accorder la langue
sur peu de choses
là ce soir
seul
avec
le jour en vrac
tout est passé
restent l'herbe
quelques feuilles tordues sèches
le froid clair encore le mur
entre l'herbe et le mur
la lumière glace
à chaque fois renvoie
une paroi de froid
à la fin le crépi
craque gris
dans le soleil qui baisse
voilà
peu de choses
dans un temps bref où passent
beaucoup de morts trop
vite
la vie dure
poser le peu comme simple
autant que possible
l'œil ras
dans l'herbe courte
les mots
on ne sait pas trop
ils tracent comme des bouclettes
des mèches de sens sans
tête
même hors vent ils frisent
quand sur la table
une bouteille tient nette
sa forme
pour bien faire il faudrait
des mots cendriers lourds
des pavés de verre clair quand
dehors brûle...
Cette lumière…
Cette lumière qui sèche dans le creux du sable
quand on marche tard le soir elle devient noire
et remontent des têtes qui ne verront plus rien
alors qu’on va tranquille assez dans l’été d’une
page loin très loin de ce soleil tranché…
//Antoine EMAZ nous a quitté le dimanche 3 mars 2019.
à force
la mécanique du corps
s'use
on le sent mal
on fait comme si c'était
de rien
on sait que ce n'est plus
du temps a fui
chuinte encore faible
brusquement voir sa peau
comme un vieille chambre à air
on retourne au blanc
soir clos
on éteint
on entre dans un autre temps
d’un coup le jour a basculé sur un autre rythme
assez pour détendre et pouvoir
de nouveau demain
tendre
un jour
chacun seul devant
ce qui reste à faire
et défaire avant d’être
seul
chacun peut-être tous de même
on souffle
à distance
on peut rire
plus près
on ne pleure pas
on ne rit plus
on est juste
en face
en plein
dans l'espace du gong