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sur 2801 notes
Lorsque son futur beau-frère lui demande de faire un discours pour le mariage de sa soeurette, Adrien ne trouve rien à répondre à part "Oui, oui, bien sûr, avec plaisir". Quelle idée il a eue ! Déjà que de l'écrire, c'est pénible. Alors, le clamer haut et fort devant un parterre d'invités aux têtes inconnues... Faut dire aussi qu'Adrien n'était pas vraiment à ce que Ludo lui disait. Il avait un peu la tête ailleurs depuis qu'il a envoyé un texto à son ex, Sonia, qui, sans aucun signe avant-coureur, lui réclame une pause... Une pause qui dure déjà depuis 36 jours. Et, là, juste avant de se rendre à ce petit repas familial, même s'il s'était promis de ne pas la contacter, il lui a envoyé un SMS. le con ! Foireux, en plus, le SMS. Ainsi, entre l'éternel gratin dauphinois de maman et son gâteau au yaourt, entre le flot de paroles scientifiques et pompeuses de son beauf et les digressions interminables de son père, entre les différentes formes de discours qui traversent son esprit, Adrien, lui, espère et guette une réponse...

Fabrice Caro, alias Fabcaro, change de registre, une fois n'est pas coutume, et nous offre un livre sans image, autrement dit un roman ! L'auteur dépeint une soirée au cours de laquelle Adrien, quarantenaire un brin déprimé, attablé avec sa petite famille, imagine les discours improbables qu'il devra faire au mariage de sa soeur. Tout ça en attendant impatiemment ne serait-ce qu'un minuscule signe de vie de son ex et en déroulant les souvenirs de leur liaison. Ce roman doux-amer nous plonge dans une ambiance à la fois mélancolique, drôle et touchante. Adrien, loser patenté, désabusé, terriblement attachant, ne cessera, au cours de ce repas, de se poser mille questions, analysant l'amour sous toutes ses formes mais aussi les travers de ses proches et les siens. Un regard acerbe et caustique sur la famille et l'amour. Un sens de l'observation brillant et intelligent. Un roman pétillant, jouissif, parfois grinçant. Un Fabcaro qui manie à merveille l'art de la chute...
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Je m'étais dit en recevant ce roman de l'éponyme Fabcaro, zaï zaï zaï, ça va décoller, la banane et tuti quanti et puis, le soufflé retombe et ça donne un aïe aïe aïe...

Adrien, quarantenaire est en pause de tout. Pause avec Sonia et ça dure et ça dure. Pause avec son inspiration, qu'aller raconter de merveilleux au mariage de sa soeur Sophie. This is The question. En pause dans ses souvenirs qui s'étendent à rallonge.
En rumination perpétuelle sur ce fameux discours de mariage, Adrien épilogue sur ses vieux, son amour de Sonia qui ne répond pas à son « j'espère que tu vas bien, bisous », le tout avec des notes philosophiques, ironiques, acerbes, parfois pompantes et parfois drôles sur le jus d'orange, le gratin dauphinois, les tic tac et j'en passe.

On suit ici les ruminations d'un homme souvent désabusé, un brin déprimé, un peu fatigué, trop de pression, trop de non-dit, trop d'encyclopédies comme unique cadeau depuis des lustres, ça use les encyclopédies, ça use que personne ne se demande ce qu'il aime et qui il est dans le fond. Alors puisque le monde lui échappe autant abuser d'absurdité, de nonchalance et d'humour bien sûr. Avec l'humour, tout passe. Ou presque.

