Vous cherchez le Dylan de "Like A Rolling Stone", "Blowin' In The Wind", "Mr Tambourine >Man", "Desolation Row"...? Il n'est pas encore ou plus là.
Vous voulez tout savoir sur l'enregistrement de "Masters Of War", ou sur le concert de 66 à Manchester ? Pas là, non plus.
Pourtant, ce livre patchwork riche de digressions et de retours en arrière dresse un portrait remarquable de l'artiste, bâti à coups de souvenirs et sans doute, de vérités aléatoires.
Ses premiers pas au Village, écumant les bars, squattant chez les uns et les autres, lisant tout ce qui lui tombe sous la main au hasard des rencontres, admirateur de Roy Orbison ou Hank Williams et bien sûr, de Woodie Guthrie.
On passe sans transition à son séjour à Woodstock, harcelé par les fans et les pique-assiettes. Cette partie comprend un passage extraordinairement éclairant. Il est en voiture avec Robbie Robertson qui lui dit : "Alors, tu les emmènes où, maintenant ? "
J'ai répondu : "Qui ça ?"
- Eh bien, le rock and roll. Tout le monde."
Tout le monde ! Ma vitre était baissée de deux ou trois centimètres. je l'ai descendue entièrement. le vent m'a giflé le visage et je laissé faire jusqu'à ce que ces mots s'évanouissent -c'était comme lutter contre une conspiration. Il n'y avait plus d'endroit assez loin. je ne sais pas à quoi rêvaient les autres, mais moi, je rêvais d'horaires réguliers, d'une maison blanche et des roses au fond du jardin. Ç'aurait été chouette".
Sans davantage de lien apparent, on bascule de cette période de transition culminant avec la sortie de "New Morning" à l'enregistrement 20 ans plus tard, de "Oh Mercy" avec
Daniel Lanois. Dylan est en proie aux doutes et aux frustrations, regrettant de ne pouvoir offrir à son producteur, des titres du calibre de "Hard Rain" ou "Gates of Eden".
Enfin, la dernière partie du livre offre un nouveau bond en arrière. de Minneapolis à New York, sur les traces de Guthrie, impressionné par Joan Baez ("sa voix à conjurer le mauvais sort. Elle était comme tombée d'une autre planète") et
Dave van Ronk, le jeune artiste découvre par hasard un disque d'un alors inconnu,
Robert Johnson. C'est le choc ("Je voulais être comme ça moi aussi").
Dylan entre en gestation. le Folk est encore sa matrice, mais son évolution future était déjà annoncée.
Avec son premier contrat, l'incomparable aventure va pouvoir commencer : "un monde étrange s'ouvrait devant moi, monde d'orages dans une boule de foudre. Beaucoup se sont trompés et n'ont jamais compris. J'ai foncé tout droit. La porte était grand ouverte."