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Ouaiiiis, la suite de l'appel de Cadix ! Trop super !
Ben mon Luis, qu'est-ce qu'il se passe-t-il ? Je peine à retrouver tes yeux de velours, Chi-ca ! Chi-ca ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay ! 

Peu n'importe puisqu'on y gagne ici en m² loi Carrez, tout bon en cas de revente.
Sommes-nous vraiment seuls dans l'univers ?
N'existerait-il donc point une entité extra-terrestre avec qui il serait possible d'établir un éventuel contact qui pourrait, rêve absolu, déboucher sur une nouvelle demande d'ami sur mon compte Fastbock ?

Will Eisner prend le parti du oui affirmatif !
Postulat de départ, la captation d'une bête séquence modulée par un groupe de chercheurs sis à Mesa, New Mexico. Il n'en faudra pas plus pour chambouler la face du monde mais surtout instaurer un certain climat d'hostilité entre Russes et Américains.
Faut dire que chacun veut être le preum's dans cette course aux étoiles, alors en piste !

Bande Dessinée d'une richesse incroyable, tant au niveau graphique qu'anecdotique, cet appel de l'espace mixe habilement politique et thriller tout en dézinguant joyeusement l'opportunisme politique habituel. Il n'omet pas de pointer du doigt ces tout nouveaux messies, prétendus porteurs de la parole nouvelle et bien plus focalisés sur leur trajectoire personnelle, souvent grassement rétribuée, que par la cause originelle.

Et que dire du coup de patte d'Eisner ?
Ouaaaah a big a-ma-zing ! Oui, j'aime à rendre hommage au phrasé si dense de la divine diva Carey lorsque le temps me le permet.
Un contraste blanc/noir d'une perfection et d'une intensité peu commune !
Le dessin claque, la mise en page originale achève de vous achever. Tiens, comme une gêne gênante dans la phrase précédente.
Heureux papa du Spirit, Eisner, en maître justement reconnu, influença bon nombre de futurs grands du comics. L'exemple le plus frappant, Sin City d'un Frank Miller au sommet de son art.

