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sur 2830 notes
Que vous ayez lu les très bons Moins qu'hier (plus que demain), Zaï Zaï... ou aucun des deux, on peut vous promettre un très bon moment en perspective avec le discours (qui aurait pu s'appeler le repas). Paru chez Gallimard, mais sans l'austère couverture habituelle, ce roman se lit très agréablement, vous poufferez en principe. L'auteur multiplie les gimmicks, avec lesquels il jongle pour notre plus grand plaisir. On aimerait avoir pensé avant lui à toutes ces petites choses a priori insignifiantes mais tellement bien vues. L'écriture est à mon sens de très grande qualité, j'ai cru par moment avoir entre les mains une parution des éditions de minuit. On imagine volontiers qu'une adaptation BD est possible, et si un jour c'est le cas, il nous sera à beaucoup très plaisant de voir la tête d'Adrien et des autres personnages. J'espère pour les lycéens que ce roman pourra être conseillé par les enseignants, car il me semble qu'il peut donner le goût de lire, voire d'écrire. Un tout petit bémol, les deux trois dernières pages m'ont laissé sur ma faim, j'imaginais une conclusion explosive ou inattendue, mais en tous cas un tout petit peu plus flamboyante.
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« Tu sais, ça ferait très plaisir à ta soeur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie. »
Voilà la phrase qui tombe dans l'oreille d'Adrien, la quarantaine en berne, alors qu'il s'apprête à vivre un repas de famille avec parents, soeur et beau-frère. Soudain, c'est comme si une chape de plomb lui tombait sur les épaules. Un discours… A écouter c'est déjà bien pénible mais à rédiger…et à prononcer... Et pour dire quoi ? Qu'il adore sa soeur Sophie qui lui offre à chaque occasion une encyclopédie (système solaire, univers, oiseaux, insectes, football, Moyen Âge, primates...) et qui n'a pas changé ses habitudes à l'heure d'Internet ? Qu'il trouve son beauf Ludo super-cool, lui qui part sans prévenir dans de grandes envolées lyriques sur le permafrost, le taxon Lazare ou les moaï de l'île de Pâques ?
Il faut dire que le pauvre Adrien ne va pas bien : son histoire d'amour est en train de tourner en eau de boudin et il n'a rien trouvé de mieux que d'envoyer un « Coucou Sonia, j'espère que tu vas bien, bisous! » à sa copine qui avait souhaité « faire une pause », comme on dit. Et notre pauvre Adrien de se demander quelle mouche l'a piqué d'expédier ce message débile qui s'achève sur un point d'exclamation encore plus débile. Et tandis que le repas commence, que sa mère le trouve pâlichon, que sa soeur lui demande comme à chaque fois s'il aime le poivron et s'il prend du sucre dans son café, que son beauf l'entretient sur le « tardigrade qui résiste à tout » et que son père se lance dans des digressions interminables, le gars Adrien attend… une réponse, un petit SMS, un micro-signe de vie de la part de Sonia.
Et le repas avance, et Adrien s'enfonce dans une déprime de plus en plus profonde et… et…
Et en plus, il a la perspective de devoir faire ce discours…
L'enfer sur terre entre le gratin de pommes de terre et la tarte poire-chocolat...
Bon, tout d'abord, pour ceux qui s'interrogent (et je sais qu'il y en a) : ici, c'est un roman… sans images… que du texte, des phrases, des mots ! Et croyez-moi, si l'on rit BEAUCOUP, en même temps, pauvre Adrien, comme on le comprend!, et il y a une telle humanité dans ces situations que j'ai eu pour ma part plusieurs fois les larmes aux yeux. Ce sont des moments que l'on a tous vécus un jour ou l'autre, des passages à vide où l'on a « assuré » devant les autres alors qu'au fond, on était en miettes, on avait envie de pleurer toutes les larmes de son corps en sachant très bien que le verre de jus d'orange que nous proposait notre maman chérie ne suffirait pas à étancher le raz de marée de notre tristesse.
Dans ce texte, tout est juste, percutant, bien vu, tellement vrai, si drôle, si triste et tellement tendre en même temps !
Fabrice Caro mêle à un sens de l'observation super-aigu un irrésistible humour absurde, le tout génialement ficelé dans un récit qu'on ne lâche pas… Et on en redemande ! La cerise sur le gâteau ? Un coeur gros comme ça et une vraie empathie pour ses personnages - même le beau-frère - (et pour l'humanité tout entière aussi d'ailleurs)  ! Et c'est précisément ça qui m'a touchée…
Je l'aime beaucoup ce Fabcaro, oui, vraiment beaucoup !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Le monde, cet inconnu, permet à des milliards d'êtres humains de cohabiter de façon plus ou moins houleuse. Parmi eux, certains vivent sous le même toit, dans le même immeuble, dans la même ville, dans le même pays. D'autres choisissent de s'unir dans le même coeur pour habiter le même amour.

