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sur 50 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lola fréquente beaucoup les hommes. Beaucoup d'hommes. Dès qu'elle a fait l'amour avec eux, elle leur coupe un ongle et elle l'ajoute à sa collection, dans un bocal de verre. « Combien d'hommes, de morceaux d'hommes, de petites ordures y a-t-il là-dedans ? Combien en faudra-t-il encore ? » (p. 23) Ces hommes, Lola ne les aime pas. Et elle ne s'aime pas vraiment non plus. Elle essaie d'oublier celui qui est parti et dont le souvenir blesse toujours autant, des années après. Alors, souvent, Lola se pare, Lola se maquille. Plus elle est aguicheuse, séductrice et provocante, mieux c'est. « C'est important l'effet et le bruit que ça fait, un talon sur le trottoir. » (p. 31) Et tant pis si elle a l'air d'une voiture volée. Lola joue à la pute parce qu'elle estime qu'elle n'est bonne qu'à ça.

Des cicatrices mal refermées, Lola en porte quelques-unes. L'amant disparu, la mère morte trop jeune, le père alcoolique. « Ton silence est sa lente noyade. » (p. 41) C'est ça, Lola se noie dans l'alcool, les cigarettes et les hommes. Et un jour, elle rencontre Dove. Il est beau et il a quelque chose qui fait penser à l'espoir. Et Dove craque pour cette fille sublime et paumée. « Il aurait dû se dire que la fille était fêlée, qu'elle a l'âme en désordre. » (p. 57) Entre Lola et Dove, est-ce l'amour ? En tout cas, ça fixe le temps, et les jours qui défilent sont plus précis. Plus monotones aussi. « Elle a le trac car bientôt il l'aimera dans la normalité ou pire, par habitude. Et c'est insupportable. » (p. 8) Est-elle faite pour cette vie-là, Lola ?

Avec ce premier roman, Julie Estève fait montre d'un talent indéniable pour écrire la solitude et la misère affective. « C'est pas humain d'avoir personne. Personne. » (p. 85) Lola est un personnage fascinant, mais je retiens surtout Nicolas Frifrelin et Matthieu, le cordonnier : ces hommes sont le pendant de Lola. Eux aussi attendent et désespèrent. Il est question de l'amour et de son avenir une fois la rencontre dépassée, quand les premiers élans sont devenus des schémas. « Qu'est-ce qu'il devient le couple, quand il se couche dans le lit où autrefois c'était l'envie et où, là, il y a l'autre si près, si loin ? L'autre et sa peau qui n'a plus de mystère ? » (p. 161) Ce n'est pas très optimiste : à croire que le couple, c'est un peu la gueule de bois du désir.

Deux mystères restent à la fin de cette lecture. le narrateur s'adresse à l'homme qui manque à Lola à la deuxième personne. C'est donc qu'il le connaît, alors qu'il parle de Lola à la troisième personne, ce qui la met à distance du lecteur tout en rapprochant l'inconnu dont on ne sait rien. Qui est ce foutu bonhomme qui a déglingué Lola ? Pourquoi en faire une silhouette si impalpable alors qu'elle bourre Lola de coups au quotidien ? Autre mystère, la fin. Ou plutôt le début. Ou peut-être les deux… Lola, qu'as-tu fait ? Mais ces mystères ne sont pas des points négatifs. Ils sont la marque d'un premier roman dont l'auteure prouve qu'elle ne fait que commencer à explorer son talent.
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Moro-sphinx est un roman assez déroutant voire déstabilisant dans le genre qui peut choquer plus d'un en découvrant le personnage de Lola. Faut dire que cette nana là, ne se cache pas du tout pour assouvir ses besoins sexuels. Non, elle ne papillonne pas. Son cas est dans la destruction. Voilà, elle se détruit en ayant des relations sexuelles avec tous les hommes qu'elle rencontrent sur son passage (cinéma, restaurant, voisin du palier, cordonnier etc...). Depuis la mort de sa mère, suite à un accident de voiture, Lola a changé. Son comportement empire quand son père tombe dans l'alcool ; la délaissant au fil du temps. Et, c'est en grandissant ainsi, dans cet abandon, que Lola a besoin d'exister. de Survivre. Alors, dès que ses pulsions arrivent, parfois, plusieurs fois dans la journée, avec différents partenaires, Lola a besoin, comme un trophée gagné ou peut-être, une preuve de cet échange avec l'autre, d'avoir un morceau d'ongle de ses proies pour le placer dans son bocal. Bocal qui commence à être plein, d'ailleurs. Elle part souvent à la chasse, habillée comme une prostituée, dans les rues de Paris, à la recherche de sa nouvelle victime. Son essence vitale pour exister. Lola est vraiment cramée du cerveau au point d'y aller tête baissée. On ne parle pas des protections, de capotes... Est-ce qu'elle se protège ?? On ne sait pas du tout à part que tout est prétexte, pour s'évader quelques minutes, dans les bras d'un inconnu. Elle ne s'attache pas. Elle ne veut pas aimer ou être aimée. Ce monde là n'est pas pour elle.
Pour ma part, l'histoire, je l'ai trouvée assez spéciale mais avec une écriture fluide et crue. Et même si, j'ai ressenti une certaine tendresse pour cette fille, j'ai eu du mal à trouver une excuse valable pour son comportement.
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Lola est une serial lover des plus particulières…

