Alain Delon était le fondateur des Homonymes Anonymes. Une association loi 1901 pour ceux qui souffraient de porter le même nom qu'une célébrité. Des victimes de l'état civil dont l'identité était occulté par celle de leur prestigieux homonyme.
" Reconnaissons enfin les tourments de l'Homonymie Anonyme ! avait exhorté un Alain Delon lyrique le jour de l'assemblée inaugurale. Pas un seul jour sans qu'on lui rappelle sa gémellité euphonique, pas une seule mention de son patronyme sans que son interlocuteur esquisse un sourire entendu ! Oui, mes amis, l'homonymie avec une célébrité est une souffrance que la société doit reconnaître afin que les victimes puissent... puissent se... puissent que... afin qu'elles puissent... ! "
Voilà les mots qui revenaient à la mémoire d'Alain Delon alors qu'il remontait de la cave avec sa corde. Un bon discours qui avait soulevé l'enthousiasme jusqu'à sa conclusion ratée qui avait tout gâché. Un discours à l'image de sa vie : une remarquable succession de ratages. En se passant la corde au cou, Alain Delon se remémora les soixante-quinze années qu'il avait occupé à rater les choses à plein temps. Il ratait ses trains, il ratait ses plats, il ratait ses mariages, il avait même raté sa naissance. A l'échographie, seul son frère jumeau avait été repéré par le gynécologue. Alain était si chétif qu'il était resté dans son ombre. Si bien que leur mère avait d'abord accouché d'un bébé obèse, puis, dans la nuit qui avait suivi, elle avait expulsé Alain toute seule dans sa chambre avant d'avoir pu appeler les secours. Le ratage inaugural.
Inquiet de nature et n'accordant qu'une confiance limitée à ses capacités physiques, Arthur faisait partie de ces gens qui n'aiment pas déambuler seuls en pleine nuit dans un village envahi par des extraterrestres.
A force de mâchonner du blé, Arthur vit une solution germer.
Lucas martelait son clavier en attendant que l'agencement hasardeux des lettres de l'alphabet aboutisse à l'écriture d'un chef d’œuvre, ce qui, sur le strict plan des probabilités, appartenait au domaine du possible. Mais comme cela risquait de prendre un peu de temps, deux évènements d'ampleur légèrement différente se produisirent au même instant pour relancer l'intérêt:
1. A quarante deux millions d'années lumière de là, une étoile anonyme contracta son noyau pour faire l'intéressante et explosa en supernova façon puzzle.
2. A quarante centimètres de là, on frappa à la porte.
Trop occupé à anéantir son clavier, Lucas ne fit pas attention à l'explosion de l'étoile. En revanche, les coups frappés à la porte lui picotèrent le conduit auditif. Il s'avança prudemment jusqu'à l’œilleton, car on n'est jamais à l'abri d'un huissier nocturne, d'un témoin de Jéhovah noctambule ou d'une jeune femme accorte à la recherche d'ébats intempestifs et crapuleux avec un inconnu (mais c'est plus rare).
"_Moi, j'aime bien les happy ends, dit Bucéphale, ça redonne foi en l'être humain."
Ensemble, ils avaient parcouru l'espace infini d'un bout à l'autre, car ils se riaient des paradoxes. Ensemble, ils avaient dépassé maintes fois la vitesse de la lumière, car ils se gaussaient des théories relativistes de physiciens allemands hirsutes. Ensemble, ils s'étaient beaucoup tripotés, car derrière les uniformes sévères de militaires aguerris battaient deux cœurs sensibles de pieuvres de l'espace. Le capitaine Jean-SCRT@wysqdto&ké posa sur Qzywkkvyz ses huits yeux humides d'affection virile et lui demanda de passer la cinquième sur ce ton martial qui faisait durcir les tentacules de tous les octopodes à frange tubulaire de la constellation d'Orion aux étoiles d'Andromède.
La manne financière avait été telle que les Malgaches avaient délocalisé leurs usines sur toute la planète et racheté Apple, McDonald's, Facebook, Google ainsi que le PSG, car même les meilleurs font des erreurs.
- Tu as failli écraser un extraterrestre (...).
- Tu te crois dans un de tes romans ? (...) C'était un lémurien. Il y a une raffinerie malgache dans ce village, il a dû s'échapper.
"_Parfois, ça repose de ne pas communiquer..."
"Arthur était empli de sérénité et de joie. Car, pour la première fois de son existence, il croyait en quelque chose. Il avait la foi. Foi en la littérature."