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Jean Bollack (Traducteur)Mayotte Bollack (Traducteur)
EAN : 9782707313645
127 pages
Editions de Minuit (08/11/1990)
3.78/5   43 notes
Résumé :
À Aulis, dans l'impasse où l'armée attend de partir pour une guerre à venir, Iphigénie est prise au piège d'un mariage qui masque sa mort. Le sujet de L'Orestie est traité une nouvelle et comme une dernière fois dans cette œuvre posthume d'Euripide dont la simplicité tire son pathétique des langages empruntés.
Le mythe du sacrifice, le prix à payer, fournit le cadre, il ne fait pas l'intrigue. La théâtralisation s'autonomise, elle invente, elle entraîne le tr... >Voir plus
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Eh bien si j'avais bien aimé l'Iphigénie de Racine, j'avoue préférer la version d'Euripide (si tant est que l'on puisse comparer).

La raison principale est la couleur plus grisâtre des personnages. Agamemnon joue admirablement son double jeu au point que je ne savais plus s'il est réellement affligé de devoir sacrifier sa fille à Artémis, ou si son ambition lui fait considérer l'acte comme nécessaire et surjoue magnifiquement l'affliction (ou un jeu de ping-pong entre les deux). Ménélas est détestable à souhait, mais on le sent roublard. Achille lui-même semble plus intéressé par l'usage abusif qu'on a fait de son nom sans l'en avertir (en suggérant son mariage avec Iphigénie, Achille n'est pas au courant de la manoeuvre destinée à attirer la fille à Aulis) que par le sacrifice de la jeune fille. Et bien sûr, Ulysse est le premier à mener les Grecs furieux qui sentent la volonté d'Agamemnon vaciller à l'idée du sacrifice (décidément le dossier à charge d'Ulysse ne cesse de grossir depuis que je lis des tragédies antiques).

Euripide joue aussi superbement avec les sous-entendus et les quiproquos. Quand Iphigénie retrouve son père Agamemnon, elle fait semblant de ne pas savoir pourquoi elle est là, mais elle pense être là pour le mariage, pas pour mourir. Elle joue donc la mutine d'une façon qui veut dire « je sais mais je fais semblant de ne pas savoir » et Agamemnon lui répond des phrases à double sens signifiant « tu crois savoir mais en fait tu ne sais pas ». Classe !
Le quiproquo se trouve quand Achille rencontre Clytemnestre. Elle l'accueille comme son futur gendre en évoquant le mariage, alors qu'Achille ne sait rien et pense qu'elle lui fait des avances.

D'autres morceaux valent le coup d'oeil : la très belle évocation des origines de la guerre et de l'imposante armada grecque par le choeur ; la supplique poignante d'Iphigénie à genoux devant son père, le suppliant de l'épargner ; la tirade patriotique de la même Iphigénie qui accepte son sacrifice pour les Grecs (non, ce n'est pas une girouette ; elle a été convaincue par un argument de son père).

La tragédie de ne va pas au bout, pas plus que celle de Racine. Au moment où le couteau va tailler sa gorge devant les Grecs assemblés, Iphigénie disparaît, remplacée par une biche qui meurt à sa place. Artémis a eu pitié. Voire… tout cela ressemble à une nouvelle épreuve envoyée par les dieux, afin de mesurer le niveau d'obéissance de l'humanité. le sacrifice d'Isaac par son père Abraham au dieu des Hébreu n'est pas loin.

Iphigénie à Aulis a été jouée un an après la mort d'Euripide. Elle reçut le premier prix, peut-être un hommage posthume, comme aujourd'hui on attribue des Césars. A cette époque la guerre du Péloponnèse n'est pas terminée ; Athènes n'a pas encore perdu. Je ne peux m'empêcher de penser que l'élan patriotique mis en lumière à la fin de la pièce s'adressait aux athéniens, comme une message destiné à renforcer leur courage et leur combativité, afin qu'ils ne baissent les bras, qu'ils soient prêts, eux aussi, à se sacrifier pour la patrie.

