AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,38

sur 480 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'était son rêve, Boris a écrit la dernière ligne de son scénario sobrement intitulé Les servitudes silencieuses. Aucun doute pour lui, Louis Garel et Mélanie Laurent seront parfaits dans les rôles principaux. La chance lui sourit enfin : le producteur a validé son travail et une jeune étudiante passionnée de cinéma succombe à son charme ! La vie est belle ! La « petite » modification du casting suggérée, après l'avoir un peu déstabilisé est un tremplin pour rebondir sur cette contrainte…


Dans la lignée de ses précédents romans, Fabrice Caro manie l'autodérision avec brio. le personnage naïf qui tente de s'affirmer et de croire en son étoile suscite encore fois une profonde empathie. On vit avec lui cette descente aux enfers et ses vaines tentatives pour continuer à y croire.

On perçoit aussi l'immense culture cinématographique de l'auteur, à travers les nombreuses références qui donnent à notre anti-héros l'illusion d'être un nom ajouté à cette liste illustre.

Lecture très agréable, comme d'habitude !


208 pages Gallimard 17 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          552
"Rassurez vous, Boris, j'en suis persuadé, on va faire un bon film.." : cette phrase, qui revient dans Journal d'un scénario de Fabrice Caro, un peu comme une sorte de mantra, c'est celle que le dénommé Jean Chabloz, producteur de son état, ne cesse de répéter à Boris, depuis qu'il a lu le scénario de son scénario "Les servitudes silencieuses".

Et qu'importe si le projet de départ- film d'auteur en noir et blanc, sorte de réflexion largement intello et intimiste sur le couple avec les classieux Louis Garel et Mélanie Thierry en tête de gondole, prend de plus en plus du plomb dans l'aile pour se muer progressivement en comédie de potes extraterrestres (?) avec Kad Merrad et Christian Calvier, la sentence ne varie pas, Chabloz est sur que le bon film sera là, au bout du chemin..

Boris, quant à lui, angoissé chronique et qui manque terriblement de confiance en lui comme tout personnage d'un roman de Fabrice Caro, commence à se poser pas mal de question sur la viabilité du projet.

Mais comme il vient aussi de rencontrer l'amour en la personne d'Aurélie, jeune cinéphile très intéressé par le scénario de Boris, il fonce tête baissée et ne voit pas le mur arriver Les cinéphiles- et les autres seront aux anges avec ce nouveau roman de Fabrice Caro.

Sa comédie douce amère sur la grande famille du cinéma est vue sous angle de l'absurde et du grinçant, pour le plus grand plaisir du lecteur.. On dévore, avec une jubilation croissante, le journal tenu par Boris de Septembre à Janvier, truffé de références cinématographiques souvent pointues et qui nous raconte tout des étapes de réécriture du scénario et de la dégringolade du héros !

Au fur et à mesure que Boris s'enfonce dans le mensonge, et s'adapte comme il peut aux aléas complètement absurdes du monde du cinéma, ce récit dont l' humour fait toujours autant mouche nous comble d'aise.

Boris est un personnage de loser comme on en voit tant chez Fabcaro et auquel on ne peut que s'attacher ; car ce personnage prisonnier des sables mouvants de la vie n'a ni le courage ni l'audace de dire " non ".

Pourtant, sa détermination inébranlable à briller dans le monde du septième art force l'admiration.

Truffé de punchlines jouissives- "Les garçons naissent dans les choux, les filles dans les roses, je suis né dans la capitulation"- ce "Journal d'un scénario" est le roman idéal pour les passionnés (ou pas) de cinéma, où règne en maître l'art de l'absurde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          250
Boris est cinéphile, Boris est scénariste, et Boris a UN projet : écrire un GRAND film.
Un film d'auteur qui ferait date, un film qui dessinerait un sourire immense sur le visage du petit bonhomme Telerama, un film qui dirait la Vie (rien que ça !), "la vie en une heure et demi, en 128 feuillets".