Toi lecteur, assis à la table d'un dîner de famille : tu as choisi l'union du toit. Comme Adrien. Enfin pas tout à fait, lui préfèrerait être avec Sonia. Mais elle a voulu faire une pause : une pause dans l'équilibre du monde ? Incompréhensible. Comment Adrien peut tourner sans Sonia ?

Ton histoire me rappelle la sienne. Assis face au transmetteur silencieux de l'amour de Sonia, ton téléphone. Face à toi, ta famille : ta soeur dont les sujets de conversation affleurent le vide, ta mère trop fière de toi pour tes cadeaux ratés d'enfance, ton père muet comme ton téléphone. Et ton futur beau-frère, qui a tout réussi. Lui, qui au détour d'une phrase, t'a glissé à l'oreille : fais un discours pour ta soeur le jour de son mariage, ça sera son plus beau cadeau.

Le silence de Sonia fait trop bruit. le dîner s'éternise. Trop longtemps. Tu te rappelles de ta vie, de tes choix, de tes actes. Son silence te plonge dans les méandres des émotions, tout devient sensible. Chaque parole devient absconse, un labyrinthe tombé dans ta bouche. Acculé au bord de l'explosion, que vas-tu pouvoir faire ?
Lien : https://thesaurex.fr/2021/12..
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Attention, ceci est un objet « littérire » : risque assez élevé de déclenchement de crises de rires.
Donc évitez de lire en catimini à proximité de votre conjoint ou conjointe qui tente de s'endormir.
Voilà en tout cas longtemps que je n'avais pas autant ri. Et quand on y pense, on lit bien plus souvent des histoires tristes, tragiques. C'est à se demander si faire pleurer dans les chaumières est plus vendeur ou plus facile que de faire rire. le rire est une affaire très sérieuse.
Mon dernier très bon souvenir littérire remontait à Qui a tué l'homme-homard de J. M. Erre.
Là, on a vraiment l'impression de lire un sketch. le personnage principal ? Un homme qui oscille entre la réalité et ce qu'il souhaiterait être la réalité. Parce qu'il vit des moments difficiles : le déjeuner dominical chez ses parents, qui le renvoie à ce qu'il n'a pas encore réussi dans la vie. Et ce qu'il n'a pas réussi dans la vie, à savoir sa vie de couple, est mis en exergue par le mariage prochain de sa soeur, où il a été volontaire désigné pour un discours. Entretemps, il gamberge. Sur sa petite amie qui a demandé une pause, peut-être à cause du beau Romain, avec sa guitare et cette la douleur ancienne au fond des yeux qui fait se pâmer les filles et qui rappelle un peu le blond des sketchs de Gad Elmaleh.
A quel moment les choses ont bien marché dans son couple, à quel moment ce qui était mignon est devenu insupportable. Et puis ses parents qui ne changent pas, avec sa mère qui soigne tout au jus d'orange. L'univers de son enfance et ses défaillances lui reviennent en pleine figure pendant ces déjeuners immuables, alors que lui tente de s'en extirper. C'est extrêmement bien rythmé. C'est bien écrit aussi. Car parfois les écrivains confondent rires et langage bas de gamme. Les références littéraires et musicales sont tout à fait bien placées. Mon petit chouchou : la séquence avec l'album Sticky fingers. On n'aurait pas pu choisir un album plus opportun.
Bref, c'est un vrai moment de détente, de rire et de dissection fine et précise, d'une relation de couple entre les doutes du début et les doutes de la peut-être fin.

