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Citations sur Le pique-nique des orphelins / La branche cassée (32)

La pièce glaciale était remplie du léger parfum des fleurs séchées que maman éparpillait dans sa malle, de l'odeur suave de l'orange piquée de clous de girofle qu'elle suspendait dans le placard, et de l'essence de lavande dont elle se frictionnait la peau le soir.
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Il n'était pas difficile de deviner ce qu'elle (Dot) écrivait dans ses carnets.
Elle était persécutée, malheureuse,elle préparait sa revanche. Plutôt que son absence d'amis à l'école primaire, elle avait à présent des ennemis actifs. Et il y avait Célestine, moi et Mary. Nous étions les fléaux de son existence, jusqu'à ce qu'elle ait besoin de nous. Nous lui donnions alors tout ce que nous avions, ce qui lui déplaisait.
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Je leur ai expliqué que les betteraves sont bien davantage qu'une simple culture. Elles sont l'union parfaite entre la nature et la technologie. Comme le pétrole brut, la betterave a besoin d'être raffinée, et qui dit raffinage dit raffinerie. Et donc industrie locale. Tout le monde en profite.
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Il me suffisait qu'il soit là, qu'il porte mes vêtements et utilise mes serviettes, se fasse griller du pain, donne enfin un sens à mon lit. Je n'avais jamais su quoi demander à la vie, maintenant je savais.
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Mais voilà, au fil du temps j'ai appris la leçon que les parents apprennent sans tarder. On échoue, parfois. Peu importe l'amour que l'on porte à ses enfants, il y a des fois où l'on dérape. Des moments où l'on bafouille, où l'on ne peut rien donner, où l'on s'énerve, ou tout simplement on perd la face, ce qu'on ne peut pas expliquer à un enfant. (p.353)
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Il s'était passé quelque chose pendant la longue période où je ne m'étais pas autorisé à me souvenir de lui. Non examinés, non aérés de temps à autre, les sentiments peuvent changer, pourrir et tomber en lambeaux, ou se transformer en poison.
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Tant de choses se mêlent. Un étrange souvenir qui me reste des notes que prenait Louis, c'est ma vision de ces enfants sous terre le jour du Jugement dernier. La trompette résonne, ai-je dit. Toutes les sirènes retentissent. Le château d'eau municipal laisse échapper un jet de sang. Et puis le gazon aux fortes racines s'écarte au-dessus de chacune des dernières demeures. En sortent les enfants. Ils ne sont plus qu'os et squelettes. Ils sont étonnamment petits, faits d'ivoire, sculptés à l'aide d'outils de précision sous la loupe d'un bijoutier. Le grossissement montrerait la symétrie de chaque petite articulation. Mais le temps manque pour s'émerveiller, car tandis qu'ils parcourent les rues d'Argus leurs os sont emmaillotés et enrobés de chair, enveloppés de peau puis, finalement, de vêtements.
Quel genre de vêtements, pourtant, et de quelle époque ? Et que feraient-ils, ai-je demandé à Louis, concernant leurs parents ? Et si leurs parents s'étaient condamnés à l'Enfer à cause de leurs péchés ? Y aurait-il des écoles, des lignes d'autobus, des orphelinats, des belles-mères et des beaux-pères pour s'occuper d'eux tous ? Sinon, quelle épouvante ! Imagine ces pauvres enfants contraints à errer, cherchant parmi la masse des morts quelqu'un ou quelque chose de familier ?
Louis, avais-je dit, c'est vraiment trop déchirant.
Maintenant je suis prête. Le collier brille, brutal comme la méchanceté, contre le désastre de mon cou. Il est trop tard pour changer ce que je suis. Je ne retire pas le bijou.
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Non examinés, non aérés de temps à autre, les sentiments peuvent changer, pourrir et tomber en lambeaux, ou se transformer en poison.
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Dans la ville même, c'était un bouillonnement de constructions et de plans nouveaux. Nos promoteurs, à court de noms de rues habituels, s'étaient mis à donner à des impasses le nom de leurs épouses et de leurs enfants.
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Il est sorti guéri du Veterans Hospital où il séjournait depuis son retour de sa dernière guerre, celle de Corée. Il est enfin revenu à la maison et ne sera plus jamais soldat. Mais il est criblé d'encore plus de blessures qu'avant, au point qu'il est maintenant question d'en faire le héros le plus décoré du Dakota du Nord. Je trouve ça ridicule, qu'avoir été mis en pièces à coups de fusil soit ce pour quoi il a toujours vécu. Il doit maintenant attendre qu'un fonctionnaire du gouvernement évalue les autres anciens combattants, additionne leurs blessures sur un calepin et calcule qui a donné le plus de chair et de sang.
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