Alors le jeune homme travaille d'arrache-pied, et quand la première mouture de son scénario, "Les servitudes silencieuses", semble retenir toute l'attention d'un producteur, c'est la délivrance : enfin pour Boris le jour de gloire est proche !
Comme il se doit pour un bijou du septième art, le film sera tourné en noir et blanc, et le casting idéal est déjà tout trouvé (qui d'autre que Louis Garrel et Mélanie Thierry pour incarner Ariel et Marianne ?). Il ne reste plus qu'à régler les derniers détails pour séduire M6 et satisfaire aux exigences des commanditaires qui financeront le projet, et déjà Boris commence à réfléchir au costume qu'il portera à Cannes pour la montée des marches.

Et c'est là que le génial Fabcaro entre en scène.
Fabcaro et son humour ravageur, Fabcaro et sa plume délicieusement absurde, Fabcaro et sa tendresse revendiquée pour les gentils loosers, pour les braves types emberlificotés dans des situations toujours plus improbables, bouffés par les petites désillusions du quotidien.
Ici c'est Boris qui s'y colle, et qui endosse bien malgré lui malgré lui le costume du parfait pigeon broyé par les rouages de la machine télévisuelle : une fois encore, les mésaventures de ce sympathique anti-héros, incapable de dire non pour ne vexer personne, sont parfaitement jubilatoires !

Contraint au fil des pages de réviser son scénario, le pauvre garçon - au manque criant de personnalité et de confiance en lui - assiste impuissant au naufrage de son chef d'oeuvre, et de concessions en concessions, le joyau cinématographique espéré part en capilotade. Quel crève-coeur que de voir peu à peu sa formidable histoire romantique pleine de silences évocateurs et de profondeur dramatique se transformer en comédie potache formatée TF1 !
Chaque nouveau rendez-vous entre Boris et ses producteurs est l'occasion d'un nouveau quiproquo, chaque proposition d'affiche est plus ridicule que la précédente, chaque texto échangé avec Aurélie (la jeune prof de cinéma dont notre scénariste est tombé amoureux et qui voit en lui le nouveau Woody Allen) donne lieu à d'interminables dilemmes quant au choix du smiley à envoyer en guise de conclusion ("Nous sommes cette génération que L Histoire a plus ou moins épargnée et dont les grandes tragédies se résument à : par quelle émoticône conclure ?")

Résultat : on se marre, bien sûr, et on s'émeut aussi du sort que l'auteur réserve à son narrateur, plein d'ambitions et d'idéaux artistiques mais trop régulièrement rattrapé par ce foutu principe de réalité !

Un régal, et une preuve supplémentaire - si besoin était - du grand talent de Fabcaro : lui seul connaît l'exacte fréquence qui fait à ce point vibrer mes zygomatiques !
Commenter  J’apprécie          197
Succulent ! Coup de coeur inattendu pour cette rentrée littéraire. Un vrai moment de plaisir que la lecture de ce roman qui frôle l'absurde, et pourtant !

Boris est un scénariste dont le projet vient d'être accepté. Plein d'enthousiasme et de certitudes il consigne l'avancement de son travail dans un journal.

Je découvre la plume de Fabrice Caro qui en plus d'être fine est drôle ! J'ai adoré les illustrations de Jules résumées en de petites phrases cinglantes si justes. J'ai adoré l'incarnation de ses personnages par des acteurs réels qui permettent de visualiser les scènes et d'en rire, oui rire. J'ai adoré et attendu avec impatience les mails de suggestions toujours plus extravagantes…je crois que j'ai tout adoré ! Et même si je n'avais pas toutes les références cinématographiques, ce n'est pas un problème pour apprécier le livre.

Un réel moment de détente et d'évasion à découvrir sans attendre. Si ce roman pouvait être adapté au cinéma, ce serait exceptionnel ! (Casting de choix).
Commenter  J’apprécie          120
Récemment, je me suis demandé, avant d'ouvrir Journal d'un scénario, si je ne me lassais pas un peu de Fabcaro, si je ne trouvais pas que ses romans tournaient un peu en rond. Et puis, j'ai lu sa dernière publication.