Ce n'est pas un roman ni une bande dessinée. C'est un discours. Un discours qui m'a semblé interminable à certains moments, un discours qui part en vrille, qui décortique tout et rien à la fois. J'ai souvent souri et je reconnais une plume ironique bien maîtrisée mais la magie n'a pas opéré pour ce premier rendez vous avec Fabrice Caro.
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Ce livre aura une saveur particulière pour moi , puisque ce sera le seul trouvé lors du confinement donc...le seul acheté . Fort heureusement , mon abondante PAL m'a vraiment mis à l'abri de toute pénurie dans ce domaine et j'espère bien avoir retrouvé le chemin de la librairie avant épuisement de la réserve...Dans le cas contraire , chers amis , on est mal.....mais ...
Revenons donc à nos moutons , en l'occurrence ce fameux " discours " qui va tant perturber notre ami Adrien . Faire un discours pour le mariage de sa soeur , c'est un honneur ,un plaisir , un bonheur .Oui, mais voilà. Prononcer un discours pour un mariage alors qu'on est en pleine " pause " amoureuse , pas évident. Pas facile, non , chacun ou chacune d'entre nous ayant connu la douloureuse expérience du " largage" pourrait en témoigner ....Il est des moments où...Le problème, avec Adrien , c'est que ça ne semble jamais être vraiment..... le moment . Cruel dilemme que de se voir , malgré soi , projeté sous les projecteurs , de devoir " louer " le bonheur quand ce mot vous fuit en permanence , sans que jamais personne ne s'en aperçoive . Il faut reconnaitre qu'on va avoir sous les yeux un personnage qui aurait sans doute rédigé et lu un très bel éloge funèbre ... mais un discours de mariage....Un peu parano , notre héros , ceci expliquant peut - être cela ...Noir , c'est noir et si encore , comme disait Johnny , il restait l'espoir ...
Ce roman relate un repas familial avec toutes ses règles, ses conventions , portrait touchant d'une réunion régulière aux rites immuables , aux échanges courtois , aux discussions lisses , aux clins d'oeil faussement complices , des situations vécues par nombre d'entre nous , conventionnelles mais o combien indispensables au bon équilibre de la tribu...Et lorsque vient la " question qui tue " .....
J'avoue avoir beaucoup ri au début du récit, ri de bon coeur , ri " jaune " aussi , ri tant l'observation était fine , juste , délicate, empreinte de subtilité, une écriture comme j'aime , alerte , jouant avec les mots , pleine d'humour sous - jacent et de dérision...Et puis , peu à peu , mon intérêt s'est émoussé dans la mesure où j'avais l'impression de tourner de plus en plus en rond dans une réflexion qui , quoi qu'il arrive , n'aurait pas d'issue ....Les personnages se sont avérés de plus en plus caricaturaux , un peu trop à mon avis , et c'est finalement sans déplaisir, mais sans enthousiasme non plus , que j'ai abandonné Adrien à son triste sort en tournant la dernière page d'un roman vite lu , pas forcément vite oublié tant il regorge d'extraits désopilants de cruauté , mais....
Certains lecteurs ont adoré et c'est très bien , encore une fois , personne ne peut se targuer de détenir "la vérité " ; moi , je reste un peu sur ma faim même si je reconnais que l'exercice auquel s'est attaqué l'auteur est , me semble - t- il , d'une grande difficulté et mérite vraiment le respect.
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Tout débute par une demande faite à Adrien lors d'un repas de famille : « Tu sais, ça ferait très plaisir à ta soeur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie. » Et c'est parti !
Adrien, la quarantaine, déprimé, un peu décalé, dans l'attente d'une réponse au message qu'il a adressé à son ex, Sonia, qui l'a quitté pour faire « une pause », est catastrophé par la requête de son beau-frère et cette demande va prendre des proportions démesurées.
Pendant cet interminable repas de famille basé toujours sur le même schéma, répétitif à souhait, s'ajoute, pour Adrien, l'interminable attente d'une réponse à son message…
Son discours, en fait, ce sera le récit de son regard sur le monde, un regard sans concession qu'il va écrire et réécrire intérieurement, tout au long du dîner.
C'est tour à tour tendre, drôle, mélancolique, souvent hilarant mais ô combien touchant ! Touchante est cette solitude que vit Adrien, cette solitude de chacun au milieu des autres.
Ce roman est un soliloque, le discours de cet homme isolé au milieu des siens. Il s'entretient avec lui-même, avec tout de même parfois quelques interférences avec les autres.
Le discours est un roman traversé par une mélancolie hilarante, à l'humour cinglant. Fabrice Caro, alias Fabcaro, célèbre auteur de bande dessinée, nous livre là un deuxième roman très réussi qu'on pourrait situer entre humour noir et autodérision, un texte dans lequel il conte vraiment bien l'absurdité des apparences.

