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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Eh bien si j'avais bien aimé l'Iphigénie de Racine, j'avoue préférer la version d'Euripide (si tant est que l'on puisse comparer).

La raison principale est la couleur plus grisâtre des personnages. Agamemnon joue admirablement son double jeu au point que je ne savais plus s'il est réellement affligé de devoir sacrifier sa fille à Artémis, ou si son ambition lui fait considérer l'acte comme nécessaire et surjoue magnifiquement l'affliction (ou un jeu de ping-pong entre les deux). Ménélas est détestable à souhait, mais on le sent roublard. Achille lui-même semble plus intéressé par l'usage abusif qu'on a fait de son nom sans l'en avertir (en suggérant son mariage avec Iphigénie, Achille n'est pas au courant de la manoeuvre destinée à attirer la fille à Aulis) que par le sacrifice de la jeune fille. Et bien sûr, Ulysse est le premier à mener les Grecs furieux qui sentent la volonté d'Agamemnon vaciller à l'idée du sacrifice (décidément le dossier à charge d'Ulysse ne cesse de grossir depuis que je lis des tragédies antiques).

Euripide joue aussi superbement avec les sous-entendus et les quiproquos. Quand Iphigénie retrouve son père Agamemnon, elle fait semblant de ne pas savoir pourquoi elle est là, mais elle pense être là pour le mariage, pas pour mourir. Elle joue donc la mutine d'une façon qui veut dire « je sais mais je fais semblant de ne pas savoir » et Agamemnon lui répond des phrases à double sens signifiant « tu crois savoir mais en fait tu ne sais pas ». Classe !
Le quiproquo se trouve quand Achille rencontre Clytemnestre. Elle l'accueille comme son futur gendre en évoquant le mariage, alors qu'Achille ne sait rien et pense qu'elle lui fait des avances.

D'autres morceaux valent le coup d'oeil : la très belle évocation des origines de la guerre et de l'imposante armada grecque par le choeur ; la supplique poignante d'Iphigénie à genoux devant son père, le suppliant de l'épargner ; la tirade patriotique de la même Iphigénie qui accepte son sacrifice pour les Grecs (non, ce n'est pas une girouette ; elle a été convaincue par un argument de son père).

La tragédie de ne va pas au bout, pas plus que celle de Racine. Au moment où le couteau va tailler sa gorge devant les Grecs assemblés, Iphigénie disparaît, remplacée par une biche qui meurt à sa place. Artémis a eu pitié. Voire… tout cela ressemble à une nouvelle épreuve envoyée par les dieux, afin de mesurer le niveau d'obéissance de l'humanité. le sacrifice d'Isaac par son père Abraham au dieu des Hébreu n'est pas loin.

Iphigénie à Aulis a été jouée un an après la mort d'Euripide. Elle reçut le premier prix, peut-être un hommage posthume, comme aujourd'hui on attribue des Césars. A cette époque la guerre du Péloponnèse n'est pas terminée ; Athènes n'a pas encore perdu. Je ne peux m'empêcher de penser que l'élan patriotique mis en lumière à la fin de la pièce s'adressait aux athéniens, comme une message destiné à renforcer leur courage et leur combativité, afin qu'ils ne baissent les bras, qu'ils soient prêts, eux aussi, à se sacrifier pour la patrie.

Challenge Théâtre 2017-2018
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C'est une Iphigénie tout en sobriété que nous propose Euripide, forte et simple, forte parce que simple, sans aucun ornement inutile.
C'est une histoire simple, mais tragique et Euripide a une maîtrise parfaite. Les émotions de chaque personnage sont sensibles au lecteur. La douleur de Clytemnestre, la courageuse acceptation d'Iphigénie, en particulier, sont réussi.
Les rebondissements de la pièce sont tous bien amenés ; et, Euripide réussit, avec son parti pris de sobriété et de simplicité, à émouvoir et à impressionner.
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Cette pièce constitue une preuve de l'inhumanité des dieux et de la stupidité de ceux qui les écoutent aveuglément, fussent-ils de grands chefs guerriers. En effet, pour que le sacrifice soit efficace il faut un sang innocent. Iphigénie est donc la victime idéale puisqu'elle est une jeune vierge. Si la raison invoquée est le manque de vent qui paralyse la flotte grecque, Ménélas est surtout furieux de s'être fait soulever son épouse adultère par un berger de Phrygie. La cause étant impure, la chasteté de la victime ajoutera un semblant d'honnêteté et de légitimité dans la démarche. Toutefois, il ne faut pas se faire d'illusions, si l'entreprise avait été cautionnée par les dieux, comment se fait-il que le siège de Troie dura plus de dix ans. On pourrait aussi se demander si les dieux grecs (Zeus en particulier) avaient davantage le droit de cocufier les citoyens grecs qu'un prince manipulé par une déesse. Malgré l'arbitraire de la décision, ou à cause du sens du sacrifice d'Iphigénie, on attend impatiemment un signe du destin.
Euripide propose un miracle (Iphigénie remplacée par une biche disparaît de l'autel), une manière de dire que tout n'est pas pourri dans la Grèce antique...
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Une des meilleures pièces d'Euripide. Iphigénie est une de ses figures les plus touchantes. C'est aussi l'oeuvre où on apprend le mieux à comprendre Clytemnestre souvent noircie. A lire en combiné avec la pièce de Racine et "Iphigénie en Tauride". L'opéra de Gluck mérite aussi le détour.
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Un des genies de l'antiquite grecque cette piece est magnifique et merite d'etre lu relu et connue ! A vos lectures un bon moment vous attend !
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Le point de départ est assez simple, bien que très éparpillé dans les livres, ça commence par un pari, trois déesses veulent savoir laquelle d'elle est la plus belle, alors elle demande à un pâtre troyen (si si), fils de Priam, Paris. Paris choisit Aphrodite (contre Athéna et Héra) qui lui promet la main et l'amour d'Hélène ; il part donc la rejoindre auprès de son mari, la séduit et l'enlève.
Ménélas, très en colère, en appel à son frère, Agamemnon, bien plus puissant que lui, et ensemble ils réunissent les grands royaumes grecs dans une armée grandiose qui va détruire la ville de Troie. Il faut expliquer, que les rois grecs avaient un pacte, qui datait de l'époque où ils étaient tous amoureux d'Hélène (fille de Zeus, représente, notons au passage que Clytemnestre est sa soeur, qu'elles aussi les soeurs des Dioscures), elle choisirait son mari, et personne n'aurait le droit de lui voler, et si quelqu'un venait la voler, tous s'allierait pour récupérer la fille
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