Elle butine. Les hommes.
Elle collectionne. Leurs ongles.
Comme des trophées. Sur l'autel de la solitude, de la détresse, de la misère affective.

Et puis un jour l'insecte se fait attraper et s'interroge sur l'Amour et son avenir, sur le pardon.

Julie Estève est un papillon qui vient d'éclore.
Sa trompe est d'une grande précision, tout à la fois crue et puissante et en fait au final un écrivain inoffensif mais nécessaire.
C'est une espèce peu commune, à sauvegarder (obligatoirement), dont on reparlera (forcément).


Lien : https://arthemiss.com/moro-s..
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Ce qui surprend d'emblée dans ce roman est l'atmosphère particulièrement tendue et violente qui y règne, rude. Lola ne s'épargne pas et Julie Estève n'épargne pas non plus son lecteur, ce que son portrait en couverture, plutôt sage, n'annonçait pas vraiment. Suivre une Pretty-Woman trash dans ses déambulations parisiennes est en effet à la fois émouvant et éprouvant. Et l'écriture est là, forte, qui élève au-dessus du malaise, cherche à comprendre, et donne à la quête de Lola presque des airs de noblesse. Cette lecture ne peut pas laisser indifférent, elle attire, bouscule, retient et laisse sur le carreau. A découvrir, assurément ! Ouch !
Lien : http://antigonehc.canalblog...
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Drôle de papillon que ce moro-sphinx avec sa trompe qui butine de fleurs en fleurs et qui ressemble tant à Lola qui passe d'homme en homme sans jamais se fixer ! Une fille paumée, trop maquillée, aux tenues provocantes qui laissent jouer ses longues jambes et un cul à se damner, une fille toute seule qui fait perdre la tête aux hommes parce que l'un d'entre eux, un jour, l'a laissée tomber.

Des désillusions de l'enfance (une mère partie trop tôt et un deuil impossible, un père alcoolique) aux désillusions de "l'amour" qu'elle rend trash juste pour ne jamais s'attacher, Lola est une âme en peine que rien de console et que tout homme désole.

Entre propos crus (le sexe pour le sexe, mécanique, calculé, frénétique, s'ouvrir pour souffrir) et purs instants de grâce, la narration déstabilise mais emporte, addictive, dans une intrigue étrange et déroutante (cette histoire de couteau au début et à la fin m'a interpellée).

Quel talent pour un premier roman ! Car ce n'est plus une fille vulgaire qui claque ses stilettos sur les trottoirs de Paris, de bar en bar, mais une gamine perdue qui cherche sans fin un peu d'amour, un idéal, un apaisement qui ne vient pas...