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Livre étonnant, original que le discours de Fabrice Caro, un auteur très connu dans le monde de la BD où il s'appelle Fabcaro.

Tout part d'une demande de Ludo, son beau-frère, qui va épouser Sophie, la soeur d'Adrien, le narrateur. Nous sommes en plein repas de famille, chez les parents d'Adrien qui a d'autres soucis bien plus importants car celle qu'il aime, Sonia, a décidé de faire « une pause ». Il lui a bien envoyé un message mais la réponse tarde à venir.
Le repas dure et Adrien est torturé par cette demande de discours dont il nous gratifie de plusieurs versions différentes, allant de la tendresse à l'humour vachard. Pendant que les discussions meublent le temps, que le gigot est toujours aussi bon – même si Adrien n'apprécie guère – nous faisons connaissance avec les membres de la famille, avec les amours du narrateur qui imagine tout un tas de raisons au silence de Sonia.
« J'ai quarante ans et j'achète des Tic-Tac pour cacher à mes parents que je fume, voilà où on en est. » Déprimé à trente ans, le voilà à nouveau chez ses parents, dix ans plus tard alors que sa mère est à l'affût du moindre prénom féminin pour espérer caser son fils…
Pendant que le débat, à table, porte sur les avantages et les inconvénients du chauffage par le sol, Adrien nous fait part de ses soupçons car « la pause » de Sonia s'appelle sûrement Romain, un musicien, « un grand brun un peu ombrageux ».
Les thèmes habituels défilent avec l'habituel chapitre des cancers que chacun se croit obligé d'alimenter avec un maximum de cas. Adrien voudrait tant se confier, dire ce qu'il a sur le coeur mais c'est trop difficile pour lui car Ludo ramène toujours sa science et, de toute façon, sa mère lui proposerait aussitôt… un verre de jus d'orange !
Dans ce roman, Fabrice Caro manie l'humour avec talent, glisse un tas de réflexions très pertinentes sur la famille, l'amour, la fratrie, la vie… Autour de cette demande de discours pour le mariage de sa soeur et son problème de coeur avec Sonia, il m'a permis de passer de bon moments et de sourire souvent.
Au passage, le discours livre quelques informations très intéressantes sur plusieurs sujets mais, après le dessert – tarte poire-chocolat faite par Sophie à la place du sempiternel gâteau au yaourt de la mère – l'auteur aurait dû éviter le passage consacré à l'horoscope.

Au final, j'ai constaté que l'optimisme tenait à bien peu de chose, qu'un message sur un portable peut éviter une grosse déprime…

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Découvert avec Zaï zaï zaï zaï, offert depuis à de multiples reprises, tant cette BD, même si le genre ne fait pas partie de mon univers littéraire, m'avait séduite. Alors si Fabrice Caro se lance sans la rédaction sans image, on y va bien sûr. Et l'essai est transformé. J ‘ai adoré ce personnage si ordinairement perdu dans cette comédie humaine, dans une pièce dont il serait le seul à ne pas avoir appris son texte, victime de l'arrogance de ceux qui autour de lui, font comme s'ils maîtrisaient les codes.
Le problème, avec Adrien, c'est qu'il est incapable de dire non. Incapable de refuser la proposition de son futur beau-frère de faire un discours le jour du mariage de sa soeur, lui qui a horreur de parler en public. L'ambiance du dîner familial, déjà prévisible, car reproduisant à l'identique les précédentes agapes autour de la table, du menu aux questions qui ne manqueront pas de surgir, est d'autant plus plombée pour Adrien, qu'en plus d'imaginer le futur discours qui ne manquera pas de le couvrir de honte, il attend une réponse à un SMS à sa fiancée en « pause ».

