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Citations sur L'extraordinaire voyage du samouraï Hasekura (16)

Je m’aperçus, honteux, que j’avais fait un rêve sexuel. Je m’attachais étroitement les poignets, précisément pour ne pas commettre de péché en une période comme celle-ci. C’est ainsi que je dus lutter toute la nuit contre les désirs puissants de ma chair, bien qu’ils ne soient plus aussi violents que lorsque j’étais jeune. Je m’agenouillai et priai. Comme ce corps physique est haïssable. Tout en priant, je fus soudain envahi par un terrible sentiment de désespoir. Goutte après goutte, je bus le poison qui filtrait dans mon âme et j’eus l’impression que je venais de découvrir mon visage repoussant dans un miroir. Les désirs de ma chair, ma haine des Jésuites, ma confiance presque arrogante dans l’œuvre que j’accomplissais au Japon, ma soif de conquête… toutes ces choses jaillirent successivement de mon âme si bien que je cessais de croire que le Seigneur accepterait encore d’écouter mes prières et mes requêtes.
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Chaque jour, l’océan change de couleur… ou, plutôt, il prend des teintes diverses entre le matin, midi et soir de la même journée. Les formes subtiles des nuages, la lumière étincelante du soleil et les variations de la pression atmosphérique confèrent à la mer des nuances profondes, joyeuses ou plaintives, qui émerveilleraient un peintre.
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Au matin du cinquième jour, le samouraï sortit pour la première fois de la cabine, qui empestait la laque et l’huile de poisson, et monta sur le pont. Lorsqu’il arriva sur le pont désert, il se trouva soudain exposé à un vent violent. Il retint son souffle et, tout d’un coup, devant ses yeux, les vagues bondissantes, s’étendirent dans toutes les directions.
C’était la première fois qu’il voyait l’océan immense. Il n’y avait pas la moindre trace de terre, pas même la silhouette d’une île. Les vagues se heurtaient, se bousculaient et poussaient des cris comme une mêlées de guerriers innombrables. La proue du navire se dressait, lance dans le ciel gris, et la coque, faisant jaillir de hauts jets d’écume, semblait sur le point de plonger dans une vallée de l’océan, puis remontait.
Le samouraï fut pris de vertige. A peine pouvait-il respirer dans les rafales de vent qui lui fouettaient le visage. A l’est, un océan de vagues bouillonnantes. A l’ouest, un océan de vagues rugissantes. Au sud et au nord, l’océan, aussi loin que portait son regard. Pour la première fois de sa vie, le samouraï prit conscience de l’immensité de la mer.
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Il mit pied à terre et essuya son visage couvert de sueur. "Plus un peuple est inférieur, plus ses représentants ont tendance à se suicider."
" Les Japonais estiment que c'est une vertu de choisir la mort pour ne pas supporter la honte ", répondis-je, le regardant fixement. "Cet émissaire japonais était convaincu qu'il lui fallait mourir pour accomplir sa mission."
"Je ne comprends pas, malheureusement. " Le commandant haussa les épaules d'un air ébahi. "Mais on dirait, padre, que vous approuvez le suicide, que l'Église interdit."
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Cette nuit-là, le samouraï rêva à nouveau du marais. Dans son rêve, il vit deux cygnes blancs volant dans le ciel brumeux de l'hiver. Les cygnes se laissaient porter par les courants, planant librement et descendant vers l'étang. Yozo leva soudain son mousquet. Le samouraï n'eut pas le temps de l'arrêter. Le coup fut assourdissant, résonnant dans la forêt blanche. Les oiseaux migrateurs perdirent brusquement l'équilibre et tombèrent comme des pierres vers l'eau de l'étang, décrivant des spirales noires dans leur chute. Le samouraï regarda Yozo à travers la fumée âcre de la poudre et, sans véritablement comprendre pourquoi, se sentit légèrement en colère contre lui. Massacre inutile, voulut-il dire, mais il se retint. Pourquoi les as-tu tués ? Ces oiseaux devaient retourner dans un pays lointain. Comme nous...
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Notre navire est parti de Tsukinoura, port minuscule de la presqu'île d'Ojika, le cinquième jour du cinquième mois. Les japonais appellent le galion Mutsu Maru tandis que les Espagnols l'ont baptisé : San Juan Baptista. Le navire penche tandis que nous voguons en direction du nord-est sur les eaux froides de l'océan Pacifique. Les voiles gonflées font penser à des arcs. Le matin de notre départ, debout sur le pont, j'ai regardé fixement les îles du Japon qui ont été pendant dix ans mon pays d'adoption.
Dix ans...cela me déchire de le dire, mais la parole de Dieu doit encore prendre racine au Japon. A ma connaissance, les Japonais sont doués d'une intelligence et d'une curiosité qui ne sont en aucune manière inférieures à celle des divers peuples d'Europe. Mais, lorsqu'il s'agit de notre Dieu, ils ferment les yeux et s'enfoncent les doigts dans les oreilles. Par moments, ce pays m'est même apparu comme une île perdue, malsaine.
