David Cartier travaille à la brigade des stups de Saint-Etienne. Une nouvelle semaine commence en ce mois d'août. Ce matin, la bridage accueille une stagiaire, Sarah. Élève gardien de la paix, avide de découvrir le métier, la jeune femme a une appétence certaine pour les investigations et les enquêtes. Elle est donc ravie d'être embarquée sur la découverte d'un corps dans un appartement d'un quartier populaire de la ville. Thommy
Laurendon, 25 ans, est mort chez lui d'une overdose à l'héroïne.
« C'était le monde de Tommy. La course au gramme d'héroïne. Une course en descente que seules peu de personnes arrivaient à remonter. »
David et ses hommes vont tenter de dénouer le fil, car Tommy faisait partie d'une réseau organisé dans le trafic de stupéfiants. L'urgence est bien réelle lorsqu'une autre overdose est constatée. Héroïne de mauvaise qualité ? Ou simple coïncidence ? En tous cas, cela n'arrange pas les affaires de Mourad, libéré de prison depuis six mois. N'ayant pas réussi à trouver un boulot « classique » à sa sortie, il replonge dans ses anciennes amours. Et des camés qui meurent, ce sont des clients en moins…Et malgré le doute que son héroïne soit mal coupée, il se doit de l'écouler malgré tout…
« Cette société dont il avait trahi les règles ne voulait pas de lui et il lui faudrait beaucoup d'efforts pour tenter d'en faire partie de nouveau. »
Ce roman est d'une extrême noirceur, c'est une plongée en apnée dans le monde de la drogue et des ravages causés par la consommation d'héroïne. J'ai papillonné sur internet pendant ma lecture, approfondissant quelques points, en vérifiant d'autres. Didier a travaillé aux stups, cela s'en ressent. Il balaye large sur la thématique, partant du plus simple consommateur de drogue et remontant jusqu'au sommet de la justice. Sa plume est précise, détaillée, fluide et le récit est très bien documenté. Il est également très réaliste, avec des enquêteurs submergés par la paperasse, des procédures bien souvent trop lourdes, des victimes embourbées dans toute la misère possible.
Tous les personnages s'avèrent forts, aussi bien les enquêteurs que les victimes du trafic. Ils sont tous bien détaillés, le lecteur sait ce qu'ils ressentent, ce qu'ils pensent. J'ai ressenti énormément de pitié pour le personnage de Teuf, Géraldine de son vrai prénom, cette jeune fille dont l'existence à mal tournée, entre mauvaises rencontres et rejet de ses parents, avec, désormais, l'héroïne pour seule amie.
« Elle commençait à sentir les tremblements du manque et du stress la gagner. Une cigarette, vite. Et de la came. Trouver de la came. Son meilleur pote venait de mourir et Teuf voulait de la came. »
La place des femmes est assez important dans ce roman, elle est majoritaire, même si les apparences tendent à nous faire croire le contraire.
J'ai découvert aussi l'autre visage de la ville dans laquelle je travaille…C'est le lot de toutes les grandes métropoles, mais il n'empêche que là aussi mon coeur s'est serré….Le fait que l'intrigue se déroulait dans des lieux connus a rajouté tout un lot d'émotions supplémentaires, rendant la lecture encore plus réaliste et agréable.
La fin laisse un gout amer. Elle est stupéfiante, je l'avoue ! Je ne m'attendais pas à cela. J'ai été surprise de cette tournure. Je ne vais rien vous dévoiler, bien sûr, mais avec le recul, je me dis que c'est le dénouement parfait.
Un clin d'oeil au titre, hyper bien trouvé !
Pas grand chose à redire donc, pour ce roman noir immersif et parfait ! Une petite pépite que je conseille à tous. Ah oui, et après cette lecture, vous n'aurez pas vraiment envie de découvrir les paradis artificiels…Si «
Une héroïne stupéfiante » pouvait être lue par nos ados, je pense que cela en rebuterait un certains nombre à se faire leur premier rail…
Je remercie Didier et les Éditions du Caïman pour cette lecture.
« Ces gens dont elle faisait partie, avant, et dont elle s'était éloignée peu à peu, pour être aujourd'hui devenue une ombre. Contrairement à ses compagnons de galère, Teuf se souciait malgré tout encore du regard de ces personnes, de la norme qu'ils représentaient. Et aspirait à refaire partie encore un peu de ce monde-là. Un jour. »
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