Fabrice Caro a le don de reproduire avec beaucoup de finesse l'absurdité de ces impasses dans la communication familiale, qui aboutissent au mieux à de l'ennui , au pire à des drames de la mésentente. Ces situations, on les a tous plus ou moins vécues un jour ou l'autre, basées sur des malentendus,, chacun endossant le costume qu'il semble ne pouvoir échanger, qui enlise la situation.

Au delà de ce portrait de loser, on ressent la tendresse de l'auteur pour le personnage. il n'est pas question de se gausser de ses fragilités, mais au contraire on éprouve une véritable empathie quand on prend la mesure de son combat intérieur.

Et on rit, on rit beaucoup et fort. Moins aux bévues d'Adrien, qu'au cocasse des situations vues sous un angle décalé.

Même si l'humour n'est qu'une forme de défense pour oublier les angoisses légitimes inhérentes à notre condition de terriens en détresse, cela reste une excellente façon de réenchanter le monde. Merci Fabrice Caro
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♫ On choisit ses copains mais rarement sa famille ♪
♪ Y a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine ♪
♫ Depuis c'est mon beau-frère alors faut faire avec ♫

Ami babelioteur, si pour toi le mot « famille » a un sens, voir même si c'est pour toi le sens de la vie, enfin de ta vie, si tu fais partie d'associations de défense de la famille (genre un papa, une maman ou tout autre produit dérivé du genre), si travail famille patrie ça te parle alors ne tient pas compte de mon avis sur ce bouquin, ou même ne lis pas ce billet qui ne pourra te provoquer qu'aigreurs et rougeurs.

Ah la famille, ce truc que les conventions et la bienséance rendent obligatoirement respectable, ce boulet fait d'usages, d'habitudes, d'hypocrisie, et d'amour bien sur, non ce truc n'a jamais fait naître en moi le moindre élan de sympathie, ne m'a jamais donné envie de faire partie de.

Petite anecdote perso qui date de quand j'ai quitté Paris avec un dialogue entre un membre de ma famille et moi qui a donné à peu près ça :

— Tu vas habiter où ?
— Près de Lorient, juste de l'autre coté de la rade.
— …
— Pas loin du golfe du Morbihan.
— Ah génial !!!! C'est un combien de trous ?
— Un seul. Un trou d'ba… laisse tomber.

Définitivement, à part ma mère, je ne suis pas famille, pis c'est tout.

C'est certainement pour ça que j'ai adoré voir Adrien se perdre au milieu des siens, au milieu de gens censés être parmi les plus proches. Si proches et si ancrés, si enracinés dans les traditions et les règles que l'autre n'a plus aucune importance. Entre meuble et plante verte, il est là, faisant partie du tout en perdant toute personnalité. C'est pour ça que quand son futur beauf lui demande de préparer un discours pour le jour du mariage de sa soeur, l'Adrien qui n'a qu'une seule envie, celle de fuir, accepte avec joie cette corvée au dessus de ses forces.
J'ai aimé ce repas de famille interminable (pléonasme) où les préoccupations des uns et des autres sont à des années lumière de celles d'Adrien.
J'ai adoré cette voix off, celle qu'on a tous à l'intérieur, celle capable de nous faire penser des horreurs que nous ne diront pas pour ne pas blesser, pour ne pas briser un lien, par lâcheté. Cette petite voix qui fait de nous des supers héros entre deux trahisons à son for intérieur.
Une fin moyenne ne fait pas oublier les éclats de rire tout au long des pages. Un bouquin dans lequel Fabrice Caro reste complètement dans le ton de certaines de ses BD mettant le doigt là où ça fait parfois mal.