Dans un sens, on y retrouve tout ce qui fait la saveur de son oeuvre dans son ensemble : un humour piquant, noir, un brin poétique et versant dans l'absurde. Un personnage un peu paumé, avec une réflexion et une remise en question intenses (d'ailleurs, cette fois, le prénom du protagoniste ne commence pas par un « a » mais par un « b ». Coïncidence ? Gnnn). Une situation comique malgré elle. Des relations entre personnages maladroites et pleines de quiproquos. La fameuse recette de l'auteur donc, qui fonctionne encore une fois très, très bien.

Dans samouraï, le protagoniste se heurtait à la question « tu veux pas écrire un roman sérieux ? », et dans Journal d'un scénario, on en revient à cette question du sérieux. le scénario de Boris est très sérieux, une romance tragique, du noir et blanc, des dialogues parfois lunaires. Et pourtant… Rattrapé par les réalisateurs, le scénario va se transformer petit-à-petit. Est-ce la réponse à la question posée dans le roman précédent ? Est-ce qu'au-delà d'une critique bien sentie du monde du cinéma, il n'y aurait pas aussi la réponse à cette question posée de façon anodine, et pourtant tellement importante ? Est-ce que le sérieux n'existe pas, lui aussi, dans le tragique ?

Comme toujours, un roman dans le dur, impossible à lâcher, un humour perçant à l'intelligence glaçante ; non, je ne me lasse pas de Fabrice Caro, jamais, j'ai eu ma piqûre de rappel. Et j'ai été ravie de découvrir cette nouvelle facette de l'auteur, passionné de cinéma, et ses multiples références. Je serais très étonnée de savoir que ce n'est pas encore une des cinquante nuances de Fabcaro dans son honnêteté hallucinante. Encore un beau moment de lecture !
Lien : https://folitteraires.wordpr..
Commenter  J’apprécie          90
Ce journal est l'oeuvre de Boris qui souhaite y canaliser son "trop-plein de positif" après avoir convaincu un producteur enthousiasmé par son scénario. Un peu présomptueux, notre narrateur va en fait y écrire la chronique de ses déconvenues : le film qu'il a prévu d'intituler "Les servitudes silencieuses" ne va-t-il pas être finalement porté à l'écran sous le titre "De l'eau dans le gaz" ?
Au fil des jours, de capitulation en capitulation devant ceux qui tiennent les cordons de la bourse sans pour autant être habités par un grand sens artistique, Boris va voir son histoire d'amour entre deux accidentés de la vie se transformer en celle de l'amitié entre un industriel et un extra-terrestre qui, non content d'être affublé d'un accent marseillais, a aussi le pouvoir de figer ceux qui l'entourent au moindre de ses pets.
Ainsi résumé, ce 5° roman de Fabrice Caro pourrait laisser penser à une grosse farce agrémentée du sens de l'absurde auquel il nous a habitués. Or
l'humour m'a semblé ici plus feutré que dans ses romans précédents même si Fabrice Caro ne se prive pas çà et là de saillies comiques plus spectaculaires. Fidèle à ses habitudes, l'auteur met en scène un de ces "losers" pour lesquels il éprouve une grande tendresse. La rencontre de cet anti-héros avec une jeune cinéphile donne lieu à de multiples références cinématographiques mais aussi à des malentendus dans lesquels son manque de courage l'enfonce chaque jour davantage, pour le plus grand plaisir sadique du lecteur. C'est avec délectation aussi que l'on goûte l'ironie sur l'élitisme d'un certain cinéma, témoin cet extrait du journal de Boris : "J'adore l'idée de semer de minuscules indices confidentiels qu'un nombre très restreint de spectateurs vont percevoir."
Cinéphile ou pas, on ne peut que saluer une fois de plus le talent singulier de Fabrice Caro.
Commenter  J’apprécie          80
Fabrice Caro vient de sortir chez Gallimard Journal d'un scénario (collection Sygne). Comme dans ses précédents livres, le narrateur est plein d'idéaux : Boris a écrit un scénario et a la chance d'avoir un producteur. Son film d'auteur sera en noir et blanc ; il s'intitule Les servitudes silencieuses et, c'est certain, le casting réunira, pour cette histoire d'amour et de rupture, Louis Garrel et Mélanie Thierry.
Mais Boris va peu à peu se confronter à la réalité des choses, et le lecteur, à travers son journal, assiste à tous ses renoncements. D'abord, on n'ose pas dire non ; on accepte le compromis : le film sera en couleur, d'accord... Mais, peu à peu, le scénario échappe à Boris, cet homme trop gentil qui s'enfonce dans le mensonge, souvent pour ne pas blesser l'autre.