Challenge Théâtre 2017-2018
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Iphigénie à Aulis, ainsi qu'un certain nombre de tragédies grecques, qu'elle soient d'Euripide ou d'autres, reprend le mythe de la Guerre de Troie , largement développé dans L'Iliade. Seulement voilà, la vision du monde n'est pas vraiment la même dans les deux cas : chez les tragédiens, la guerre n'est plus productrice d'exploits héroïques, mais de destins terribles, de démesure, de mégalomanie, de folie et de crimes. Le mythe de la guerre de Troie se mêle d’ailleurs très étroitement à celui des Atrides, ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes.... J'aurais bien rappelé ici l’histoire des Atrides, mais ce serait sans doute un peu barbant pour vous. Il nous suffira de rappeler que, au début de la pièce, cette lignée a déjà bien plongé ses mains dans le sang, et qu'Agamemnon, fils d'Atrée et chef des troupes grecques, a commis quelques petits crimes dont il pourrait avoir quelques remords - mais le remords, ça n'est guère sa tasse de thé. Pour le reste, je vous juge parfaitement capables de combler vos éventuels lacunes et trous de mémoire par vos propres moyens (les miens étaient... d'une bonne taille). L'auteur, lui, ne se soucie pas d’expliquer quoique ce soit, pour la bonne raison que la pièce composée pour un public parfaitement au courant de ces mythes.

Euripide choisit pour débuter sa pièce le moment précis où les Grecs, partis pour dévaster Troie et reprendre Hélène, la femme d'Agamemnon (mais la suite montrera que c'est surtout pour dévaster Troie), sont bloqués dans la rade d'Aulis, et ne peuvent donc aller mener leur guerre. Calchas le devin a lancé un oracle : pour que la flotte reparte, Agamemnon doit sacrifier sa fille Iphigénie. L'argument est simple et tourne autour de ce dilemme : va-t-il ou ne va-t-il pas obéir à l'oracle, va-t-il ou ne va-t-il pas égorger sa fille pour libérer l'armée grecque de la colère d’Artémis ? Lorsque débute la pièce, il a envoyé une lettre à sa femme pour faire venir Iphigénie à Aulis sous un faux prétexte, mais évidemment dans le dessein de la sacrifier, et voilà qu'il vient juste de changer d'avis.

C'est là qu'on va comprendre que les héros d'Homère ne sont pas tout à fait ceux d'Euripide. Agamemnon, chef des troupes mais vraie girouette, est incapable de prendre une décision, fut-elle insupportable, et oscille entre le désir de rester à la tête des Grecs et d'aller détruire Troie, et son affection pour sa fille. Il semble également avoir peur des Grecs et de ce que pourrait lui coûter le refus du sacrifice de sa fille. Car après tout, les Grecs ne sont que des peuples fédérés ici par un ancien pacte, mais dont la cohésion paraît plutôt instable. Ou cette peur avouée, les larmes aux yeux, n'est-elle qu'un stratagème pour convaincre Clytemnestre, sa femme, de consentir au sacrifice ? On retiendra qu'Agamemnon ne donne pas l'impression d'avoir l'étoffe d'un chef, mais qu'il n'a pas non plus l'intention de céder le pouvoir, à aucun prix. Ménélas, son frère, qui sait lui aussi changer d'avis comme de chemise, est mû uniquement par le désir de retrouver sa belle et jeune femme. Achille, présenté comme le parfait guerrier, pur et sans tache, n'est intéressé que par sa réputation : Agamemnon lui a causé des torts sur lesquels je m'étendrai pas, et c'est d'ailleurs le début d'un conflit entre les deux hommes qui resurgira à Troie. Il ne souhaite sauver Iphigénie que pour laver son honneur. Si ce qu'il rapporte à Clytemnestre est vrai (mais on est toujours plus ou moins porté à mettre la parole de ces personnages de guerriers en doute), ses troupes ne l'écoutent pas et refusent de lui obéir. Ce qui en fait un chef également faible (qu'il mente ou dise vrai).