J'ai vraiment beaucoup aimé et j'ai hâte de lire le prochain roman que pourra écrire Julie Estève !
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J'attendais le livre de Julie Estève avec autant d'impatience que d'appréhension. le titre, énigmatique au premier abord, est tout simplement le nom d'un papillon, qui butine de préférence au crépuscule. le roman n'a pourtant rien d'un traité sur les lépidoptères, Lola est le "Moro-sphinx". A la nuit tombée, elle quitte ses vêtements ordinaires et se pare de couleurs criardes pour partir butiner, non pas des fleurs mais des hommes. Dans un style à la fois cru et d'une poésie presque brutale, l'auteure nous décrit ses errances nocturnes, l'alcool qui coule à flot et ses rencontres d'un soir où le sexe est rapide, mécanique, frénétique. Lola, après chaque étreinte furtive, coupe un bout d'ongle à la proie butinée, bout d'ongle qui ira rejoindre les autres dans un bocal qui se remplit, se remplit, se remplit.

Petit à petit, cette "folie" fait sens dans l'esprit du lecteur. Lola agit ainsi pour éloigner un temps ses chagrins, les pertes immenses de l'enfance et de l'adolescence. Je me suis sentie "happée" par ce livre, par cette quête désespérée d'un apaisement toujours illusoire. L'écriture est remarquable, de tension, de nervosité, d'intensité.

Lola, butineuse de l'asphalte, est un papillon inoubliable
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Lola côtoie et couche avec beaucoup d'hommes. Lorsqu'elle a fini l'acte sexuel elle leur coupe un ongle en guise de trophées, s'accumulant dans un bocal de verre. Elle ne les aime pas mais c'est la seule façon pour elle de tenter d'oublier l'amour de sa vie qui est parti. Elle se pavane dans les rues de Paris, habillée comme une prostituée afin d'attirer ses proies. Lola au final est seule, sa mère est décédée et son père se noie dans l'alcool ; elle n'a pas de véritables amis. Lola se lasse de tout et de tout le monde. Et si un jour elle trouvait ‘la' personne idéale à son équilibre ? Est-elle capable d'aimer ?
Portrait d'une femme seule, perdue dont la vie n'a pas facilité la chose ; elle se cache derrière un personnage pour survivre à son chagrin.
Un roman qui m'a embarrassée par ses propos souvent crus. Ces relations sexuelles protégées ou non, nous ne le savons pas ! Une femme qui part tête baissée dans l'inconnu ! Grrrr mais elle est folle celle-là ! C'est glauque, perturbant, énervant ! Un roman qu'il m'a fallu digérer quelque temps !
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J'ai mis pas mal de temps à rédiger ma chronique sur ce roman, non pas que je ne l'ai pas apprécié, mais il m'a fallu le temps de le digérer. Julie Estève, avec ce premier roman, entre de plein pied dans ce que l'édition fait de plus moderne. Elle écrit sur notre monde actuel, avec un langage cru, sans fioritures, elle va droit au but et tant pis si le lecteur peut être choqué ou ne pas apprécier le style en question.

Lola, le personnage central du roman est une femme paumée, qui ne se remet pas de la mort de sa mère et vit toujours dans l'ombre de son premier chagrin d'amour. Elle est belle à sa façon mais se maquille trop, se cache sous des vêtements qui sont ceux des filles de joie, elle consomme les hommes à l'envie, de tous les genres et partout. elle récupère sur chacun d'eux un trophée, un morceau d'ongle coupé après le coït, qu'elle garde précieusement dans un bocal, comme pour remplir ce vide en elle qui prend chaque jour un peu plus de place.

Le personnage devient attachant au fil des pages, lorsqu'elle parle de ses blessures, lorsqu'elle commence à s'ouvrir et lorsqu'elle rencontre un homme en particulier, on pense qu'elle va commencer à guérir, qu'elle progresse.

Moro-sphinx est pour moi une belle allégorie moderne sur le célibat et sur la perte d'êtres chers, on devient ce que l'on est en fonction des circonstances, des accidents de la vie, l'être humain est un terrain toujours en travaux et ne reste pas figé comme un souvenir.

Ce roman a quelque chose de dramatique car il trouve une résonance dans chacun des lecteurs même si c'est à des degrés différents. Qui n'a jamais perdu un être cher, n'a jamais eu de problèmes familiaux ou n'a jamais vécu de chagrin d'amour destructeur ?

Lola est habitée par ses démons, représenté par son serpent avec lequel elle sort, elle lutte pour changer et la question à laquelle le roman fini par répondre est "va-t-elle gagner son combat?"