L'appel de l'espace, wxhzzynnntftrrqurt*

*Allô, qui est à l'appareil ?
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J'ai lu ce chef d' oeuvre, dans sa première édition française de la fin des années 80. Il m'a passionné et emporté, comme sut le faire le Contact de Carl Sagan quelques trente ans plus tard.
Will Eisner, véritable grand maître de la bande dessinée américaine, a porté une réflexion aussi dense que complète sur cette interrogation de l' homme: Sommes nous seuls dans l'univers? Et si, de ce cosmos aux lointains mal connus, nous parvenait un signal émanant d'une intelligence autre qu'humaine?
Alors, Will Eisner convoque tous le monde dans ce récit à la démesure ordonnée de son talent de conteur et d'observateur avisé...
Comme le Spirit, à travers son masque de justicier , explorait l'âme des gens; L' Appel de l'espace expose et analyse les conséquences d'un message venu d'un ailleurs inatteignable par l'homme.
Alors, par son dessin efficace et son récit sans faille, l'auteur nous entraîne dans la ronde folle des politiques, militaires et barbouzes, financiers, truands, allumés des sectes qui veulent tous jouer leur partition dans ce rêve spatial symbolique des espoirs de notre humanité.
Qui, dans ce magma des passions, saura raison garder? Qui se posera la question primordiale de savoir si la Terre est prête à répondre au message et à envoyer un explorateur à la rencontre de la source du message?
Et Will Eisner de donner sa vision qui, assurément sage (trop peut-être) qui ne ravira pas tous le monde mais se veut prudente et réservée.
Puisque, après la tempête revient le calme...non sans quelques épaves sur le littoral.
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En pleine nuit à l'observatoire de radio-astronomie de Mesa, au Nouveau-Mexique, un signal survient des profondeurs de l'espace. Fait d'un concept mathématique simple, sans signification, il ne peut avoir été envoyé que par des êtres intelligents. Les trois hommes présents localisent l'émission radio.
Elle provient d'une des planètes de l'étoile de Bernard, pas plus grosse que notre lune et qu'une sonde spatiale atteindrait en une dizaine d'années....
Will Eisner nous offre avec "l'appel de l'espace" un récit dense et complexe qui ne prend ce postulat, issu de la science-fiction, que pour nous emmener vers la restitution d'un monde qu'il a finement observé.
Dans ce long album de 128 planches, Eisner décortique de nombreux aspects de la société américaine. il décrit le nouveau candidat à la présidence, Dexter Milgate, comme un homme ignare, obtus et nationaliste et dénonce son "va-t-en guerre" brutal. Il montre un système présidentiel sclérosé par l'attentisme de la justice et l'affairisme du politique qui ne peut se passer du soutien des multinationales qu'en s'adressant à la mafia.
Il dénonce les journalistes avides de sensationnel, les sectes manipulées par d'étranges gourous.
Eisner, dans cette oeuvre foisonnante mais jamais confuse, nous parle aussi du Tiers-Monde et de ses problèmes. Il livre une caricature féroce, à peine déguisée, du dictateur africain Idi Amin Dada qu'il nomme Ami.
Eisner réalise, avec cet album, un véritable roman en bande-dessinée où il intercale, afin de relancer l'action, un récit d'espionnage qui, décrivant les coups fourrés fomentés par la CIA et le KGB dénonce la toute puissance de ces officines.
Il signe, au final, un magnifique ouvrage, d'un graphisme moderne et soigné, qui se referme sur un épilogue d'un pessimisme assez cynique mais pourtant tristement vraisemblable.
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Cette BD, parue entre 1983, est considérée par certains spécialistes comme le chef d'oeuvre de Will Eisner. J'ai aimé les dessins travaillés en noir et blanc, un peu moins l'histoire. Le début était plaisant avec l'idée d'habitants d'une autre planète. Seulement cela tourne vite en politique avec la concurrence américains-soviétiques qui m'a vite embrouillée.
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Cette histoire est parue pour la première fois en 1983, après Un pacte avec Dieu (1978) et avant le rêveur (1985). Il s'agit d'une bande dessinée noir & blanc, de 128 pages, écrite et dessinée par Will Eisner (1917-2005).

Une page de texte rappelle la plaque apposée sur les sondes Pioneer 10 & 11, la mise en service de l'observatoire national de radioastronomie en 1950 à Greenbank, la mise en service d'autres radiotélescopes par les États-Unis, mais aussi par l'URSS, l'estimation probabiliste du nombre de planètes susceptibles d'abriter la vie, et les caractéristiques de déplacement de l'étoile de Barnard. Dans le Nouveau Mexique, à l'Observatoire Astronomique radio, un message s'inscrit sur le rouleau d'une imprimante à aiguille. le professeur Mark Argano consulte les résultats et se dépêche d'aller prévenir son collègue le professeur Malley. Ils sont tous les deux d'accord pour dire qu'il s'agit d'une série de nombres premiers dans une séquence qui se répètent. Ils en concluent tous les deux qu'il s'agit d'un message d'une intelligence extraterrestre. Argano convainc Malley de ne pas alerter leurs supérieurs tout de suite, mais d'aller voir Cobbs pour savoir d'où vient le signal. Il leur répond, mais exige de savoir pourquoi ils posent la question. Aragno & Malley lâchent le morceau. Dès qu'ils sont partis, Cobbs appelle l'ambassade de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, car il est un espion infiltré. Mais Argano & Cobbs ont tout entendu de l'autre côté de la fenêtre. Alors qu'ils se demandent comment faire, Cobbs sort une arme à feu à la main et les tient en joue. Argano ne se laisse pas faire, se jette sur Cobbs et lui fracasse le crâne avec une pierre.

