d’Olonne et madame de Nevers pouvaient être atteints par le malheur sans être abaissés par lui ; car l’âme du moins ne déchoit point, et son rang est invariable. (Édouard, Folio, p.131-133)
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Il est singulièrement doux de se sentir à son aise avec des personnes qui vous sont supérieures. On n’y est point, si l’on éprouve le sentiment de son infériorité ; on n’y est pas non plus en apercevant qu’on l’a perdu ; mais on y est si elles vous le font oublier. M. le maréchal d’Olonne possédait ce don touchant de la bienveillance et de la bonté. Il inspirait toujours la vénération, et jamais la crainte. Il avait cette sorte de sécurité sur ce qui nous est dû qui permet une indulgence sans bornes. Il savait bien qu’on n’en abuserait pas, et que le respect pour lui était un sentiment auquel on n’avait jamais besoin de penser. Je sentais mon attachement pour lui croître chaque jour, et il paraissait touché du dévoûment que je lui montrais. (Édouard, Folio, p.131)
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L’image de mon père mort effaçait toutes les autres : l’amour mêle souvent l’idée de la mort à celle du bonheur ; mais ce n’est pas la mort dans l’appareil funèbre dont j’étais environné, c’est l’idée de l’éternité, de l’infini, d’une éternelle réunion, que l’amour cherche dans la mort ; il recule devant un cercueil solitaire. (Édouard, Folio, p.128)
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Dès que je fus seul dans ma chambre, je me jetai à genoux ; je priai pour mon père ; ou plutôt je priai mon père. Hélas ! il avait fourni sa longue carrière de vertu, et je commençais la mienne en voyant devant moi des orages. Je fuyais ses sages conseils quand il vivait, me disais-je, et que deviendrai-je maintenant que je n’ai plus que moi-même pour guide et pour juge de mes actions ! Je lui cachais les folies de mon cœur ; mais il était là pour me sauver ; il était ma force, ma raison, ma persévérance ; j’ai tout perdu avec lui. Que ferai-je dans le monde sans son appui ! sans le respect qu’il inspirait ! Je ne suis rien, je n’étais quelque chose que par lui ; il a disparu, et je reste seul comme une branche détachée de l’arbre et emportée par les vents. Mes larmes recommencèrent ; je repassai les souvenirs de mon enfance ; je pleurai de nouveau ma mère, car toutes les douleurs se tiennent, et la dernière réveille toutes les autres ! Plongé dans mes tristes pensées, je restai longtemps immobile, et dans l’espèce d’abattement qui suit les grandes douleurs ; il me semblait que j’avais perdu la faculté de penser et de sentir ; enfin, je levai les yeux par hasard, et j’aperçus un portrait de madame de Nevers ; indigne fils ! en le contemplant je perdis un instant le souvenir de mon père. Qu’était-elle donc pour moi ? Quoi ! déjà son seul souvenir suspendait dans mon cœur la plus amère de toutes les peines ! Mon ami, ce sera un sujet éternel de remords pour moi que cette faute dont je vous fais l’aveu ; non, je n’ai point assez senti la douleur de la mort de mon père ! Je mesurais toute l’étendue de la perte que j’avais faite ; je pleurais son exemple, ses vertus ; son souvenir déchirait mon cœur, et j’aurais donné mille fois ma vie pour racheter quelques jours de la sienne, mais quand je voyais madame de Nevers, je ne pouvais pas m’empêcher d’être heureux. (Édouard, Folio, p.124-125)
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— Ah ! reprit-elle, il est si facile de cacher ses défauts dans le monde ! chacun met à peu près le même habit, et ceux qui passent n’ont pas le temps de voir que les visages sont différents. — Je rends grâce au ciel d’avoir été élevé comme un sauvage, repris-je ; cela me préserve de voir le monde dans cette ennuyeuse uniformité ; je suis frappé au contraire de ce que personne ne se ressemble. — C’est, dit-elle, que vous avez le temps d’y regarder ; mais quand on vient de Versailles en cinquante minutes, comment voulez-vous qu’on puisse voir autre chose que la superficie des objets ? — Mais quand c’est vous qu’on voit, lui dis-je, on devrait s’arrêter en chemin. — Voilà de la galanterie, dit-elle. (Édouard, Folio, p.122)
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On aurait cru qu’il prenait la vie pour un jour de fête, tant il se livrait à ses plaisirs ; toujours en mouvement, il mettait autant de prix à la rapidité de ses courses que s’il eût eu les affaires les plus importantes ; il arrivait toujours trop tard, et cependant il n’avait jamais mis que cinquante minutes pour venir de Versailles ; il entrait sa montre à la main, en racontant une histoire ridicule, ou je ne sais quelle folie qui faisait rire tout le monde. Généreux, magnifique, le duc de L. méprisait l’argent et la vie ; et quoiqu’il prodiguât l’un et l’autre d’une manière souvent indigne du prix du sacrifice, j’avoue à ma honte que j’étais séduit par cette sorte de dédain de ce que les hommes prisent le plus. Il y a de la grâce dans un homme à ne reconnaître aucun obstacle ; et quand on expose gaîment sa vie dans une course de chevaux, ou qu’on risque sa fortune sur une carte, il est difficile de croire qu’on n’exposerait pas l’un et l’autre avec encore plus de plaisir dans une occasion sérieuse. (Édouard, Folio, p.121)
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Le prince d’Enrichemont ne se serait jamais trompé sur le jugement qu’il fallait porter d’une belle action ou d’une grande faute ; mais, jusqu’à son admiration, tout était factice. Il savait les sentiments, il ne les éprouvait pas, et l’on restait froid devant sa passion et sérieux devant sa plaisanterie, parce que la vérité seule touche, et que le cœur méconnaît tout pouvoir qui n’émane pas de lui. (Édouard, Folio, p.120)
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