On adore suivre les questionnements du personnage, le voir résister mentalement, puis pitoyablement s'enfoncer dans le mensonge par lâcheté/gentillesse. On se reconnaît dans ses bouffées d'orgueil "il va m'entendre, c'est non" qui se terminent pas un "d'accord".
Comme toujours, chez Fabrice Caro, la psychologie est très juste et le lecteur, pour être honnête, se reconnaît dans ces tergiversations. Boris s'empêtre dans le mensonge par peur de perdre la place qu'on lui offre dans le cinéma, place qu'il n'espérait pas, ou par crainte encore de faire échouer sa rencontre avec la cinéphile Aurélie. Mais passer du cinéma d'auteur à un film qui met en scène un extraterrestre péteur, de Louis Garrel à Christian Clavier, c'est dur à vivre, et le lecteur suit l'enlisement de Boris tout au long de ce journal.
Boris est aspiré par des situations qui le dépassent : il n'ose pas dire, par exemple, au fils de son meilleur ami, que son travail de graphiste est abominable (celui-ci ne cesse de lui envoyer des collages ratés pour l'affiche de son futur film...)

La suite sur La Manoir des lettres
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
Commenter  J’apprécie          70
DRÔLE ET DÉCALÉ
Lorsque le producteur contacte Boris pour lui proposer la signature d'un contrat, Boris trouve la proposition si vertigineuse qu'elle lui procure une joie inédite.

Subitement, tout devient concret, son scénario sur une magnifique tragédie amoureuse quitte son lit de papier pour enfin prendre vie.

Il tient alors un journal où il écrit scrupuleusement ses aventures tout comme sa détermination inébranlable à briller dans le monde du septième art.

Et tout semble décidément sourire à Boris, lorsqu'il rencontre la pétillante Aurélie qui s'intéresse à son projet autant qu'à l'homme en devenir.

Mais entre le film d'auteur et le navet, il n'y a parfois qu'un pas...

Un roman drôle et décalé pour les passionnés (ou pas) de cinéma, riche en références cinématographiques et écrit d'une plume ciselée, une histoire où règne en maître l'art de l'absurde.

Un roman très réussi qui se lit le sourire aux lèvres du début à la fin!

@doresixtine
Commenter  J’apprécie          70
Je ris rarement en lisant ... sauf, une fois de plus, avec un roman de Fab Caro !! le discours et samouraï avaient eu le même effet. Quelle écriture, quel sens de la caricature douce, quel pouvoir de dérision !!
J'ai vite senti où allait cette histoire de scénariste qui perd le contrôle de son projet. Et pourtant, j'ai été surpris par l'imagination de Fab Caro et par les frasques de ses personnages.
Commenter  J’apprécie          50
Ma première réaction à l'achèvement de ma lecture : Pauvre Boris !
Tout est au vert pour qu'enfin son projet, son bébé, Les Servitudes Silencieuses soit conçu, enfanté, délivré… Oui mais le docteur Frankenstein passe par là et y met sa touche.
Dans ce roman à part, on découvre le parcours sinueux, semer d'embûche d'un grand scénario vers sa destinée de navet.
Humour, cynisme, dérision… L'engrenage est vicieux.
Ce roman est une petite bulle pétillante qui se lit facilement, voie d'une traite. J'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          50





Lecteurs (924) Voir plus



Quiz Voir plus

Journal d'un scénario (Fabrice Caro)

Comment doit s’appeler le film dont Boris écrit le scénario ?

Les béatitudes silencieuses
Les servitudes silencieuses
Les turpitudes silencieuses
Les vicissitudes silencieuses

12 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Journal d'un scénario de Créer un quiz sur ce livre

{* *}