N'ayant pas de nouvelles de leur agent à l'observatoire, l'ambassade de l'URSS se doute que quelque chose a dû lui arriver. le message a été intercepté par la CIA qui charge James Bludd d'aller enquêter à l'observatoire pour se renseigner sur la nature de la découverte faite par les 2 professeurs. Deux semaines plus tard, Bludd se présente à l'Observatoire au Nouveau Mexique comme étant le remplaçant de Cobbs. Les 2 professeurs crachent le morceau, mais la secrétaire madame Bowen est également une espionne et rafle la mise avec 2 individus à sa solde, embarquant avec elle les 2 professeurs, et laissant Blubb inanimé dans le bâtiment auquel les 2 costauds mettent le feu. L'information sur l'existence d'une intelligence extraterrestre fuite et les journalistes en font écho au journal télévisé. Ailleurs, Marco, un alcoolique, se rend à son bar préféré où le barman refuse de le servir. Marco tombe par terre et a une illumination : il doit se rendre sur la planète dont parle les informations. Cela fait sens pour Cora, la serveuse qui décide de l'aider. Ils fondent une secte qu'ils appellent Star People. En comité, MacReady, PDG de l'entreprise Multinational, décide que l'entreprise doit investir dans cette course à l'espace pour rejoindre la planète habitée, afin de doubler les russes et de pouvoir en exploiter les ressources. Il décide également d'implanter une taupe (monsieur Grebe) au sein de la secte Star People, persuadé qu'il pourra la manipuler pour ses propres fins.

Après le succès d'Un pacte avec Dieu, Will Eisner sait qu'il peut poursuivre dans la même direction à savoir créer des histoires complètes équivalentes à un roman. L'appel de l'espace est sérialisé d'octobre 1978 à décembre 1980, dans un magazine publié par Kitchen Sink Press, puis regroupé en un seul tome en 1983. Pour ce deuxième roman graphique, l'auteur a relevé le défi de réaliser une histoire de science-fiction pour adultes, avec une fibre humaniste. Il s'agit de la seule histoire de science-fiction qu'il réalise dans cette période de sa vie, après avoir prouvé la viabilité du roman graphique. Très rapidement, le lecteur prend conscience de la densité narrative de cette histoire. Il lui faut deux fois plus de temps pour le lire qu'un comics de superhéros industriel, du fait du volume de phylactères qui servent à exposer une grande quantité d'informations. Will Eisner a qualifié son récit de science-fiction, mais à la lecture il s'avère qu'il relève plus de l'anticipation, les extraterrestres n'apparaissant pas dans l'ouvrage. L'auteur se sert de l'existence probable d'une forme de vie extraterrestre pour montrer comment différentes composantes de la société humaine réagissent à ce bouleversement majeur et historique. Il constitue immédiatement un enjeu politique et militaire entre les grandes puissances que sont les États-Unis et l'URSS, mais aussi un pays fictif d'Afrique (le Sidiami). La course au voyage spatial est enclenchée, nécessitant des fonds importants, ainsi qu'une volonté politique affirmée. Dans le même temps, la population réagit également à cette annonce : le lecteur retrouve l'humanisme non dénué de critique d'Eisner. En effet, la nouvelle suscite essentiellement une forme d'apathie et tout continue comme avant pour l'homme de la rue, ou peu s'en faut. Quelques individus se sentent plus concernés, à commencer par Marco qui voit là un signe du destin, lui indiquant personnellement qu'il doit former une association ayant pour but de se rendre sur la planète pour rencontrer les extraterrestres.

