Opération Masse critique, janvier 2015 : Merci à Babelio et aux éditions Atelier de l'agneau pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage, même tardivement.
La Crète d'Ariane et de Minos est un livre déconcertant.
Ce n'est pas un livre d'histoire mais plutôt le récit d'une rencontre entre l'auteur et la civilisation crétoise. Il s'agit moins d'un livre à mon sens que d'une prise de notes de ce qu'il a vu en Crète, celle d'aujourd'hui, frappée par la crise, et celle des musées et des ruines avec des descriptions lapidaires, agrémentées parfois de photos en noir et blanc. A ces notes, l'auteur ajoute des réflexions sur ce qu'était (peut-être) la civilisation minoenne et même pré-minoenne, avec une société matrilinéaire, où le minos pouvait aussi bien être un homme qu'une femme-affirmation que je n'ai lue nulle part ailleurs. Il rappelle que la plupart des mythes grecs seraient venus de cette île, si raffinée à l'époque où la Grèce continentale se débattait dans ses Temps obscurs. Cette société extrêmement civilisée, visiblement en relation étroite avec l'Egypte, n'a rien pu faire contre l'éruption volcanique de Santorin, ni contre des tremblements de terre deux siècles plus tard et ses villes sans remparts se sont trouvées sans défense face aux « Barbares » grecs.
Entre ces réflexions et ces descriptions s'intercalent des dialogues entre
Homère et Minos, et entre Ariane et
Plutarque. Ces dialogues apportent une respiration bienvenue mais n'offrent malheureusement pas d'intérêt véritable.
Le premier dialogue constitue le début du chapitre 2. Il est annoncé dans le chapitre 1 par :
« Idée d'un dialogue des morts Minos/
Homère »
Le procédé m'a laissée pantoise et renforce l'idée d'un brouillon et non d'un livre abouti. Dans ledit dialogue,
Homère raconte les grands traits de l'Iliade à Minos et convient finalement qu'il a embelli un simple épisode de piraterie pour en faire une épopée. Enfin, le dialogue se termine de manière abrupte sur « Tu le savais Minos, mais je devais le dire. » et enchaîne sur des remarques de l'auteur sur la place de Minos aux Enfers.
Le deuxième dialogue a lieu au chapitre 4 entre une Ariane que tout ennuie et en particulier son interlocuteur
Plutarque. L'objectif est de démonter les mythes ayant trait à Thésée et à son rôle en Crète.
Le chapitre 5 se termine d'une manière étrange : l'auteur-narrateur aurait été hébergé après avoir été surpris par la pluie par un groupe de Crétois dans des conditions dignes de la Crète fantasmée au cours de son voyage : « Hospitalité de cette Grèce d'avant la Grèce »…
En résumé, les points positifs sont peu nombreux. Ils résident essentiellement dans un rappel de ce que devaient être les civilisations préminoenne et minoenne, même s'il est assez flagrant que l'auteur idéalise pour beaucoup ces sociétés.
Sinon, le livre est un carnet de notes et de réflexions personnelles qui n'intéressent guère le public, voire ennuyeux. L'aspect poétique m'a assez peu touchée à l'exception notable de la description des figurines faisant une ronde depuis 3 500 ans et pour les 18 000 à venir –mon côté « historien » sans doute.