Alors faut-il le lire ? Ah oui ! Ne passez pas à côté. C'est bon pour la santé. Pour ceux qui souhaitent se documenter plus sérieusement au niveau du rire, je recommande également le fameux Rire d'Henri Bergson. Et Qui a tué l'homme-homard de J. M. Erre.

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Une demi étoile pour l'éditeur!
Écartez-vous maintenant et passez votre chemin, et de toute embûche sur le chemin !
Bordel de tanche de pignouf de petit canaillou


aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!
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Le discours ou l'art de sauter du coq à l'âne érigé en genre littéraire tout en mangeant du gigot accompagné de gratin dauphinois, lors d'un repas familial.
Alors que Sonia, sa petite amie, qui vient de le quitter, ne répond pas à son message envoyé à 17h24 et lu par elle à 17h56, et que Ludo son futur beau-frère lui demande de pondre un discours pour la cérémonie de son mariage avec Sophie, voilà Adrien sévèrement perturbé !
Et pour le coup il s'embarque dans un monde d'élucubrations toutes plus farfelues les unes que les autres, à nous distiller son mal-être en évocations de ses amours bancales, à s'évader en digressions saugrenues sur les moindres banalités du quotidien, à stigmatiser les petites habitudes de chacun devenant au bout du compte si parfaitement insupportables qu'on finit par avoir des envies d'étrangler son prochain.
Et Adrien de se sentir parfaitement minable jusqu'à se percevoir "comme un déchet mal balayé".

Tout cela est mené avec humour, un poil de tendresse, une touche d'ironie, un soupçon de dérision et une grosse pincée de fantaisie.
C'est léger comme un soufflé, tendre comme un macaron moelleux, un peu acide comme une compote de rhubarbe et délectable comme une tarte poire-chocolat, même si la pâte n'a pas été suffisamment tourée ! (Ludo dixit)

Bref, ça se déguste bien et ça se digère facilement, même si cela laisse en bouche comme un arrière-goût d'amertume pour ce qui concerne les joies de la famille et de la vie en général.
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N'ayant toujours pas lu ce fameux Zaï zaï zaï zaï qui semble si formidable qu'il figure sur le bandeau et de ce roman et de Figurec (que j'ai lu l'année dernière et fort apprécié), je me suis attaqué avec gourmandise au Discours, paru en 2018.
Et je n'ai pas été déçu. Fabrice Caro utilise la même recette que dans son roman précédent (Figurec, donc, qui datait de 2006, donc il prend son temps et s'occupe plutôt de BD) et cela fonctionne : humour, dérision, ironie mordante, regard impitoyable sur son personnage principal et rythme bien marqué. Les piques valsent, les remarques judicieuses ou exagérées, selon, fusent.
L'auteur dresse le portrait d'un personnage déprimé et déprimant, mais si amusant. Et si proche de nous par certains côtés (pas tous, hein, sinon, on pourrait s'inquiéter). Plusieurs fois, pendant cette lecture, je me suis surpris à opiner du chef.
Alors l'accumulation pourrait lasser, mais le roman est suffisamment court pour nous empêcher de saturer. Et l'alternance entre les différentes versions du discours, toutes plus drôles les unes que les autres et le désespoir amoureux du narrateur maintiennent l'attention. Il reste donc après cette lecture un sentiment plaisant et un léger sourire sur le visage.
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Un diner de famille. Classique. Rien à se dire, à part des débats sur le chauffage au sol, le permafrost, les précipitations de ces derniers jours. Adrien se voit proposer par son beau-frère de faire un discours pour le mariage de sa soeur. Il ne sait même pas pourquoi, il dit oui. Pendant tout le dîner, il élaborera dans sa tête des tentatives de discours toutes plus drôles et décalées les unes que les autres. Et puis, le narrateur attend un texto de son ex, il ne résiste pas à lui écrire, encore, et il attend une vibration de son portable comme le messie. Il revient en pensée à son histoire d'amour, ce qu'il a raté, la lente dégradation de leur amour, comment passe-t-on de "mon coeur d'amour" à simplement "Adrien"... Et les 197 pages de ce roman se passent intégralement pendant la durée de ce repas, dans la tête du narrateur ; sans que je me sois ennuyé une seule fois.

