Chocolat amer

Ils avaient hâte d'arriver à l'hôtel.

Tu vois bien comment Pedro t'a échangée contre moi à la première occasion.

Tita était le dernier maillon d'une chaîne de cuisinières qui s'étaient transmis, depuis l'époque préhispanique et de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était considérée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux, l'art culinaire.

Cela se passait en effet pour le bain comme pour la nourriture : malgré ses efforts, Tita commettait toujours des erreurs. Ou bien la chemise avait un petit pli, ou bien l'eau n'était pas assez chaude, ou bien la raie était de travers. L'unique qualité de Mama Elena semblait être de savoir traquer les défauts.

Ce que préférait Tita, c'était respirer le parfum de la farce qui repose. Les odeurs reproduisent des époques passées, des sons oubliés. Tita aimait renifler un grand coup et voyager avec cet arôme niché dans quelque recoin de sa mémoire.

De tout son cœur, Tita souhaita voir ses mains s'envoler. Elle resta un 'ong moment ainsi sans bouger, à contempler le bleu du ciel a travers ses doigts. Et un miracle se produisit: ses doigts dégageaient des volutes de vapeur. Elle se prépara à grimper dans les airs, aspirée par une force supérieure.

Tita, à genoux, penchée sur le metate, se démenait en cadence pour écraser les amandes et le sésame.
Sous la blouse, sa poitrine bougeait librement car elle n’avait jamais porté de soutien-gorge. Des gouttes de sueur, depuis son cou, suivaient le sillon de sa peau entre ses seins ronds et durs.
Ne pouvant résister davantage aux odeurs qui émanaient de la cuisine, Pedro s’approcha. Il s’arrêta à la porte, pétrifié devant la sensualité qui se dégageait de Tita.
Celle-ci leva la tête sans cesser de broyer et ses yeux rencontrèrent ceux de Pedro. Leurs deux regards embrasés ne firent plus qu’un ; un spectateur aurait perçu un seul mouvement rythmique et sensuel, une seule respiration haletante et un même désir.

Prenez garde à frire le chorizo à feu très doux, pour qu'il soit bien cuit mais pas trop doré. Quand il est prêt, sortez-le du feu et ajoutez les sardines, dépouillées de leur arête. Grattez avec un couteau les taches noires sur la peau. Mélangez aux sardines l'oignon, les piments hachés et l'origan moulu. Laissez reposer avant de farcir les tortas.

Tita était le dernier maillon d’une chaîne de cuisinières qui s’étaient transmis, de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était représentée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux.

« Attention de bien allumer les allumettes une par une. Si elles s’enflamment toutes ensemble, sous l’effet d’une émotion violente, le flamboiement est tellement intense qu’il illumine au-delà de notre vision normale. Alors apparaît à nos yeux un tunnel resplendissant, un chemin oublié à la naissance, qui nous incite à retrouver notre origine divine perdue. L’âme veut réintégrer son lieu primitif, laissant le corps inerte... »