Fabrice Caro sait écrire, c'est indéniable.
Mais, et c'est bien le plus important, il écrit de deux manières bien distinctes ; le premier degré et le second.
Je pensais rire à m'en tordre les entrailles (à part l'arbre à voeux et la prénommée Solène, ceux qui l'ont lu comprendront ce à quoi je fais allusion...), et bien j'ai trouvé ce livre infiniment triste, mais avec une lecture au second degré.
Avez-vous déjà eu l'attente monstrueuse de l'arrivée d'un sms, d'un amoureux, d'une amoureuse, ou bien le plus courant d'un ou d'une ex ?? (Ceux qui répondront non sont soit des menteurs (si, si), soit des gens n'ayant pas de portable).
Tout part d'un déjeuner de famille. Adrien, la quarantaine, s'ennuie ferme.
Il attend un sms de Sonia, son ex. Il est dévasté par ce chagrin d'amour et le manque.
Il est touchant Adrien, c'est un peu le dernier de la liste, celui à qui sa soeur ne lui offre que des encyclopédies, et sa mère, qui lui recommande à chacun de ses problèmes un verre de jus d'orange. On ne parle que de lieux communs, pas trop de choses personnelles, ça pourrait plomber le bon déjeuner... Alors on parle du superficiel avec le futur beau-frère des sujets intéressants certes mais il fait des efforts Adrien, et puis ce même beau-frère qui lui demande de faire un discours lors de son mariage avec sa soeur.
Argh ! Un discours !
Il écoute à peine, tout à l'attente de ce sms de Sonia qui ne répond pas. Il est obnubilé par cette histoire de sms. C'était une sacrée belle relation qu'ils avaient et beaucoup d'amour.
Quelques passages sont magnifiques pour relater certains moments de cette relation qui n'en ait plus une, mais Adrien va mal.
Déjà enfant, il était mis de côté, en course à pied personne ne voulait l'avoir dans son équipe. Encore un enfant bouc émissaire et mis à l'écart.
Et puis ce rêve dans lequel tout le monde mange des gambas savoureuses et lui n'a rien d'autre un triste bouillon de vermicelles mais sans vermicelles.
Tout est dit.
Alors oui, j'ai ri à certains moments mais j'ai trouvé ce livre bien triste finalement.
Adrien m'a touché, m'a fait de la peine, m'a fait me reconnaître dans cette attente folle de la réponse de Sonia. Ah satané sms !
Une lecture au 2e degré s'est donc installée en moi, et la tristesse a tout emporté.
C'est venu insidieusement, tout doucement, comme un petite pression sur mon bras, une gentille tape dans le dos.
Je m'y suis reconnue, hélas.
On a tous un chagrin d'amour dans sa besace.
Il pèse plus ou moins lourd, mais il est là, bien caché, bien enfoui en nous.
Et du coup, on se sent bien vivant.
Très beau livre.
Gageons que
Fabrice Caro ait connu le déchirement de la perte d'un amour pur et total, sinon, il n'aurait pas pu écrire de si belles choses...