Si toutes les familles ne se ressemblent heureusement pas, vous aimerez ce bouquin ou pas selon que vous vous reconnaîtrez ou pas dans tel ou tel personnage.
Famille je vous haine par contre le bouquin j'aime.
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Prononcer un discours lors du mariage de sa soeur, voilà la mission qu'Adrien vient d'accepter, lors d'un dîner en famille chez ses parents. Le commanditaire, son futur beau-frère Ludo, est loin d'imaginer qu'il vient de plonger Adrien dans un abîme de panique. "Un discours, moi ? mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir raconter de drôle ?" Ce n'est pas qu'Adrien soit dépourvu d'humour, non, mais là, voyez-vous, ça tombe vraiment mal, ce n'est pas le moment, ça fait seulement 37 jours qu'il s'est fait plaquer par Sonia, et 37 jours, à l'échelle d'une souffrance éternelle, c'est peu, ça ne fait que commencer et, c'est bien connu, c'est le début qui est le plus difficile. Et comme si ça ne suffisait pas, Adrien, un peu maso, beaucoup déboussolé, passionnément désespéré, à la folie amoureux, a envoyé, juste avant de partir chez ses parents, un texto à Sonia – J'espère que tu vas bien, bisous –, laquelle, 30 minutes plus tard, n'a toujours pas répondu. L'angoisse. A table, Adrien ne raconte rien de tout cela, accepte l'idée du discours sans oser se rebiffer, et attend que son téléphone vibre dans sa poche. En pilotage automatique au milieu du bourdon d'une conversation de famille insipide recyclée pour la 276ème fois, son esprit vagabonde de souvenirs en brouillons de discours, perdu dans un monologue intérieur mélancolique. Adrien s'apitoie in petto sur son sort de loser et d'inadapté social, mais cesse de temps en temps de se regarder le nombril pour balancer (en pensée) quelques piques sur les membres de sa famille, avant de retomber quelques lignes plus loin dans les affres du désamour unilatéral.

Moi qui espérais faire travailler mes zygomatiques avec ce roman, me voilà déçue. Alors oui il y a quelques scènes qui m'ont fait pouffer, plusieurs qui m'ont faire sourire, et même si l'ensemble est assez finement observé et drolatique, le personnage d'Adrien ne m'a pas vraiment touchée. Il n'en finit pas de ruminer, tourne en boucle confiné (le mot du moment) dans sa tête, au point qu'on s'agace et qu'on a envie de lui hurler de dire enfin tout haut ce qu'il pense tout bas, histoire de secouer sa vie étriquée. Malgré l'ironie et l'autodérision, l'histoire de ce personnage désabusé et déprimé, dont personne ne semble rien attendre d'original, ne m'a pas apporté la dose d'endorphines que j'attendais.
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- Un discours ! un discours ! un discours !
- Bon, mais je vais faire court parce qu'il ne faudrait pas déborder sur les nombreuses autres critiques de ce livre, parce que convenez-en c'est souvent chiant un discours, et que j'ai une envie furieuse d'aller fumer une clope.
C'est donc le livre de Fabcaro qui nous réunit aujourd'hui.
Tu permets que je t'appelle Fabcaro ?
C'est donc qu'il me faudra parler ici d'une histoire d'amour qui se meurt, de l'attrait pour les encyclopédies et d'un certain dégoût pour le poivron !
Et d'Adrien, naturellement ...
Qui n'a pas été un peu, à un moment ou à un autre, comme Adrien dans sa vie ?
Coincé qu'il est entre une rupture mal digérée et un discours mal formulé.
Qui n'a jamais été celui dont on ébouriffe les cheveux ?
Adrien est immature, il est un peu lâche.
Pensez- donc, à quarante ans passés, il a dans sa voiture une boîte de tic-tac pour cacher à ses parents qu'il fume !
Mais la vie n'est-elle pas finalement faite que de petites lâchetés ?
Adrien vient de se faire larguer comme une vieille paire de chaussettes par Sonia qui a décidé de faire une pause.
Il est stressé, il attend une réponse au message qu'il vient de lui envoyer ...
Sache-le, Adrien, la vie est une mobylette à laquelle on a retiré sa béquille !
Dès les premières pages de ce livre, Fabcaro entre dans l'intimité de son personnage principal "Adrien".
On peut même dire qu'il s'est insinué dans son cerveau pour y saisir la longue suite de ses angoisses et de ses espoirs, de ses réflexions intérieures et de ses pensées vagabondes.
Il semble qu'il ait découvert un portail qui mène, non pas dans la peau de John Malkovitch, mais dans la tête d'Adrien.
C'est assez fantaisiste, souriant mais finalement très humainement contemporain.
C'est habile, drôle et efficace.
Mais Fabcaro a aussi instillé dans son petit récit introspectif un suspens insoutenable.
Va-t-elle répondre oui ou non ?
Va-elle revenir ?
Est-elle partie pour un bellâtre ténébreux à guitare ?
Autant de questions que tous autant que nous sommes, réunis autour de nos critiques de ce livre, nous nous sommes un jour posées.
Le récit est aussi finement articulé par de petits et judicieux renvois qui sont comme une suite de tendres clins d'oeil un peu moqueurs à l'encontre de son personnage.
C'est bien vu et bien écrit.
Bref, au regard d'un chagrin d'amour, chacun fait c'qui lui plait !
Et mes cigarettes sont toutes fumées dans le cendrier !
Il ne me reste plus qu'à aller boire un verre de jus d'orange ...



