Ce tome fait suite à Immortal Hulk Vol. 6: We Believe In Bruce Banner (épisodes 26 à 30) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 31 à 35, initialement parus en 2020, écrits par
Al Ewing. Les séquences au présent des épisodes 31 à 33 ont été dessinées par
Joe Bennett, avec un encrage réalisé par Ruy José, Belardino Brabo et
Cam Smith pour l'épisode 31, José & Brabo pour le 32, José, Brabo, Marc Deering et
Mark Morales pour le 33. Les séquences du passé ont été dessinées et encrées par
Javier Rodríguez (dessins) et Álvaro López (encrage) pour les épisodes 31 & 32, et par
Nick Pitarra pour l'épisode 33. L'épisode 34 a été dessiné par
Butch Guice avec un encrage de
Tom Palmer, et par
Mike Hawthorne avec un encrage de
Mark Morales pour l'épisode 35. La mise en couleurs a été réalisée par
Paul Mounts, sauf pour la séquence dessinée par Pitarra qui a été mise en couleurs par
Michael Garland. Les superbes couvertures ont été réalisées par
Alex Ross. le tome comprend également les couvertures alternatives réalisées par
Geoff Shaw,
Joe Bennett,
David Nakayama, Pach Zircher, Logan Lubera,
Ron Lim,
Steve Skroce,
Walter Simonson (en mode
Jack Kirby croisé avec
Sal Buscema),
Cory Smith, Inhyuk Lee.
Il y a quelques années de cela, la scientifique Charlene
McGowan travaille pour le Caïd dans un laboratoire synthétisant la drogue appelée MGH (hormone de croissance mutante). Alors qu'elle va effectuer un prélèvement sur Glowboy, un mutant avec un air
toujours triste, elle se souvient de ce qui l'a amenée à travailler pour un laboratoire illicite : les factures de frais médicaux, et une utilisation non autorisée des équipements du laboratoire privé où elle était précédemment employée. Elle se souvient aussi du jour où elle a vu pour la première fois un superhéros en action de près. Il s'agissait de Daredevil quand il a effectué une descente dans le laboratoire illicite où elle travaillait. Pas de chance. Au temps présent, Charlene
McGowan se trouve dans une base Shadow, le site G. Elle est en train d'observer un écran où elle peut voir Hulk et communiquer avec lui. Il se tient face à Xemnu et il est prêt à le massacrer. Mais celui-ci semble s'adresser un large auditoire, en leur demandant de se souvenir de sa jeunesse, quand il était le héros d'un dessin animé pour enfant diffusé le samedi matin. Son pouvoir de persuasion ne fonctionne pas sur le cerveau de Hulk et celui-ci l'attaque. Les journalistes s'en étonnent car Xemnu vient de sauver des dizaines de civils. À l'abri dans son appartement, Dario Agger sourit en buvant du champagne, impressionné par les talents de comédien de Xemnu.
Le combat continue entre Hulk et Xemnu, et ce dernier fait remarquer aux observateurs que Hulk lui fait perdre sa concentration, et qu'en conséquence de quoi il n'est plus en mesure de contenir les monstres tentaculaires qui recommencent à attaquer les civils. Harpy (Betty Ross Banner) intervient à son tour pour déchirer lesdits monstres. Hulk pilonne Xemnu de plus belle. Non loin de là, Rick Jones, Murray et Jackie McGee observent la scène sur un écran de télé dans une vitrine. C'est au tour des 2 membres de Gamma Flight d'intervenir : Puck et Absorbing Man. Ce dernier parvient à faire lâcher prise à Hulk. le monstre vert disparaît, téléporté par
McGowan au sein de la base site G. Elle commence à discuter avec la brute verte, et parvient à le raisonner jusqu'à ce que sa personnalité intelligente prenne le dessus. Ils tombent d'accord sur le fait que Hulk est Hulk.
Il se passe beaucoup de choses dans ce tome. L'intrigue se poursuit du tome précédent et Hulk doit se battre contre Xemnu qui a utilisé ses pouvoirs pour s'inscrire dans a mémoire collective des États-Unis comme état un vrai héros appelé Hulk. du coup le vrai Hulk va essayer de regagner sa place et déloger cette fausse idole qui a conclu un pacte avec Dario Agger, le minotaure qui tire les ficelles. Comme à son habitude,
Al Ewing se montre inventif, et l'affrontement ne se limite pas à un échange de coups de poing titanesques. Xemnu manipule l'opinion publique et Hulk éprouve des difficultés à savoir qui il est vraiment. Même s'il ne dessine pas toutes les pages de chaque épisode,
Joe Bennett est en grande forme, n'ayant rien perdu de sa sensibilité superhéros, avec les gros muscles de Hulk, les veines qui courent à la surface de ses bras, les coups spectaculaires assénés avec une force incroyable, les transformations
toujours aussi hideuses de Hulk, et
toujours une rage d'une rare intensité qui l'anime et qui irradie de son visage. le lecteur se retrouve troublé par la justesse des émotions qui passent sur son visage, y compris lors de suites de 2 à 4 cases en gros plan dessus. Il est tout aussi touché par le doux visage de Xemnu, sorte de peluche blanche aux yeux si émouvants de pureté, en décalage avec sa personnalité manipulatrice, une grande réussite.