Euripide fait d'ailleurs écho à l'intérêt que les Grecs portaient aux débats : ça sent les sophistes à plein nez. À plusieurs reprises, dans les dialogues, on trouve deux personnages avançant argument contre argument. Deux exemples : Agamemnon / Ménélas, qui se laissent tous les deux séduire par les arguments de l'autre à la fin de l'échange - avec pour conclusion que tout repart à zéro. Et Clytemnestre / Achille, dont les arguments diffèrent sur le cas d'Iphigénie, et qui, pour des raisons complètement différentes, arrivent à une même conclusion, soit le refus du sacrifice.

On notera par ailleurs que si Clytemnestre trouve ignoble le sacrifice d'Iphigénie, elle trouverait normal que n'importe quelle jeune fille, notamment Hermione, sa propre nièce, soit sacrifiée de la même façon. Dans ce dernier cas, Hermione paierait tout simplement pour sa mère, Hélène. Il y a un grand égoïsme chez les personnages principaux, leur propre personne leur importe plus que la société. Et réciproquement, les troupes grecques ne se préoccupent que d'aller casser du Troyen (le serment fait à Tyndare, comme le dit Agamemnon, étant un bien faible prétexte) et récupérer une femme dont on dit qu’elle a pleinement choisi de quitter son époux, qu'ils ont pratiquement tous convoitée, et qu'ils convoitent sans doute encore. On voit mal le bien qui serait censé en ressortir.

Quant à Iphigénie, on assiste à sa métamorphose au cours de la pièce : de jeune fille éplorée à cause du sort que lui réserve son père, elle devient l'égérie des troupes grecques, et lance au véritable appel au massacre. La destruction de Troie est désormais programmée, avec toutes les souffrances qu'elle engendrera - sujet qu’Euripide avait déjà traité auparavant avec Les Troyennes, Andromaque ou Hécube - et la cause en est finalement la décision d'une jeune fille dite d'une grande pureté. Grand paradoxe, puisque d'autres femmes vont être tuées, enlevées, violées, vont voir leurs époux et leurs enfants massacrés, à cause de ce sacrifice consenti d'Iphigénie, qu'on pourrait qualifier de patriotique... ou de pure folie. D’autant que l'histoire maudite des Atrides va pâtir aussi de cette décision. Jeanne d'Arc n’aurait pas mieux fait ! Bon, pour le coup, l'histoire de la substitution de la biche est du genre décevant, et amoindrit le tragique de la pièce. Mais il fallait bien pour Euripide faire raccord avec Iphigénie en Tauride, pièce écrite des années plus tôt, et, surtout, avec la fin du mythe des Atrides, où Oreste et Iphigénie se retrouvent (j'ai un petit doute sur l'uniformité de la fin du mythe des Atrides dans ses différentes versions, et je n'ai jamais pu savoir si toutes se terminent par les retrouvailles d'Oreste et d'Iphigénie ; il faut dire que je n'ai pas creusé le sujet plus que ça).

En définitive, pour un auteur comme Euripide qui n'a jamais milité pour la paix comme son confrère Aristophane, mais écrivant cette pièce à la fin de la guerre du Péloponnèse - guerre qui fut une catastrophe pour Athènes -, Iphigénie à Aulis se révèle une critique assez acerbe de la guerre et de ses motivations, mais aussi du rapport entre, d'une part, les individus (ici très haut placés) et, d'autre part, la société à laquelle ils appartiennent. Quelque chose semble s'effriter dans la société grecque...


Challenge Théâtre 2017-2018
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Iphigénie à Aulis est une pièce écrite au Vème siècle avant notre ère par Euripide. Ce n'est pas le genre de lecture que j'ai pour habitude de chroniquer mais je me suis dit que ce serait sympa de changer un peu.
Je pense que l'histoire d'Iphigénie est familière à tout un chacun mais que peu de personnes savent d'où elle vient. Un petit rappel s'impose donc.

