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183 pages
Gallimard (17/11/1982)
4/5   1 notes
Résumé :
Roman, au sens originel, d'amour assez durablement fou, du moins chez le partenaire masculin, pour que ce dernier, hors saison, cultive un genre littéraire illustré entre tous pas Maurice Scève : le "Blason d'un corps féminin".
D'après des exemples prestigieux, de Dante à Pétrarque, de Ronsard à Shakespeare, voir à Baudelaire, il semblerait que la forme fixe du sonnet fût la mieux appropriée à une certaine célébration amoureuse. Projet ici : cent sonnets... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Recueil de poèmes d'amour passionnés pour le corps et le coeur de l'aimée, mais qui évoquent aussi l'amour perdu, ou le « malamour », pour ce même corps et ce même coeur, ainsi que les sinuosités ou les ambigüités du même amour.

J'ai commencé à lire ce recueil de poésie en me fiant à la notoriété de cet écrivain qui avait eu droit à une biographie dans la grand encyclopédie Larousse dès le milieu des années 1880. le beau titre de ce recueil m'avait aussi guidé : « corps » vient avant « coeur, mais tous deux sont associés et semblent inséparables. Aujourd'hui, cet écrivain est considéré pour son oeuvre de romancier, pour sa carrière de journaliste, ainsi que celle d'essayiste, et seulement en dernier comme poète.

L'ouvrage en question ne comporte pourtant que des poèmes, et il en compte plus d'une bonne centaine ! Il méritait donc d'être exploré, d'autant que les aspirations spirituelles de l'auteur (qui avait dirigé par le passé et pendant plus d'une décennie le journal La Croix) pouvaient être considérées comme un gage de sérieux.

L'ouvrage se compose de trois parties :

La première partie ; intitulée « Blason » comporte exactement 43 sonnets où s'exprime un amour « éperdu » avec pour épicentre le corps de l'aimée, dont le modèle avoué est l'oeuvre de Maurice Scève (« Blason d'un corps féminin » ). Disons-le d'emblée : c'est beau, cela résonne très fort, même si la forme rimée et très classique (les vers sont soit des alexandrins, soit des décasyllabes ou des octosyllabes), ainsi que l'érudition de l'auteur, font que cela frise parfois la préciosité ou même le pédantisme. Mais la belle allégorie du sculpteur (poème XVI) et la simplicité et la tendresse qui suit (poème XX) ne font pas douter de sa sincérité.

D'autant qe la deuxième partie, intitulée « Malamour » comporte 57 poèmes tout aussi forts, mais épelant un amour « perdu », qui a succédé au premier chant si passionné. La sincérité qui émane de cette série éclate encore une fois aux yeux du lecteur. Quand le poète écrit que « tuer un amour n'est pas si facile » (poème LXXXI), on en est convaincu. de même que lorsqu'il écrit que « la plus grande tendresse ne vaut pas le plus petit amour » (poème LXXXIX). La simplicité et l'authenticité de ces poèmes les rendent plus proches pour le lecteur. Connaître les références spirituelles de l'auteur permet aussi au lecteur de comprendre qu'un poème puisse presque devenir « liturgie » (poème XCIX). Bref, c'est beau, et on est convaincu d'avoir affaire à un vrai poète.

D'où vient alors la relative déception à la lecture de la troisième partie, intitulée « Elégies et Romances » et formée de 29 poèmes, à la forme plus libre et où alternent visions heureuses et tourmentées du même amour ? Peut-être est-ce la forme plus libre d'un auteur plus à l'aise quand il se donne des règles strictes, ou peut-être est-ce une toute autre raison, plus subjective ? En tous les cas, aucun de ces poèmes n'a atteint pour nous le sommet gravi par certains sonnets des deux premières parties.