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Bien sûr, il fallait que ça tombe en plein silence, entre le gratin dauphinois et la salade. Dis Onee, maintenant que tu l'as lu, tu voudrais pas nous faire un petit Discours sur ce livre ? « Il ne manquait plus que ça pour me pourrir la soirée, un discours ». Les belles-soeurs ont le don pour poser les questions auxquelles on ne veut pas répondre. Parce qu'écrire quelques notes sur une lecture, et improviser un laïus sur commande, quand tout le monde est suspendu à tes lèvres et n'écoute plus que toi, c'est pas la même chose. C'est comme ces pâtisseries maison que l'on fait régulièrement pour se régaler et faire plaisir à son chéri, et qu'on ne sait plus faire lorsque l'on a des invités, que l'un d'eux a réclamé notre fameux gâteau au chocolat, que tous les ingrédients sont sur la table mais que, dans la panique, on ne sait plus par où commencer et qu'on les mélange tous dans le désordre. Comme tout à l'heure, avant qu'ils n'arrivent, quand la figure enfarinée et les doigts pleins de chocolat, j'ai dû envoyer un SMS à Chéri alors que je m'étais jurée de ne pas le faire. Ne m'a-t-il pas dit qu'il voulait « faire une pause » ?(*) En même temps une pause, ça n'est pas un adieu, si ? Est-ce que je dois te raconter ça aussi, belle-soeur, dans mon laïus sur le Discours ? A quel point j'ai compris Adrien, le personnage principal ? « Dans la famille, j'avais toujours été celui dont on ébouriffe les cheveux en déclarant, une lueur un peu triste dans le regard, Aaah lui il est dans son monde… »


Ce sont toujours les gens de notre famille qui nous connaissent le moins. Pourquoi se parler est-il si difficile ? Parce que personne n'écoute vraiment de toute façon ; mais tout le monde juge. Voilà pourquoi on entretient avec nos familles « des rapports navigant mollement entre non-dits, consensus respectueux et acceptation polie, un non-rapport, cette volonté de en pas faire de vague pour ne pas avoir à les surmonter ». le beau frère d'Adrien n'aurait jamais dû lui demander ça, il aurait dû comprendre que quelque chose n'allait pas ; que si, pour une fois, Adrien refusait de faire ce discours, c'est qu'il ne s'en sentait pas capable, ou n'en n'avait pas envie. Mais faire un discours, au mariage de sa soeur et de son beau-frère, c'est forcément un honneur, n'est-ce pas ? Même quand ça implique de penser que « la seule solution pour ne jamais prononcer ce discours serait que la cérémonie soit annulée ». Même si Adrien est aussi en pleine rupture, depuis 38 journées interminables, et que personne ne s'aperçoit de son désarroi. Il devrait, en plus, faire comme si il avait envie d'écrire un discours pour un mariage ! C'est tellement révélateur de notre société, après tout. Car masqués, nous l'étions bien avant qu'un virus nous permettent simplement, et paradoxalement, de nous montrer tels que nous sommes. « Peut-être ne faut-il jamais être soi dans l'intimité si l'on veut qu'une relation dure comme au premier jour, préserver à exhiber l'appartement témoin contre vents et marées, se contenter de montrer la vitrine. »