Dans les épisodes précédents, Paris a enlevé Hélène et l'a emmenée à Trois. Furieux, Ménélas, son maris initial, veut la récupérer. Il fait donc appel à la coalition des chefs des cités grecques pour assiéger la ville de Troie jusqu'à ce que Paris décide de lui rendre son épouse. Manque de pot, les dieux ne sont pas super emballés et décident de stopper le vent. Ainsi, les Grecs ne peuvent pas prendre la mer vers la cité de Troie et partir à la reconquête de la belle perdue. Pour débloquer la situation, Ménélas et ses copains prient les dieux de leur permettre de partir. Ces coquins répondent aux soldats qu'ils ne feront souffler le vent qu'en échange du sacrifice de la fille d'Agamemnon, Iphigénie. Pour rappel, Agamemnon est le frère de Ménélas et le chef de la coalition contre les Troyens.
Dans Iphigénie à Aulis, on retrouve Agamemnon déchiré entre son devoir de leader et son amour pour sa fille. Il lui demande quand même de le rejoindre sur le mont Aulis, où doit avoir lieu le sacrifice, prétextant vouloir la donner en mariage à Achille. Iphigénie est ravie et se rend au rendez-vous accompagnée de sa mère, Alcmène. Alcmène rencontre par hasard Achille qui lui avoue n'avoir jamais entendu parler d'un projet de mariage avec sa fille. Madame comprend le poteau rose, se dispute avec son mari et déballe tout à sa fille. Finalement, dans un élan de patriotisme, Iphigénie décide de se sacrifier d'elle-même, permettant ainsi à la troupe grec de partir récupérer Hélène. Sauf que la déesse Artémis la prend en pitié et la remplace au dernier moment par une biche.

Moment clé de la guerre de Troie, cette pièce est aussi, selon moi, l'un des plus en terme d'émotion. Les personnages sont extrêmement touchants et on comprend très bien les dilemmes qui les habitent. Nul doute que je retrouverai avec plaisir Iphigénie très prochainement pour la suite de ses aventures comme prêtresse. J'ai aussi très envie de découvrir son frère, Oreste, qui semble considérer l'honneur de sa famille comme l'une des choses les plus importantes de sa vie.

Si certains ont peur d'aborder un texte antique parce que le style les effraie, sachez que même en l'ayant lu en anglais, je n'ai eu aucun problème de ce côté là. Evidemment, vous n'êtes pas obligés de vous farcir les très très très longs monologues, je les ai aussi survolés.