J'ai passé un moment de lecture très intéressant et j'ai déjà hâte de lire le prochain roman de Julie Estève car ce fut une belle découverte. Les éditions Stock ont eu raison de parier sur elle.
Lien : http://taste.for.troubles.ov..
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Lola traine son corps dans les bars de Paris à la recherche d'alcool et de relations sexuelles. Plus, l'homme la dégoûte, plus elle est satisfaite de l'acte. Cela l'a revigore pour un temps, elle oublie sa solitude.

Moro-sphinx est un roman déroutant. A l'image de son héroïne, l'écriture de Julie Estève est crue, tranchante. Elle décrit à merveille la solitude, le mal être de Lola. le désespoir crève les pages, c'est très puissant.

Lola est un personnage énigmatique. On la suit pendant presque 200 pages et pourtant elle reste pour moi un vrai mystère. J'aurai aimé la comprendre, connaitre ses pensées et ses avis pour ressentir de l'empathie pour elle. Ce personnage le mérite.

Par contre, je n'ai pas aimé ce début, cette fin (comprend qui a lu), cela m'a embrouillé l'esprit et je suis donc ressorti de ce roman doublement perturbée.

Moro-Sphinx démontre un véritable talent d'écriture. Pour son premier roman, Julie Estève nous livre un roman qui ne laissera personne indifférent et tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page. Auteur à suivre…
Lien : https://mesexperiencesautour..
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Moro - sphinx de Julie ESTEVE

Je termine ce livre essouflée…

Lola, jeune femme à la trentaine, offre son corps à qui veut, là où il veut, quand elle en a envie, et elle en a souvent envie. Sa particularité, elle coupe les ongles des hommes qui la possède et les garde dans un bocal, on ne sait pas pourquoi et cela reste à la fin du livre, un mystère.
Lola finit par tomber amoureuse, mais va - t - elle arriver à vivre cet amour ?

Ce roman se lit presque sans respirer, tellement il est rythmé. Ça file, c'est presque épuisant de suivre Lola dans son histoire. J'ai enchaîné les jours à une vitesse éfrénée. C'est bien écrit, c'est fluide, c'est beau, c'est un bon roman ! Un grand plaisir de lecture.

Etraits :

Le gars se tourne à moitié, scannant de haut en bas l'inconnue. Les hommes ont cette effroyable faculté de savoir en quelques secondes et selon une grille de critères toute personnelle si une femme est mettable ou pas. Avec le temps, certains deviennent moins regardants sur le fermeté de la poitrine, la finesse du grain de le peau ou le niveau d'éboulement fessier. Il trouve Lola canon.

Elle était face à lui et il fallait qu'elle sache la saloperie qui se cachait derrière. Elle le sentait que c'était de la saloperie. Elle le pointa avec son index, le doigt comme un petit fusil. Pas une mais six définitions, petits points à la ligne, s'étiraient sur le feuille. Il faudrait qu'elle pige les six et qu'elle en épargne une. Elle choisit au coeur de la liste un tout petit bout de phrase, “porter le deuil”. Porter le deuil, ça faisait sens. Elle s'imagina enfiler un vêtement trop petit que lui avait acheté sa mère, une robe à volants qu'elle adorait. Elle s'imagina dédain comme un besoin d'enfance.

A la fin de la journée, elle jure, elle n'aimera plus jamais personne et surtout pas ce voisin Dove. Elle ne touchera plus sa peau, elle ne regardera plus ses yeux, elle n'entendra plus sa voix, elle ne goûtera rien de ses lèvres, elle n'attendra pas des heures, des jours, des mois que ça meure.

Lola sourit péniblement. C'est une chose d'avoir un mec, mais partir - loin, avec, déjà -, passer des heures et des jours à se rencontrer, elle n'y arrivera pas. Elle n'a pas assez de légèreté en réserve, elle va êêêtre à sec, très vite. Elle se lève fragile, les guibolles claquent des dents.

La Grèce lui a volé une partie d'elle - même. Elle les a oubliés, simplement oubliés sur le sable. Oubliés les ongles, les hommes qui l'ont traversée, ses petites ordures à elle. Elle a oublié.






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