Être humaniste n'empêche pas Will Eisner d'être réaliste, et il sait très bien qu'une telle découverte va susciter la convoitise de des entrepreneurs qui verront là une occasion extraordinaire d'entreprendre justement, et de faire des affaires, de dégager des bénéfices, surtout s'ils peuvent se positionner en situation de monopole, état qu'ils peuvent créer en étant les premiers, y compris avant les états constitués. le lecteur peut ainsi voir les opérations de lobbying, de corruption, de noyautage, d'intimidation, de sabotage et même d'assassinat menées par Multinational, entreprise mettant en oeuvre les ordres de MacReady, individu rompu à l'utilisation de toutes ces pratiques pour être efficace. Will Eisner ajoute encore d'autres fils à sa trame narrative, dont des espions et des agents doubles pour le compte des grandes puissances, et même quelques individus idéalistes souhaitant empêcher que tout cela ne dégénère en un conflit armé. En narrateur aguerri, Eisner crée une dizaine de personnages dont les destins se croisent à plusieurs reprises tout au long du récit pour que les enjeux puissent s'incarner. Cela va de la jeune femme arriviste (Cora) utilisant chaque occasion pour progresser dans l'échelle sociale, au tueur à gages (Rocco) pour le compte d'une famille du crime organisé. Néanmoins tous ces individus se retrouvent vite à servir de dispositif narratif pour servir l'intrigue politique et sociale à l'échelle de la planète. le scénariste écrit son récit comme un thriller politique, agrémenté d'espionnage, avec des retournements de situation, des opérations de manipulation à l'échelle de l'individu, à l'échelle d'un groupe, à l'échelle de la population d'un pays, ou de l'opinion publique. Il intègre des péripéties, ainsi que des références à des événements historiques, comme le coup du parapluie bulgare (assassinat de l'écrivain et dissident bulgare Georgi Markov le 11 septembre 1978, par le Komitet za Darzhavna Sigurnost, les services secrets de la République populaire de Bulgarie).

Le lecteur se passionne facilement pour cette description de l'organisme que forme l'humanité constituée en nations, mettant en pratique des mécanismes sociaux de masse qui n'ont rien de flatteur pour la race humaine. de la même manière que les personnages sont asservis à l'intrigue, la narration visuelle y est assujettie. le lecteur retrouve bien l'art graphique de Will Eisner : expressivité des personnages par leur visage, par leurs mouvements, de nombreuses cases sans bordure pour augmenter la sensation d'espace ouvert, des mises en page variées et pensées en fonction de la séquence, une inventivité impressionnante. Tout au long de ces pages, le lecteur trouve des découpages de planche très divers, allant du dessin en pleine page pour profiter de la vue dégagée depuis un étage élevée d'un gratte-ciel, à une page de texte pour évoquer les réactions émotionnelles des plantes, en passant par des images enchevêtrées pour souligner les liens de cause à effet. La capacité de l'artiste à créer des personnages immédiatement mémorables est toujours aussi épatante, et indispensable au vu de leur nombre. Comme d'habitude, le lecteur n'a qu'à regarder un personnage pendant 2 cases pour en déduire sa condition sociale à partir de sa tenue vestimentaire et de ses postures : du poivrot sans le sou dans un bar, au riche PDG à la confiance en lui inaltérable, en passant par le politicien candidat à la Maison Blanche, habité par un fanatisme idéologique réactionnaire, en passant par le tueur à gage un peu rondouillard et habitué à se faire discret en toute circonstance. Eisner fait preuve d'une capacité tout aussi surnaturelle pour évoquer les environnements dans lesquels évoluent les personnages, soit en les représentant de manière détaillée, soit en les évoquant vaguement d'un trait délié : observatoire isolé au milieu du désert du Nouveau Mexique, un quartier de Washington à proximité de la Maison Blanche, bar enfumé avec des habitués, salle de réunion fonctionnelle d'une propreté clinique, locaux bon marché d'une association, appartement modeste, base isolée dans un désert africain, palais luxueux d'un dictateur africain, aéroport, etc. le lecteur voyage beaucoup aux côtés des personnages.