Bref, une excellente découverte pour Iphigénie à Aulis, je vous le recommande vraiment!
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C'est une Iphigénie tout en sobriété que nous propose Euripide, forte et simple, forte parce que simple, sans aucun ornement inutile.
C'est une histoire simple, mais tragique et Euripide a une maîtrise parfaite. Les émotions de chaque personnage sont sensibles au lecteur. La douleur de Clytemnestre, la courageuse acceptation d'Iphigénie, en particulier, sont réussi.
Les rebondissements de la pièce sont tous bien amenés ; et, Euripide réussit, avec son parti pris de sobriété et de simplicité, à émouvoir et à impressionner.
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Cette pièce d'Euripide a inspiré directement la célèbre Iphigénie de J. Racine. L'argument est le même. La flotte grecque, en partance pour détruire Troie, est bloquée à Aulis en raison d'un manque de vent. La seule solution, c'est de sacrifier à la déesse Artémis la fille du roi Agamemnon. le roi Ménélas veut absolument aller à Troie pour se venger de l'affront qu'il a subi et récupérer son épouse Hélène (enlevée par Pâris); il veut donc le sacrifice. le commandant en chef de l'armée fait venir Iphigénie au camp grec , soit-disant pour la marier au héros Achille. Quand la princesse arrive à Aulis avec sa mère, Agamemnon se heurte à la colère de Clytemnestre, outrée. Il apparaît tel qu'il est: sans grand caractère, tergiversant sous des pressions opposées, à la fois mauvais père et mauvais chef. Au contraire, Iphigénie montre sa grandeur d'âme en acceptant volontairement la mort. Mais finalement, une biche se trouve immolée à sa place. (Chez Racine, c'est une jeune fille nommée Eriphile, une captive d'Achille, qui est sacrifiée).
Il faut noter que les Grecs anciens condamnaient les sacrifices humains: la volonté d'Agamemnon était condamnée sans appel.
La tragédie d'Euripide met en valeur le personnage d'Iphigénie, jeune fille pure qui vaut beaucoup mieux que les adultes. J'ai trouvé que certains passages de cette pièce sont trop longs. Je préfère nettement la pièce de Racine.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
LE CHŒUR:
Et l'homme aux talons de vent,
le coureur-éclair, Achille,
que Thétis eut pour fils et Chiron pour élève,
je l'ai vu qui, le long des galets de la grève,
se livrait à la course en armes, s'obstinant
à gagner de vitesse, allant et revenant
un char à quatre chevaux.
Oui, le cocher Eumélos,
le petit-fils de Phérès,
piquant de l'aiguillon, à grands cris animait
ses poulains ‒ les plus beaux que j'eusse vus jamais.
Leur mors était travail d'orfèvre, merveilleux.
Les uns, c'étaient deux rouans
(près du timon, au milieu)
le poil moucheté de blanc.
Quant à ceux du dehors, qu'il menait à la longe,
freinant l'un, pressant l'autre en leur course aux virages,
leur robe était de feu, et vers les paturons,
près des sabots, leur poil devenait plus mêlé.
Et le fils de Pélée, allongeant ses foulées
près du char, tout armé, restait à la hauteur
tantôt de la rambarde et tantôt du moyeu.
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AGAMEMNON: Vieil homme, je t'envie ! J'envie qui mène à terme une vie sans péril, n'ayant ni nom ni gloire. Et je les envie moins, ceux qui sont aux honneurs !
LE VIEILLARD: C'est pourtant ce qui fait l'éclat d'une vie !
AGAMEMNON: Mais cet éclat est vulnérable. Etre haut placé dans les honneurs, c'est doux, mais bien amer à qui en a par-dessus le cœur ! Tantôt, pour un manquement à ce qui est dû aux dieux, c'est une vie saccagée ; et tantôt la multitude des jugements humains nous persécute et nous déchire.
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AGAMEMNON: Nous marierons ta fille, au milieu des Grecs.
CLYTEMNESTRE: Et moi, pendant ce temps, où dois-je me trouver?
A: Retourne en Argos, pour veiller sur tes filles.
C: En abandonnant mon enfant? Et qui lèvera la torche?
A: C'est moi qui tiendrai le flambeau rituel pour les jeunes époux.
C: Ce n'est pas l'usage - même si tu fais peu de cas de ces détails.
A: Il n'est pas de ta dignité de te mêler, dehors, à la cohue des soldats.
C: Il est de ma dignité de mère de marier moi-même mes enfants.
A: Il l'est aussi que tes fillettes ne restent pas seules à la maison.
C: Elles sont bien gardées dans leurs appartements de jeune fille.
A: Obéis-moi...
C: Non, par la déesse souveraine d'Argos! Dans les affaires publiques, va, fais à ta guise. Mais pour celles du foyer, c'est moi!
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IPHIGÉNIE

[...]
Ah ! ne détourne pas tes yeux ! accorde-moi un regard, un baiser,
pour qu'en mourant j'emporte au moins de toi
ce souvenir, si ma prière échoue à te fléchir !
Mon frère, tu es bien petit pour secourir les tiens.
Joins cependant tes pleurs aux miens et demande à ton père
qu'il épargne la mort à ta soeur.
Les innocents eux-mêmes ont la prescience du malheur.
Vois, qu'a-t-il besoin de paroles ? Il t'implore, mon père.
Ah ! considère-moi, aie pitié de ma jeune vie,
par ton menton qu'ensemble nous touchons, nous tes deux bien-aimés,
lui, le petit oiseau, moi déjà une femme.
Un seul mot contiendra ma prière et vaincra. C'est le plus fort de tous :
Le soleil que voilà, tout homme avec joie le regarde.
Sous terre est le néant. Bien fou celui de qui les voeux appellent
la mort. Vivre honteux vaut mieux que mourir avec gloire.

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AGAMEMNON
Tu es très habile de la langue ! La langue qui excite à la haine est funeste !

Premier épisode
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Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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