Alors oui, chère belle-soeur, Fabcaro réussit avec brio un exercice difficile : 287 pages de monologue intérieur dans lequel chacun pourra se reconnaître. Déroulé par une plume fluide et aérienne, il porte pourtant, comme un fardeau, un propos aussi lourd que les habitudes : le masque. Pas celui, très à la mode en ce moment, qui cache nos sourires au profit du miroir de nos âmes, non. Ce masque plus opaque encore, que nous arborons en société sans même nous en rendre compte. Parce qu'on a peur de ne pas être écouté, ou bien alors d'être jugé. Celui qui nous fait dire que tout va bien quand tout va mal ; qui masque les déceptions familiales, assourdit les protestations amoureuses de nos petits coeurs brisés ; répond à une question déplacée par une platitude de circonstance ; celui qui absorbe les rébellions de l'âme alors que vous en ressassez toujours les blessures, béantes de n'avoir pas pu - ou su - s'exprimer au bon moment, de la bonne manière, et dont les cicatrices, mal refermées, continuent de harceler vos pensées indisciplinées, leur flot ininterrompu tourbillonnant inlassablement derrière le miroir sans tain de vos yeux, et le filtre de vos lèvres polies. Ce masque, que la bienséance, la politesse et le respect, inculqués dès la plus tendre enfance, nous ordonnent de garder bien serré. Ce masque, qui bloque le Discours insensé que l'on aimerait délivrer, se nichant là où l'on n'ira pas le chercher, bien au chaud dans nos viscères, qui enflent, silencieuses et complices, jusqu'à ne plus pouvoir - ne plus vouloir - contenir et endiguer encore cet amas de sensations nocives. Jusqu'à vouloir les extérioriser, violemment. Les vomir. Au plus mauvais moment. Genre, celui du mariage de sa soeur. Mais pourquoi crier, pour qui ? quand tout semble dérisoire, sauf la personne qui n'est pas là pour entendre ce cri. « La réalité ne vaut pas suffisamment la peine que je m'échine à la faire exister ».


Voilà pourquoi j'aime les romans introspectifs en général, et le Discours en particulier. Ils disent ce que tout le monde tait, ce que couve nerveusement chacun d'entre nous. J'ai aimé ce livre parce qu'il est drôle aussi, parce que la sincère sensibilité d'Adrien ne trouve parfois que l'ironie pour exprimer l'inexprimable. Et que cet humour transforme tous les clichés qui constituent nos vies, et qui se répondent brillamment tout au long du monologue d'Adrien, en repères auxquels se raccrocher quand tout le reste à foutu le camp. Alors même si, après avoir dévoré les 100 premières pages en jubilant, j'ai eu un peu l'impression de tourner en rond les 100 suivantes, j'ai quand même pris mon pied ; et je suis prête pour suivre l'auteur à Broadway. Mais je sais aussi que ce n'est pas un Discours assez lisse à tenir à sa belle-soeur pendant un repas de famille masqué, dans le silence qui suit la salade et précède le fromage. Alors, oserai-je le faire, ce Discours…? Ou vais-je simplement lui dire qu'il est dans la même veine qu'« Une pièce montée », de Blandine le Callet - en déposant sur la table un exemplaire de cette foutue oeuvre d'art, achetée en vitesse chez le pâtissier car il n'avait plus que ça, avant la fermeture, quand je suis allée chercher un remplaçant à mon gâteau au chocolat loupé ; Un mariage venait d'être annulé.


Et vous, un petit discours ?



(*) PS : pour ceux qui s'inquièteraient, c'est une fiction ;-)
(Je ne rate jamais un gâteau au chocolat^^).
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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