Le lecteur ressort un peu sonné par sa lecture du fait de l'ampleur du récit, mené avec une grande habileté pour gérer la densité d'informations et la distribution de personnage. Il s'agit moins d'un récit d'anticipation que d'une fable sur les mécanismes de la société humaine. Will Eisner met toute sa science de la narration visuelle au service de son récit pour le rendre le plus digeste et divertissant possible, tout en faisant montre d'un humanisme dépourvu de naïveté. Au final, l'histoire est captivante et les thématiques développées de manière virtuose, avec un petit sentiment de frustration concernant les personnages qui n'ont pas assez de place pour exister réellement.
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Peu adepte des comics, je me suis laissé séduire par le thème du message venu de l'espace.
L'expérience a été assez remuante…
Commençons par le dessin qui est assez succinct, rapide et là uniquement pour illustrer le propos qui est l'élément essentiel de ce livre. La mise en image et la disposition des vignettes est symptomatique de ce genre : ça va dans tous les sens… Mais reste lisible malgré tout.
En ce qui concerne le récit, eh bien vous en avez pour votre argent ! Plus de 130 pages très denses, où les actions, les rebondissements et l'avancée narrative vont à une vitesse hallucinante. Il faut s'accrocher… Pas le temps de s'installer, on passe quasiment toutes les pages d'un lieu à un autre. Là-dessus, vous imaginez que la moitié de la page est consacré à l'écriture. Je déconseille d'ailleurs la lecture en une traite parce qu'il faut quand même un peu réfléchir sur les enjeux globaux présentés par l'écrivain. Après le choc des yeux, le remuage de méninge commence….
Le style : dialogues, personnages, ambiance, culture est évidemment très américain même si l'auteur cherche à intégrer des éléments mondiaux dans son analyse politique. Parce que évidemment, il ne s'agit pas d'un livre scientifique ou d'aventures mais bien d'une critique politique du monde actuel même si l'action se passe pendant la guerre froide. L'auteur n'a d'ailleurs pas beaucoup de commisération ni d'espoir pour l'espèce humaine (un peu comme moi, tiens). Les petits profits passent très souvent au-dessus de l'intérêt général et notre héros, le fil rouge de cette histoire, le plus altruiste ou humaniste de la bande, a bien du mal à s'en sortir… le bémol que je mettrais à ce travail impressionnant est, je pense, là encore symptomatique d'une certaine culture américaine. Il s'agit de l'exagération, grossir le trait, moyen stylistique pour clarifier le message mais qui alourdit et amène souvent à la caricature. Je n'irai pas jusque-là pour ce livre mais malgré tout, j'ai trouvé certains passages assez lourds, avec des manques de finesse ou de nuance.
L'auteur est réputé pour son analyse sociétale assez acérée, mais je trouve que son propos est un peu brouillé au milieu de ces actions et événements trépidants. C'est malgré tout un bon livre qui ne m'a pas fâché avec le genre….
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L'appel de l'espace commence par la réception sur terre d'un message provenant de l'étoile de Barnard située à près de 10 années lumières. La recherche de signaux en provenance d'autres étoiles de la galaxie est une des activités du SETI depuis les années 60. Aucune tentative n'a permis de démontrer l'existence d'une civilisation extra-terrestre. Pour l'instant, rien ne permet de démontrer qu'il y a une forme de vie intelligente dans la galaxie. Je suis d'ailleurs un partisan du fameux paradoxe de Fermi. Pour rappel, cette théorie montre que nous devrions normalement être en contact avec des civilisations extra-terrestres compte tenu de la jeunesse de notre soleil par rapport à d'autres étoiles de l'univers. La logique voudrait qu'une civilisation plus avancée que celle de la Terre aurait déjà dû prendre contact avec nous. le paradoxe est que nous n'en n'observons aucune trace ...

Pour en revenir à la bd qui a certainement inspiré le film "Contact" avec Jodie Foster, Will Eisner va rester sur Terre pour démontrer l'enchainement d'évènement qu'un tel signal pourrait produire sur la population à travers les sectes ou encore sur les gouvernements en se servant de la rivalité Est-Ouest. N'oublions pas que cette bd a été réalisée en 1984 pendant la période de la guerre froide à un moment où les USA voulaient manifester leur hégémonie sur le monde. C'est donc une véritable course non pas vers la Lune mais pour l'envoi d'une fusée en direction de l'étoile de Barnard. Les amateurs de science-fiction vont être forcément un peu déçus car c'est une série qui tend plutôt vers l'espionnage.