Fabrice Caro réussi, selon moi, un tour de force. En effet, il parvient à écrire une intrigue ou il ne se passe rien - ou presque -, et je ne me suis pas ennuyé, je n'ai pas abandonné le livre, je n'en ai même pas ressenti l'envie, il m'a captivé. Comment se fait-il que cette histoire sans action, sans retournement de situation, sans rebondissement m'ait plus captivé qu'un thriller haletant - enfin quasiment ? Peut-être cela vient-il de ce personnage principal, humain, qui pourrait être vous ou moi, loin des archétypes de personnages principaux. Ou encore cette écriture emportée, ce style en forme de vagues qui se calme puis qui, d'un seul coup, vous percute... tout comme cette intrigue qui brille de simplicité et d'humanisme. Bref, j'ai énormément apprécié ce second roman de Fabrice Caro, et le relirai même bien dans quelques temps !
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J'avais vu le film tiré de ce livre et j'avais trouvé cela sympa. Je réalise en lisant ce livre à quel point le film était fidèle à l'esprit du livre (mais je sais que je n'écris pas sur le site cinémalio). Toutefois le caractère très littéraire du livre rendait certains aspects du film un peu lourds.
Le livre, lui, est vraiment excellent. On y retrouve l'humour incroyable de Fabrice Caro, son style étonnant car il excelle à décrire la sinuosité de la pensée et à restituer avec ironie les dialogues (étonnamment certains passages m'ont ainsi fait penser à le Carré qui excelle aussi dans cet art). Les phrases sont parfois très longues, subtiles. On retrouve là la vision ironique de l'existence, la vision décalée des hommes, une tendresse constante pour des personnages que l'on moque pourtant allègrement.
En somme, un livre court et remarquable qui peut constituer un joli cadeau plutôt romantique....
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Une petite lecture sympa à intercaler entre 2 pavés ou livres plus sérieux ! Adrien, la quarantaine, est de retour chez ses parents pour un dîner de famille avec sa soeur et son futur beau-frère. Mais au delà de la routine habituelle des relations familiales, rien ne va plus : alors qu'il guette désespérément un texto de son amoureuse ou ex-amoureuse, Sonia, ne voilà-t-il pas que son beau-frère lui demande de préparer un discours pour le mariage de sa soeur ?
On retrouve dans ce roman l'humour caustique du dessinateur de BD FabCaro. Je m'attendais au départ à un livre beaucoup plus gai (les critiques en 4e de couverture promettant des éclats de rire) mais on est plutôt dans l'ironie désabusée et la critique subtile mais acerbe. FabCaro a le chic pour mettre le doigt pile où ça fait mal et décortiquer en quelques mots tous les non-dits et routines absurdes de nos relations familiales. Petit à petit, ce repas prend des airs de tragédie grecque avec ses répétitions qui n'en finissent pas (les différentes variantes toutes plus improbables les unes que les autres du discours qu'Adrien ne fera pas), l'attente désespérée du texto libérateur de Sonia qui prouvera qu'un lien subsiste peut être encore entre eux et la rupture soudaine de toutes les traditions quand maman sert une tarte aux poires au lieu du sempiternel gâteau au yaourt.
C'est une lecture agréable et distrayante que j'ai trouvé plutôt douce-amère : difficile de ne pas en sortir légèrement déprimé quand l'auteur décortique la fragilité de nos relations et les malentendus qui s'accumulent au fil des années même entre les personnes qui s'aiment le plus.
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