Dans le premier épisode, 7 pages sont consacrées à une séquence du passé de Charlene
McGowan, correspondant au début de sa carrière criminelle. Rodríguez & López dessinent dans un registre différent de celui de Bennett, pouvant faire penser à celui de
Marcos Martin en moins épuré. Il convient parfaitement pour évoquer une intervention de Daredevil, ou pour la domination de Xemnu dans l'épisode suivant. le lecteur découvre ainsi ce qui a pu amener la docteure
McGowan à se retrouver à travailler pour des organisations criminelles, mais aussi ce qui la rapproche de Bruce Banner, retrouvant en Hulk toute la colère qu'elle a pu elle-même ressentir. Dans les 3 pages qu'ils dessinent dans l'épisode suivant, ils mettent en scène la manière dont la télévision peut créer une mythologie pur un personnage fictif avec une facilité déconcertante, et en conserver la mémoire. Ils cèdent la place à
Nick Pitarra pour l'épisode 33, pour une séquence se déroulant dans la psyché de Bruce Banner / Hulk. Son exubérance visuelle s'avère tout à fait adaptée à ce qui se joue, pouvant exagérer la masse et la morphologie du géant vert, et même intégrer une parodie fort réussie de
Stan Lee (1922-2018) dans sa fonction de bateleur. le lecteur apprécie d'autant plus ce passage qu'il plonge au coeur de la question de qui est Hulk. Certes le titre de ce recueil en donne la réponse : Hulk est Hulk. Mais de la même manière que le scénariste avait joué avec l'affirmation que Hulk est les deux, homme et monstre, en écho à une bulle sur la couverture de l'épisode 1 (1962) de sa série initiale, il creuse également la question de qui est Hulk en allant plus loin que le constat des troubles de la personnalité de Banner, suite un traumatisme d'enfance, et des problèmes de gestion de sa colère.
Avec l'épisode 34,
Al Ewing revient à l'ennemi de Hulk qui manipule les événements depuis plusieurs numéros, et il en retrace les origines. Samuel Sternes est apparu pour a première fois dans le numéro 62 de Tales to astonish, en 1964. Il est devenu un ennemi récurrent de Hulk. Dans la mesure où il a lui aussi été transformé par les radiations gamma, il est logique qu'il soit lui aussi affecté par l'existence de la porte verte. le scénariste parvient à brosser son portrait dans une histoire de type origines secrètes qui lui est consacrée, montrant comme un agent d'entretien a pu en arriver là. Cet épisode bénéficie de la narration visuelle claire de
Butch Guice qui passe sans difficulté d'une scène dans un laboratoire avec un homme de ménage, à l'apparition d'un monstre bouchant tout l'horizon dans une dimension infernale. Ses dessins sont étoffés par l'encrage plein de texture du vétéran
Tom Palmer, avec une mise en couleurs qui nourrit les dessins sans écraser les traits encrer, sans donner l'impression de dessins trop remplis. Par comparaison les dessins de l'épisode suivant semblent contenir une forme d'exagération comique ou caricaturale, pas
toujours bien venue, avec des visages pas
toujours convaincants. Ils donnent une sensation de revenir à une narration pour jeune adolescent, assez déconcertante. D'un côté, c'est en phase avec le fait que Hulk bénéficie d'un regain de popularité après la découverte des manipulations de l'opinion publique opérées par Xemnu, d'un autre côté, ça marche moins pour le drame se déroulant dans la psyché de Bruce, ou pour l'évolution de sa relation avec Betty Banner. le scénariste poursuit son intrigue sur la base de ce qu'il a développé précédemment, à la fois les actions de Samuel Sterns, à la fois les interrogations sur la personnalité de Bruce Banner et de Hulk. Comme dans les tomes précédents, il a également inclus une citation en début de chaque épisode, avec un thème différent à chaque fois :
Percy Bysshe Shelley (souvenir doux puis triste), Thomas Wyatt (je suis comme je suis),
Ludwig Feuerbach (un diable allié à la vérité plutôt qu'un ange allié à un mensonge),
Irving Berlin (content d'être en bas),
E.M. Forster (gentillesse, lumière // ombre).
Alors même que cette série semble fabriquée de toute pièce sur la base d'ingrédients artificiels (une facette surnaturelle pour Hulk, et une parution bimensuelle pour fourguer plus de camelote),
Al Ewing prouve qu'il a une intrigue à long terme bien claire dans sa tête, et qu'il sait entremêler des scènes de destruction spectaculaire, avec des moments pour faire exister les personnages.
Joe Bennett a apporté une touche visuelle personnelle à cette phase de la vie du personnage, et les artistes intérimaires sont généralement de bon niveau. le lecteur s'enfonce
toujours plus loin dans la psyché de Hulk qui est l'incarnation de la colère et de la frustration de Banner, tellement pures qu'il en devient une créature surnaturelle, en retrouvant des personnages habituels de la série, tout en s'aventurant dans des territoires inédits.