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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Berlin, 1989. C'est la chute du mur. Une projection festive, un documentaire sur un groupe de jazz qui fit un disque d'anthologie, 3 minutes et 33 secondes d'émotions et de souffle. Sid, Chip et Hierro, deux noirs de Baltimore et un métis allemand. D'ailleurs Wynton Marsalis sera même présent dans la salle pour applaudir à la projection et à la mémoire de ce trio éphémère. Sid et Chip arriveront sur un tapis rouge, les jambes flasques et tremblotantes par l'âge, la peur…

Berlin, 1939. Les rues sont devenues grises, les nuits sombres. Il y a encore quelque mois, cela groovait dans les petits cabarets. La jeunesse aryenne s'encanaillait dans cette effervescence presque sauvage, faite par des sauvages… Sid à la basse, Chip à la batterie et le jeune Hierro à la trompette, dans une ambiance enfumée. Deux noirs et un métis allemand quand Goebbels interdit cette « musique nègre », tu imagines le tableau. Nos trois musicos tentent la fuite, vers Paris où ils y croisent un certain Louis Armstrong, la grande vedette de ces temps-là, et ces 3 minutes 33 secondes.

Sauf que tu pressens la suite, les Boches arrivent sur Paris également… Nouvelle fuite… Tu aimes la trompette, tu aimes le jazz, (tu n'es pas obligé d'aimer les nazis), tu découvres ainsi cette ambiance en période de guerre, deux noirs, un métis allemand, en milieu hostile, et au milieu une histoire d'amour, le jazz et l'amour vont de paire. Et je me dis à moi-même, dans le genre susurrement intime, l'odeur de ton jasmin autour de mon cou : « What a wonderful world »… le jazz, faites l'amour pas la guerre. Mais qu'est devenu Hierro ? Si Sid et Chip ont pu embarquer pour leur pays d'origine, pour ce métis allemand, déraciné et banni de son pays… le jazz, c'est la vie, le jazz c'est l'amour. Tiens ça me donne envie de me servir un verre et d'écouter quelques vieux trucs, du genre Art Blakey & the Messengers, je prends une guest en plus, Lee Morgan à la trompette par exemple… Au Club St Germain.
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Au crépuscule de sa vie, Sid Griffiths, un obscur jazzman noir de Baltimore se souvient de sa jeunesse et de cette galette de cire gravée de 3 minutes 33 secondes sauvée in extremis de la destruction dans un miteux studio d'enregistrement parisien aux premiers jours de la Drôle de Guerre. Lui tenait la basse, Chip Jones, son pote d'enfance, était à la batterie et à la trompette il y avait un jeune prodige, Hiero Falk, un métis allemand. Ils s'étaient rencontrés à Berlin, avant la guerre et jouaient dans un sextet héteroclite où se mélangeaient noir, juif, et grand bourgeois aryen, unis par l'amour de la musique et du rythme. Ils enflammaient les nuits dans les clubs de la capitale allemande et avaient enregistré quelques disques, jusqu'à ce que le régime nazi étende sa main de fer impitoyable et sanglante sur le pays et que Goebbels mette le jazz au ban de la société. Après l'arrestation d'un membre du groupe, ils se retrouvent tous les trois à fuir vers la France où les attend le trompettiste de légende Louis Armstrong. Malheureusement la guerre les rattrape et le bruit des bottes et des canons a tôt fait de recouvrir les mélopées jazzy et la musique de la vie bohème. Cinquante ans plus tard, lors d'un festival en l'honneur de Hiero Falk, que tout le monde croyait mort, la vérité sur ce qui s'est réellement passé à l'époque va éclater.

