Les Porteurs de glace

Ce roman est court, sec et froid. Les deux personnages principaux ont réussi leur vie professionnelle, tout va bien pour eux. Ce ne sont que les apparences, comme le jardin, si bien entretenu par Lou : il est constamment envahi par les sables et son entretien nécessite une lutte constante.
Ce qui ronge ce couple, ce sont les non-dits. Ils ne datent pas de la fuite de leur fille. S'il fallait retrouver leur origine, il faudrait remonter vingt ans en arrière. Ne rien dire, coûte que coûte. Ne rien se dire, ce qui est bien pire, au point que Nico et Lou semblent tout ignorer l'un de l'autre. Ils vivent l'un à côté de l'autre, presque comme deux étrangers.


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Court roman psychologique qui retrace les difficultés d'un couple face à la disparition de leur fille adoptive. Lui est psychiatre, directeur d'un hôpital, elle est prof. Ils font face en silence à la fugue de leur fille aujourd'hui majeure. Elle se réfugie dans son jardin qu'elle travaille avec ardeur. Un jeune homme vient spontanément l'aider. Il connait leur fille, elle lui remet une grosse somme d'argent pour elle...
Lui nouvellement promu à la tête d'un hôpital psy local engage avec vigueur et brutalité des réformes de fonctionnement qui braquent ses collègues et patients. Un incendie survient à l'hôpital, qui va lui faire "péter les plombs", casser la gueule d'un de ses collègues et s'enfuir avec une jeune stagiaire qu'il abandonnera dans un hôtel au terme d'une unique nuit d'adultère. Comment réagira sa femme en apprenant tout ça ?...
L'écriture d'A. Enquist, psychanalyste elle-même, est subtile et elle sait très bien dire les petits détails objectifs de la vie qui révèlent les grands désarrois intérieurs au fil des jours et de la quotidienneté qui ne peut intéresser que si l'on s'intéresse à la psychologie...

Le court roman Les porteurs de glace aborde à partir de la disparition d'un enfant, sujet cher à Anna Enquist, le thème des secrets de famille, des non-dits, de l'incommunicabilité dans la vie familiale et professionnelle, des dérives psychologiques qui s'ensuivent.
Le récit très bien écrit et structuré nous glace.
Les porteurs de glace met un scène un couple : Lou, professeur, trouve refuge dans ses copies et dans son jardin. Nico, son mari, psychiatre à l'hôpital local est engagé dans des pratiques minoritaires qu'il juge efficaces. Il s'adonne comme un forçat au vélo. Une absente, Maj , la fille de Lou et Nico, jamais évoquée par ses parents, dont le récit nous révèlera peu à peu l'histoire. La communication dans le couple est inexistante. Quand Nico est promu directeur de l'hôpital, il refuse toute concertation avec soignants et patients. Il est rapidement confronté à des oppositions et perd contact avec le réel. Une nuit, il ne rentre pas…

Lou et Nico sont mariés mais ne communiquent plus guère ensemble, ni sur le départ subit de leur fille il y a quelques mois, ni sur le travail de prof de Lou, ni surtout sur celui de chef de service d'hôpital psychiatrique de Nico. Ce dernier est psychiatre et, dans sa vie personnelle comme dans son travail, il privilégie l'action aux sentiments, le soin à la thérapie, et, souvent, le silence à la parole. Aussi cette façon de concevoir la vie se révèlera-t-elle catastrophique dans sa vie privée comme à l'hôpital.

Comme dans ses deux précédents romans, Anna Enquist dissèque les névroses familiales en psychanalyste qu'elle est. On regrettera toutefois une fin attendue et un peu précipitée, en effet le sujet aurait mérité d'être développé plus longuement.

Bof.