Pour Belinda

 Ainsi, Pete aurait été
descendu par un type qu’il connaissait et en qui il avait toute confiance… et
une sacrée confiance, car la nuit, dans un parc, je ne laisserais pas mon
propre frère m’approcher un pistolet à la main.

De quel droit, sous prétexte que
Belinda a la peau noire, m’empêcherait-on de l’aimer, de l’épouser, d’être
heureux avec elle ? Partout la haine et la bêtise. Je repensai aux trois
gosses et à leurs battes de base-ball. Ils m’auraient assommé s’ils l’avaient
pu, pas tellement parce que je sortais de la maison de Belinda en l’absence de
son mari, mais parce que j’ai la peau blanche. Misère… ! Malgré la belle
assurance témoignée chez Belinda, je savais que, le jour où
Je déclarerais : j’épouse Belinda Caistor, la plupart me tourneraient le dos
et que ma carrière serait pratiquement terminée. Mais, pour moi, Belinda valait
ces sacrifices.

J’ai croisé un flic. Il m’a examiné,
soucieux. Je me suis aperçu qu’il hésitait à m’interpeller, mais ma gueule a dû
le dissuader de chercher des ennuis. Il devait se figurer que je présentais la figure figée des tueurs et peut-être avait-il une femme, des enfants…