L'auteure canadienne nous propose une histoire de jazz, une histoire d'amour et une histoire d'amitié au sein de la grande Histoire, mélangeant habilement personnages réels et personnages fictifs. Elle nous entraîne, avec la gouaille des jazzmen américains de l'époque, dans une structure littéraire composée de six parties qui, comme un air de jazz, nous transporte d'un lieu à un temps donné vers un autre lieu dans un autre temps. le jazz, c'est brûlant, rouge épais comme la lave d'un volcan en fusion. le jazz c'est froid, bleu, effilé comme la glace d'un torrent en hiver. Recherche permanente et production de sens et de perfection, il jaillit souvent la nuit, au milieu de la fumée des cigarettes et dans les vapeurs d'alcool. Sylvie Vartan chantait 2 minutes 35 de bonheur ; avec ces 3 minutes 33 secondes on gagne presque une minute de ce bonheur, c'est à la fois rien et toute une vie.
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A Paris en 1940. Trois musiciens de jazz, deux Noirs américains, Sid et Chip, et un métis allemand, Hiero, enregistrent le disque qu'ils auraient du faire avec Armstrong. Un matin, Hiero est arrêté par les nazis. Cinquante-deux ans plus tard, en 1992, Sid apprend à Berlin que Hiero ne serait pas mort et vivrait en Pologne. Les souvenirs ressurgissent, tandis que Chip l'accuse d'avoir livré Hiero.
Peu de temps après la chute du mur de Berlin, deux jazzmen octogénaires (Chip Jones et Sid Griffiths ) retournent en Allemagne pour participer à un festival en l'honneur de Hieronimus Falk, trompettiste légendaire avec qui ils ont joué juste avant qu'il soit arrêté par la Gestapo. le deuxième roman du canadien Esy Edugyan (le premier n'a pas encore été traduit en français) est tout entier centré sur les circonstances de la disparition de Hieronimus et sur la vie qu'il menait avec les autres musiciens de son groupe avant son arrestation. Basé sur les souvenirs du personnage de Sid, le récit se déroule à deux époques et nous offre une plongée saisissante dans microcosme bouillonnant du jazz des années 30 à Berlin et à Paris. Edugyan entremêle réalité et fiction pour donner corps à ces musiciens qui brûlaient la chandelle par les deux bouts et tentaient d'entretenir le feu sacré des Années Folles malgré la montée du nazisme. On suit pas à pas le groupe tiraillé entre l'impérieux désir de jouer et les compromis nécessaires à leur survie. Restrictions, beuveries, discriminations (le groupe comprenait deux noirs-américains, un métis et un juif), peur des rafles, rétorsions contre le jazz que Goebbels qualifiait de « musique dégénérée », jalousies amoureuses, frustrations artistique, appétit inextinguible de célébrité _ tous ces éléments sont dépeints avec brio pour nous permettre de cerner les circonstances de la disparition du trompettiste. Ce mystère nous tient évidemment en haleine, mais le principal plaisir de la lecture de « 3 minutes 33 secondes » tient à la reconstitution d'une époque et surtout d'une ambiance particulière propre au jazz, ainsi qu'au plaisir qu'on a à croiser au fil des pages des légendes comme Louis Armstrong, Bill Coleman ou Marian Henderson.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Être Afro-Américain et Juif en 1939 dans un Berlin où les bottes nazies résonnent sur les pavés n'est pas une sinécure. C'est ce que constatent Sid, Chip et Hiero, musiciens de jazz, qui, menacés par l'ambiance délétère qui règne en Allemagne, rejoignent une France occupée et collaborationniste. Pas de chance...
Sur plus de cinquante ans, Sid, le narrateur, raconte l'histoire d'une amitié qui n'a rien de pure tant elle est teintée de jalousie, de trahison et de vengeance. Dans l'univers artistique, l'empathie n'a décidément pas droit de cité.
Entre humour, dialogues canailles dans la veine du roman noir américain et sentiments exacerbés, on passe un bon moment de lecture où la musique, que certains taxaient de « dégénérée », est omniprésente.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Voilà un très bon roman qui laisse la part belle à la musique. On découvre le Berlin d'avant-guerre et le monde interlope des boîtes de jazz. Les américains étaient très présents dans l'entre-deux-guerres en France et en Allemagne, le jazz étant très en vogue. Nous suivons Sid, qui se souvient des évènements qui ont marqué sa jeunesse.

C'est aussi une histoire d'amitié et de trahison. Armstrong hante le roman au travers des morceaux de jazz joués par les musiciens.

