Gotlib venait juste de partir, tristesse et désolation dans le monde de la BD française des 50 dernières années. Chaque auteur, scénariste, dessinateur, lecteur lui rendait hommage à sa façon, moi-même postais un petit message sur Babelio. Adieu coccinelle, Super-Dupont, Gai-Luron et Hamster jovial (qui ne l'était plus),
Rubrique-à-brac et Cinémastock, le Fluide était glaçant et ne faisait plus rire.
Or dans le même temps Masse Critique de décembre arriva, avec son lot de BD, romans illustrés, mangas et livres jeunesse, et parmi tout ça « Les nouvelles aventures de Gai-Luron » tome 1. Bien sûr, il n'y avait pas tromperie sur la marchandise, de nouveaux auteurs reprenaient le héros du Maître ; comme un seul homme je m'inscrivis et cochai le livre en question, qui m'échut quelque temps plus tard.
- « Chouette me dis-je avec gourmandise (oui, j'aime bien me parler avec gourmandise quand je suis seul), je vais bien me marrer, comme “dans l'temps”… »
L'objet en main(s) je fus tout de suite conquis, l'ami Gai-Luron en couverture sur fond rouge, le bras (long) sur l'épaule de Belle-Lurette, et l'incontournable souris jouant de la harpe sur le même banc que ses amis. Bel album, beau papier, et en prime un encart de 4 pages cartonnées, sur le retour des aventures du héros, avec la présentation - en interview - des deux auteurs :
Pixel Vengeur au dessin, et Fabcaro au scénario. Un portrait rapide de
Gotlib et un petit mot de lui adoubant gentiment les deux compères comme successeurs.
Alors tout ça et puis tout ça, je commençai la lecture. Ah mes amis on se serait cru revenir il y a 40 ans aux belles heures de Pilote et de
Fluide Glacial ! Gai-Luron, sorte de Droopy français, amoureux transi et benêt, ne sachant pas quand il faut ou quand il faut pas, n'osant déclarer sa flamme à Belle-Luronne, de son côté, naïve, timide et n'étant pas plus entreprenante…
Les pages se tournent et en dépit des efforts des auteurs (eux) et du lecteur (moi), rien ne se passe. Pas un éclat de rire, spasme réprimé ou même vague sourire, rien ! La magie n'opère pas. Malgré le dessin impeccable, fidèle au modèle, et sans reproche à adresser à
Pixel Vengeur, les gags ne passent pas. le texte est du domaine de l'absurdie, c'est normal, mais ne fait mouche à aucun moment. Je ne sais quoi penser. Fabcaro a-t-il voulu être trop fidèle à Marcel, ou manque-t-il de talent pour l'exercice, certes difficile ? Aurait-il dû se lâcher davantage pour s'approprier le personnage ? Toujours est-il que ça ne marche pas du tout…
J'ai pris de l'âge bien sûr, mais n'en suis pas moins adepte de la franche rigolade et du gag à deux balles, pourvu qu'il tombe à point nommé, mais lorsque même Super-Dupont fait une apparition dans l'album, c'est tellement parachuté que c'est presque risible, un comble !
Dommage, je n'aime pas dire du mal des livres que j'ai sous les yeux, mais moi qui espérais retrouver mon âme d'ado avec le retour de Gai-Luron, je reste sur ma faim, et ne mettrai que deux étoiles, pour le travail du dessinateur, mais c'est tout.
L'avenir dira, je l'espère de tout coeur, si je me suis trompé.
Pardon de mon oubli, merci à Babelio et
Fluide Glacial pour ce cadeau de Noël avant l'heure !