En conclusion, si l'on a bien lu, il semble que l'amour chanté ici, puis désenchanté, a duré cinq bonnes années, et que ces poèmes pourraient bien être le fruit d'un nouveau plongeon du poète dans cette période de sa vie, avec une discrétion telle concernant les faits que tout pourrait bien être imaginaire. Mais, au vu de la biographie de l'auteur, au vu de son projet littéraire, il semble bien au contraire que tout cela a été vécu, et si profondément vécu, que le poète a pu encore le chanter tant d'années après, à l'aube de sa vieillesse. On lui en sera en fin de compte reconnaissants sans autre état d'âme.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le désir assouvi n’achève pas l’amour
le cœur s’exalte au cri de la chair retombée
c’est encore te chérir qu’écouter ses coups sourds
comme au bout d’une course à longues enjambées.

Et toi-même après le voyage à ton retour
contre moi naufragée au chaud d’une flambée
n’entends-tu pas ton sang qui retrouve son cours
attentive à ce pouls, yeux clos et bouche bée.

Pour moi, plaisir d’amour dure plus qu’un moment
la tendresse en retient tout le frémissement
quand nous nus endormons dans les bras l’un de l’autre.

Même perdus dans le dédale du soleil
ce n’est jamais un mauvais rêve que le nôtre
puisqu’il nous réunit enlacés au réveil.
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Douleur honte fureur t’opposent un refus
tel que j’ai moins de mal à t’imaginer morte.
A toi qui n’es plus toi, contre qui je m’emporte,
je substitue un toi de celle que tu fus :

Le toi de moi, le plus aimé, le plus profus
en émerveillements, pour moi, de toutes sortes,
jeune panthère, un soir, qui grattas à ma porte
timidement et pleine d’appétits confus.

Apprivoisée elle se disait ma jumelle
par naissance élective et peut-être m‘a-t-elle
aimé d’amour, un peu, pendant quelque cinq ans.

Cinq ans, le temps d’un romantique apprentissage.
Petite idole à qui mon culte fut pesant ;
C’est toi que je veux invoquer du fond de l’âge.
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Comme un lecteur passionnément tourne la page
assuré de rester sous le charme au verso
je te renverse sur le ventre : sans nuage
un nu pose qu’Eros a marqué de son sceau.

J’embrasse du regard ce nouveau paysage
de ton corps, m’érigeant peintre avec mon pinceau
j’y promène les doigts dont le toucher dégage
des formes qui me font statuaire au ciseau.

Ô marbre blanc et lisse, ici, mais tiède et tendre
vallonnements en pente douce pour m’étendre
là, des midi-minuit toujours ensoleillés !

Voulue à ma merci, vigilante et lascive
dans l’abandon la face au creux de l’oreiller
tu me provoquerais des fièvres subversives !
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Du malamour au désamour quelle distance ?
Infinie, espace interstellaire, désert
et sans confins, abîme noir de différence :
de malamour à désamour on change d’air.

Malamour se nourrit même de la laitance
dont les lents poissons du ressassement amer
ensemencent les mots qui donnent consistance
aux mirages du cœur où la raison se perd.

Désamour n’est plus rien puisqu’il n’y a plus de chaîne.
Il va sans même le feu grégeois de la haine
cœur sec et froid, tel un zombie esprit absent.

Lequel des deux états faut-il que je préfère ?
Si vivre l’un me livre au mal que je ressens
m’imaginer indifférent me désespère.
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Quand ma bouche dit je ne t’aime plus,
en suis-je aussi sûr que l’était naguère
quand je murmurais sans fin le contraire,
mon cœur inlassable aujourd’hui perclus ?

Est-ce une marée au flux et reflux
de noires humeurs, de plaintes légères ?
Deux hommes en moi qui se font la guerre
l’un t’ouvrant les bras quand l’autre t’exclut ?

Selon l’image de toi qui s’imprime
fortuitement sur mon écran intime
je te maudis ou te chéris encor.

Et je ne sais entre glace et brûlure
si mon mépris écraserait ton corps
ou si mes pleurs laveraient tes souillures.
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