J'ai aimé découvrir l'ambiance de ce livre, étant ignorante en matière de jazz. L'atmosphère de montée en puissance du nazisme et du début de la guerre qui règne dans les rues de Berlin et Paris est très bien retranscrite. Personne n'a réalisé tout de suite vers quoi l'Europe se dirigeait. En cela, ce livre m'a rappelé "Dans le jardin de la bête" de Erik Larson. Dans ce billet, j'avais aussi mis des photos du Berlin de l'époque, pour vous plonger un peu plus dans le décor.
Lien : http://caromleslivres.canalb..
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Sid le narrateur fait parti d'un trio de musiciens de jazz. Un très jeune trompettiste Hiéro surgi de nulle part possède un talent extraordinaire.
De Berlin à Paris dans les années 40 une tragédie se noue.
Sid, Chip et Hiero tous de sang mêlés doivent fuir l'Allemagne et c'est à Paris que tout se joue.
Un demi siècle plus tard les souvenirs vont être confrontés à la réalité....
L'auteur déroule cette histoire comme si c'était un morceau de jazz, en lisant on écoute une musique
bouleversante.
Le destin d'individus dont les différences deviennent visibles à un instant de l'Histoire.
La peur, la lâcheté et la trahison.
La musicalité du style accompagnant une histoire bouleversante de 3 individus qui n'ont pas la bonne couleur de peau.
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Un très agréable roman sur les années 39-40 entre Berlin et Paris, autour du jazz, d'un éventuel successeur à Louis Armstrong, autour de l'amitié, de l'amour de la musique et des tensions autour du talent, de l'amour.....L'immersion dans cette époque très peu ouverte à cette musique de "dégénérés", avec des musiciens noirs dont les origines sont très bien racontées...m'a été très facile.
Deux points négatifs toutefois : l'un dans la lecture car le narrateur utilise une forme de dialogue qui heurte ( "Chip a dit" et non "a dit Chip") mais les dialogues ne sont pas si nombreux et on s'y habitue. le deuxième, c'est le prix : un livre au format poche à 12.50 Euros, même à presque 400 pages, cela n'est pas très "vendeur".......
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C'est un groupe de jeunes gars insouciants qui ne vivent que par le jazz, leur musique. Seulement à Berlin, ça n'est pas forcément une bonne idée, en 1939. Surtout qu'il y a là deux Afro-Américains qui ont fuit la ségrégation des Etats-Unis, un Juif blond aux yeux bleus et un métis allemand au côté de deux Allemands bon teint. Et ça n'est pas forcément une bonne idée non plus de s'enfuir ensuite à Paris...
Car Louis Armstrong n'est pas forcément plus fort qu'Hitler... Et dans cette ambiance de peur et de haine, l'amitié, l'amour, la musique, c'est bien beau, mais ça peut mal tourner aussi...

Déjà les rapports du nazisme au jazz, et aux Noirs, c'est pas des histoires dont j'ai beaucoup entendu parler . Et à côté de cet aspect historique, on a tous les ingrédients d'un excellent roman. L' histoire est racontée par l'un des Noirs américains, en deux temps, car c'est à 84 ans, la vie ayant fait son chemin, que les amis vont se retrouver .
Il déroule par petits bouts cette histoire d'amitié musicale rendue complexe par une femme et des différences de talent, emmêlant habilement Louis Armstrong ou Bill Coleman aux personnages fictionnels. Une amitié qui va et vient entre chaleur et moqueries complices, rendue par des dialogues peaufinés aux petits oignons.

La voix d'Esi Edugyan impressionne par sa vivacité, sa justesse, dans un style où se mêle la proximité de l'oralité et des élans d'une beauté âpre et troublante pour parler de la peur, de la tristesse, des errances du coeur. Et de la musique, qui est là vivante, ample, joyeuse, du plaisir de jouer ensemble, consolateur et primordial.

Les choses auraient été si simple sans la guerre... J'ai trouvé d'une beauté bouleversante ce roman à la fois joyeux et tragique, écrit avec une chaleur de tous les instants.

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Un sentiment mitigé, à la fin de ce roman tout juste fini.
Quelques longueurs, certains passages énervants, la faute à un héros/narrateur un peu trop paranoïaque et sans envergure face aux évènements.
Et puis, en y réfléchissant, on se dit que
c était pas si mal que ça, tout ça, grace à un héros/narrateur à la gouaille vivifiante et franche, comme si toutes ses lâchetés s effaçaient face aux mots, grâce à une histoire originale mêlant le monde de la musique, la seconde guerre mondiale, l'Allemagne, les États unis, la fraternité, l'amour, la nostalgie d'une époque et son indescriptible horreur.
Bref, une fois tout pesé, les quelques défauts ne sont pas grand chose devant toutes les qualités dont ce roman est doté dont une essentielle, l'émotion qu il procure.
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Sensationnel !
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