Mais je n'ai pas perdu courage. Je crois que les graines de l'enseignement de Dieu ont été plantées au Japon mais que l'on n'a pas su les faire pousser. Les Jésuites n'ont pas tenu compte de la nature de l'humus et ils n'ont pas choisi les engrais convenables. J'ai tiré profit des erreurs des Jésuites et, surtout, je connais le peuple japonais. Si je suis nommé Evèque, je ne commettrai pas les mêmes erreurs.
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Tandis que je m’efforce de contenir la colère qui monte en moi, une tristesse indescriptible consume mon cœur. Bien que nous croyions au même Dieu, adorions le même Seigneur Jésus et partagions le même désir de transformer le Japon en une nation de Dieu, nous nous opposons et nous combattons. Pourquoi faut-il que les hommes soient toujours laids et égoïstes ? Au lieu de devenir plus purs au sein de la structure de nos institutions religieuses, nous nous montrons parfois plus bas que les laïcs. Nous sommes, dans ces moments-là, très éloignés de l’obéissance, des souffrances interminables et de l’humilité sans limite que possédaient les saints.
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Le banquet se termina. Tandis que je quittais la salle à manger en compagnie des moines et prenais la direction de la chapelle, les mains déjà jointes en prévision de la prière du soir, Matsuki m'entraîna à l'écart. Ne laissant rien paraître sur nos visages tandis que nous tentions de deviner les pensées de l'autre, nous échangeâmes des paroles d'adieu.
"Padre, dit-il à voix basse, nous ne nous reverrons pas."
"Pourquoi ? Quand notre mission sera accomplie, je retournerai..."
"Non. Ne retournez pas au Japon."
"Pourquoi ?" Je parlai avec fermeté, secouant la tête.
"Padre, répondit Matsuki me regardant d'un air presque suppliant, pourquoi voulez-vous déséquilibrer notre domaine ?"
"Déséquilibrer ? Je ne comprends pas."
"Nous...non, ce n'est pas seulement nous. Le Japon a vécu en paix jusqu'ici. Pourquoi les padres viennent-ils troubler notre paix ?"
"Nous ne venons pas semer le trouble. Nous venons partager le vrai bonheur avec vous."
"Le vrai bonheur ?" Les lèvres de Matsuki esquissèrent un sourire tourmenté. "La nature de votre vrai bonheur est trop passionnée pour le Japon. Un médicament puissant peut se transformer en poison chez certaines personnes. Le bonheur que prêchent les padres est un poison pour le Japon. Je l'ai compris clairement depuis que nous sommes en Nueva Espagna. Ce pays aurait vécu en paix si les navires espagnols n'étaient pas venus. Votre conception du bonheur a déséquilibré ce pays."
"Ce pays..." Je compris ce que Matsuki voulait dire.
"Je ne nie pas que beaucoup de sang ait été versé ici. Mais nous nous sommes rachetés. Les Indiens ont appris beaucoup de choses...Et, surtout, ils ont appris le chemin qui conduit au bonheur."
"Dans ce cas, vous avez l'intention de traiter le Japon comme vous avez traité la Nueva Espagna ?"
"Moi ? Je ne suis pas stupide. Je veux simplement faire bénéficier le Japon d'avantages et, en échange, obtenir la permission de prêcher les enseignements du Christ."
"Le Japon sera heureux d'apprendre le savoir et les techniques supérieures de vos pays. Mais nous n'avons pas besoin d'autre chose."
"Quel bilan tirerez-vous de l'imitation pure et simple de nos techniques ? Quel profit obtiendrez-vous par le seul savoir ? Ces techniques et ce savoir ont été créés par des coeurs humains cherchant le bonheur qui émane du Seigneur."
"Le bonheur dont vous parlez, répéta Matsuki, est un fléau pour nos petites îles."
Nous restions tous les deux sur nos positions. Finalement, Matsuki se tut, m'adressa un regard chargé de haine, puis pivota sur ses talons et s'en alla. J'eus alors l'impression, comme il l'avait dit, que nous ne nous reverrions pas.
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"Oh, Seigneur, je vous remercie." Il joignit les mains posées sur ses genoux. "Tout ce que vous faites est bien. Vous avez eu besoin de moi, après tout." Pourtant, bizarrement, l'exaltation ne bouillonna pas en lui. Elle se contenta de caresser les plis de son coeur, comme les rides de l'eau caressent le rivage. Il lui semblait que ce jugement avait été décidé longtemps auparavant et qu'il n'en avait jamais douté.
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- Plus un peuple est inférieur, plus ses représentants ont tendance à se suicider.
- Les Japonais estiment que c'est une vertu de choisir la mort pour ne pas supporter la honte, répondis-je, le regardant fixement.
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