Il y a une bonne maîtrise de différents aspects par Will Eisner en analysant la portée d'un signal venu de l'espace : politique, scientifique, religieux... Je regrette simplement qu'il y ait eu quelques raccourcis très faciles rendant certains éléments un peu naïfs voire incohérents. Cependant, l'essentiel est préservé. On va passer un agréable moment de lecture où cela partira sur plusieurs pistes pour un final maîtrisé.
En tout cas, c'est une forme très subtile de la part de l'auteur d'aborder la science-fiction autrement. Oui, il avait incontestablement du génie.
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C'est dense et ça file à 100 à l'heure.

Un cortège de personnages volontairement très clichés, parce qu'il ne faudrait pas gaspiller un temps précieux à faire des présentations quand on peut défiler des actions rocambolesques en vue de résoudre une histoire tout aussi abracadabrantesque.

C'est noir comme dans un bon polar, c'est sombre comme dans un bon roman d'espionnage, tous pourris et tous contre tous, mais ça sature par moment, aussi bien visuellement que textuellement.

Une BD à papa (ou du moins qu'on s'attend à trouver dans la bibliothèque de son père) avec un charme désuet de guerre froide, course à l'espace et fantasmes technologiques et idéologiques tout en bipolarité.

Plus divertissant qu'un James Bond, pour sûr.
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Le ton de Will Eisner est toujours acide, ironique, tranché. Cette BD ne déroge pas à la règle. Elle s'appuie sur un scénario correspondant typiquement au polar américain. Avec quelques touches d'espionnage (CIA/KGB), d'anticipation, il parodie les genres traditionnels de la littérature américaine. Au passage il critique aussi quelques travers de sa société : un président au pouvoir quasi-mystique, mais avec des contre-pouvoirs plus puissants encore (firme multinationale), l'ultra-capitalisme, le patriotisme délirant.
Le dessin est toujours génial : toujours très accessible, au-dessus des canons de l'école américaine, il prolonge en les caricaturant les astuces de la littérature américaine.
Le seul côté décevant, c'est peut-être que Will Eisner ne va pas jusqu'au bout de sa logique moqueuse. le message extra-terrestre capté au début de l'histoire reste un message extra-terrestre : on aurait pu s'attendre à ce qu'il s'agisse d'une bourde d'un agent de la Nasa, par exemple.
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Version courte: Eisner est un genie et "L'Appel de l'Espace" est son chef d'oeuvre. Je ne peux m'empecher d'etre dithyrambique quand il s'agit de Will Eisner. Sa maitrise de "l'art sequentiel" (plongez-vous dans "Big City" si ce n'est pas encore fait) conjuguee a son talent de conteur en font un des auteurs incontournables du 9e Art. Hormis les aventures du Spirit qu'il a cree a la fin des annees 30, l'essentiel de son oeuvre, depuis qu'il est revenu a la BD en 78 avec "Un contrat avec Dieu", se compose de recits psychologiques explorant les relations complexes qui s'instaurent entre les gens dans le contexte de la ville, la "Big City".
Mais au milieu d'ouvrages comme "Big City", "Dropsie Avenue" ou "Le Building", il y a ce veritable OVNI qu'est "L'Appel de l'Espace", ou Eisner s'essaye a la science-fiction. Non pas la SF facon Star Wars, mais une forme plus subtile, qui lui sert une fois de plus a etudier cet etrange animal qu'est l'Homme.
Tout commence par un etrange message venu de l'Espace. Un evenement d'une telle portee ne peut laisser personne indifferent, et l'agitation qui va s'emparer de l'Humanite va engendrer une confusion indescriptible. Politique, science, religion… tout le monde va vouloir mettre son petit grain de sel dans la situation, jusqu'a la rendre saumatre. Sans avoir l'air d'y toucher, Eisner reussit une analyse tres pertinente des travers de notre societe, ce signal venu de l'espace n'etant finalement qu'un catalyseur.
Patiemment, Eisner tisse sa toile, entrecroise le destin de ses personnages. Rien n'est laisse au hasard. le resultat est une satire feroce et brillante, qui reste d'une brulante actualite, meme si ecrite il y a pres de 20 ans.
Philip K Dick aurait adore !
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