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Citations sur L'illusion politique (13)

Car ce qui est essentiel, c’est d’obtenir une « impression », un « sentiment ». Pourvu que le peuple ait l’impression de vivre en démocratie, que le gouvernement « paraisse » démocratique aux yeux de l’opinion, c’est évidemment l’essentiel. On connaît parfaitement des gouvernements très démocratiques qui donnent l’impression d’être autoritaires, inversement des gouvernements dictatoriaux qui savent créer l’opinion dont ils ont besoin pour qu’ils soient ressentis comme démocratiques : ainsi les démocraties populaires.

(p.178)
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Nous savons aussi comment la démocratie économique est en train d'échouer . Le processus d'abstraction concernant les décisions politiques , qui s'est produit au XIX siècle , se reproduit identique sous nos yeux , au sujet des décisions économiques que l'on prétend confier à l'individu . C'est la même farce qui se reproduit . Mais il faudrait commencer par comprendre que là où se trouve l'état moderne , les pouvoirs concédés à l'individu ne sont jamais que la concession d'une parfaite innocuité , pouvoir d'accéder à ce qui est bon pour l'état , celui-ci étant la somme de tout le bien social .

Quoi qu'il en soit , c'est cette participation au politique qui devient la prétention de ceux qui ne l'on point , le critère de la dignité , de la personnalité ,de la liberté .
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9. « […] La situation est aujourd'hui beaucoup plus neuve qu'on ne l'imagine, et le lien entre individu et la démocratie beaucoup plus fort et profond. Car, d'un même mouvement et dans la même orientation, les grands faits nouveaux, la technicisation du monde, la propagande et les techniques psychologiques, la systématisation des institutions attaquent en même temps l'homme et la démocratie : l'homme, pour le conformiser, le ramener à n'être qu'une pièce du système ; la démocratie, pour la muter en un système mythique tout en détruisant sa réalité. Nous en sommes venus aujourd'hui à appeler n'importe quoi de ce terme, et à chercher de subtiles définitions de science politique ou sociologique pour éviter la simple évidence de ce que comporte ce mot, qui n'a aucun contenu sans la présupposition de la plus totale liberté individuelle. » (p. 315)
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6. « Des hommes sont arrivés à un haut degré de maturité politique sans participer à un organisme étatique et sans élévation du niveau de vie, les Bantous du XVIe siècle, par exemple, les anarcho-syndicalistes français, les Ukrainiens du XIXe siècle, les Irlandais et les anarchistes espagnols. Il semblerait au contraire que plus l’État s'organise, les institutions se rationalisent, l'économie se planifie, et plus il devient indispensable d'éliminer l'homme politiquement majeur, indépendant, réfléchi, volontaire. On lui demande une autre "majorité" politique, à savoir la participation, l'adhésion, et à la rigueur la contestation dans les limites, dans le champ prédéterminé par les techniciens ou l’État. Mais quant à la contestation radicale, il ne peut plus en être question. » (p. 233)
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2. « Malheureusement, l'expérience des années récentes montre que ces idéalistes ne procèdent jamais à leur choix en fonction de leur vision de l'homme ou d'une éthique, mais procèdent d'abord à des choix politiques. Or, ces choix politiques sont inscrits dans une autonomie du politique tout à fait rigoureuse. On est de droite ou de gauche non pour les valeurs que cela représente, mais par une sorte d'instinct, par une impulsion originelle, résultante de la pression sociale, des conformismes et des passions. Les "formes d'hémiplégie morale" que représentent la droite et la gauche sont préalables. […] Ce n'est pas à cause de la valeur de l'homme que je suis de gauche, mais étant de gauche, j'invoque la dignité de la personne humaine […]. Ce n'est pas à cause de l'Honneur que je suis de droite, mais étant de droite, j'invoque l'honneur contre une gauche qui ne sait que déshonorer, vulgariser, avilir tout ce qu'elle touche.
[…]
Or, cela est bien la présupposition indispensable pour que le politique ne soit pas autonome : il faut que l'unanimité des citoyens acceptent les mêmes valeurs, qui alors s'imposeront à la politique. Mais assurément l'exercice de la démocratie ruine cette unanimité et assure à la politique une autonomie, dirions-nous, par carence, alors que chez Machiavel, il s'agirait d'une autonomie par conquête. Celle-ci est d'ailleurs toujours assurée dans les pays de dictature. » (pp. 117-118, 120)
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L'antinomie entre bureaucratie et démocratie est bien connue, bien étudiée. Mais l'illusion est de croire que la bureaucratie peut être dominée par la démocratie.
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L'on se bat pour la démocratie économique qui fournit à l'homme l'occasion d'exprimer sa volonté sur des affaires qui le touchent de près et l'on oppose cette démocratie économique , qui concerne les conditions et les normes de production .... les prix et les salaires , à la pseudo démocratie politique , que chacun sait aujourd'hui abstraite , théorique , illusoire .
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8. « Cet immense mouvement pour l'adaptation, cette glorification de l'individu extraverti, cette haine des tensions et des conflits reposent uniquement sur l'idée que le seul but, le seul sens, la seule valeur de la vie humaine, c'est le bonheur. Et sur la conviction que le seul moyen, la seule voie pour accéder à ce bonheur, c'est le confort, matériel (hausse du niveau de vie, appareillage général, diminution du travail et de la douleur) et moral (sécurité, doctrines générales, explicatives, idéalismes). Ces valeurs sont identiques dans le monde occidental et le monde communiste. » (p. 291)
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7. « Que la politique permette de résoudre des problèmes administratifs, des problèmes de gestion matérielle de la cité, des problèmes d'organisation économique : c'est certain, et ce n'est déjà pas mal. Mais elle ne permet absolument pas de répondre aux problèmes personnels de l'homme, celui du bien et du mal, du vrai et du juste, du sens de sa vie, et de sa responsabilité devant la liberté.
[…]
La conviction que les affrontements intérieurs de la personne comme la réalisation extérieure des valeurs sont affaire collective, sociale, et trouveront leur solution dans l'aménagement politique n'est que la face mystifiante de la démission personnelle de chacun devant sa propre vie. C'est parce que je suis incapable de réaliser le bien dans ma vie que je le projette sur l’État qui doit le réaliser par procuration à ma place. C'est parce que je suis incapable de discerner la vérité, que je réclame que l'administration la discerne pour moi, me dispense de cette quête pénible, et me la remette toute produite. C'est parce que je ne puis accomplir moi-même la justice que j'attends d'une organisation juste que la justice soit, dans laquelle j'aurais seulement la peine de m'insérer.
[...]
Ce sont les mêmes motifs, c'est le même processus, c'est la même mystification qui conduisent l'homme dans la religion et à attendre de Dieu l'accomplissement de ce qu'il ne savait pas faire, et qui le conduisent aujourd'hui dans la politique et à attendre de l’État ces mêmes choses. […] Comme le moulin à prières déclenche les forces transcendantes, le bulletin de vote provoque la Volonté souveraine. Il n'y a pas plus de relation raisonnable dans un cas que dans l'autre. » (pp. 260-261, 262)
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5. « On nous représente toujours l’État comme un organe de décision, relativement simple, la décision étant prise selon des procédures établies, régulières, maîtrisées. Nous avons déjà indiqué que l'objet des décisions a considérablement changé, n'est plus cette question politique passionnante sur laquelle se fixe l'attention des foules. Il en est de même du processus de décision. Il n'est plus ce système simple de procédures juridiques claires établies dans une constitution. Bien entendu, cette procédure existe toujours, mais ce n'est pas elle qui est significative. Le processus de décision est fait d'un ensemble complexe de jugements personnels, de traditions, de conflits entre des organismes multiples de l’État, de pressions de groupes extérieurs. Et la pluralité des centres de décision est devenue la règle à l'intérieur de l'organisme politique. Car cet organisme n'est pas simple du tout. » (pp. 192-193)
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