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Citations sur L'orgie (41)

Je me suis senti flotter, décoller du sol, j'ai dû m'agripper à la voiture pour ne pas m'envoler; j'étais muet de stupéfaction.
"Salut", elle a dit en souriant.
Ce seul mot était plus éloquent que les œuvres complètes de Tennyson. Dieu, quel mot merveilleux ! Dieu, quelle inspiration, quelle émotion ! Quelle intelligence !
"Salut", j'ai répondu, mais aussitôt j'ai eu peur d'en avoir trop dit, peur de l'agacer d'un aussi long discours.

("1933 fut une mauvaise année")
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Des images pieuses nous regardaient sur les murs, la Madone à la tête du lit, le Sauveur exhibant son coeur sanglant sur le mur voisin, une statue de saint Antoine sur la commode, sainte Thérèse à l'autre bout de la chambre qui évoquait une cellule de nonne, et une fois de plus je me suis demandé comment ils pouvaient faire l'amour dans une pièce pareille ; pourtant, nous avions tous les quatre été conçus ici même, sur ce lit.
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La lueur de la neige rendait la chambre phosphorescente. En haut de la fenêtre, des stalactites pendaient comme le caramel de ma mère, qui se solidifiait toujours avec des zébrures de verre brisé.
De la cuisine déferlait un océan de silence rugissant baratté par son père.
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1933 fut une mauvaise année

J'étais le fils d'un poseur de briques qui n'avait pas travaillé depuis cinq mois. Parce que je ne possédais pas de manteau, je portais trois chandails, et ma mère avait déjà entamé une série de neuvaines à cause du costume neuf dont j'aurais besoin pour la remise des diplômes en juin.
Seigneur, j'ai dit, car à cette époque j'étais un croyant qui s'adressait franchement à son Dieu : Seigneur, pourquoi tout cela ?
(...) Jouez -vous au chat et à la souris avec moi ? Vous êtes-vous fait virer du poste de commandement ? Avez-vous perdu le contrôle de la situation ? Lucifer a-t-il repris le pouvoir ? Soyez honnête avec moi, car je me pose sans arrêt des questions. Donnez-moi un indice. La vie vaut-elle le coup ? Tout finira-t-il bien ?

( Christian Bourgois, 1987, p. 74)
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Je parlais en la dévorant des yeux. Sous la jupe verte, son beau cul avait la fermeté d'un ballon de basket. Quelle grâce !
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Dès que je suis entré, la puanteur m'a pris à la gorge. Pas simplement une odeur animale, mais l'odeur des humains, de la sueur, de l'urine et des gaz intestinaux, des matelas moisis et du graillon. Mes yeux ont mis du temps à s'habituer à l'obscurité. Le taudis se limitait à une seule pièce. Le sol était dépourvu de planches, seulement de la terre battue. Ça sentait le parmesan rance. [...]
Je pouvais admettre le désordre, la saleté, car elle était bel et bien là; je savais que les gens sont parfois contraints de vivre dans un lieu comme celui-ci. Mais mon paternel, mon propre père ?
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Sa main a saisi la sienne.Je sentais la douce chaleur de son gant noir qui serrait ma main.
"Excusez mon impolitesse,elle a ajouté. Simplement,Ken et vous parlez tout le temps de base-ball.....
-Vous n'aimez pas le base -ball?
-Je peux m'en passer....
-Alors qu'aimez-vous?
-Le tennis,le ski,les livres.J'aime beaucoup James Joyce....
-Vous voulez dire Jim Joyce,le milieu de terrain des Browns de Saint Louis?
-Oh,mon Dieu!"
Elle a poussé un soupir en écrasant sa cigarette d'une main impatiente.Kenny rigolait.
"Elle parle de James Joyce,l'écrivain. "
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Dieu avait répondu à mes questions, dissipé mes doutes, restauré ma foi ; le monde était de nouveau acceptable. Le vent était tombé, les flocons descendaient doucement comme de silencieux confettis. Grand-maman Bettina prétendait que les flocons de neige étaient les âmes du ciel qui revenaient sur terre pour une brève visite. Je savais que ce n'était pas vrai mais que c'était possible ; j'y croyais parfois quand l'envie m'en prenait.
J'ai tendu la main devant moi, de nombreux flocons sont tombés dessus, étoiles qui vivaient quelques secondes, et après tout pourquoi pas ?
Peut-être l'âme de Grand-papa Giovanni, mort il y avait maintenant sept ans, ou celle de Joe Hardt, notre camarade de la troisième base, tué l'été dernier sur sa moto, et toute la famille de mon père dans les lointaines montagnes des Abruzzes, grands-tantes et grands-oncles que je n'avais jamais connus et qui avaient quitté ce monde. Et toutes les autres, ces milliards d'âmes mortes, les pauvres soldats tués au combat, les marins perdus en mer, les victimes de la peste et des tremblements de terre, les riches et les pauvres, tous ces êtres morts depuis le commencement des temps, tous condamnés sauf Jésus-Christ, le seul dans toute l'histoire de l'humanité qui soit jamais revenu, le seul et unique, mais y croyais-je vraiment ?
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La porte donnait dans une buanderie au bout de laquelle se trouvait un lavabo. Je me suis lavé, essuyé les mains, puis je suis retourné vers la cuisine. Une corde à linge installée le long du mur a attiré mon attention. Une douzaine de petite culottes y étaient suspendues comme une file de gamines espiègles. Certaines étaient bleues, d’autres roses, d’autres encore blanches ou dorées. Elles étaient trop magnifiquement menues pour appartenir à Mme Parrish. Elles pouvaient seulement embellir la gloire de ma vie, être les soies sacrées de ma bien-aimée. Nom de Dieu ! J’allais me rassasier d’elle ce soir ! J’ai longé la corde en frottant mon visage contre chaque culotte. Elles caressaient mes narines, ébouriffaient mes cheveux. Elles étaient douze. Si nombreuses, alors que je n’en possédais aucune, pas le moindre trophée à conserver en souvenir de cette inoubliable soirée. La culotte dorée a attiré mon œil. De petits disques métalliques pendaient aux coutures, elle était lisse comme une plume, douce comme un loriot. Une pour moi, onze pour Dorothy ; le partage était plus qu’équitable. J’ai enlevé les pinces à linge et glissé la culotte sous ma chemise. Je l’ai sentie respirer contre ma chair, confortablement recroquevillée.
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1933 fut une mauvaise année

Des rêveurs, une maison pleine de rêveurs.Grand-maman rêvait de son village dans les lointaines Abbruzes.Mon père rêvait de rembourser toutes ses dettes et de poser des briques côte à côte avec son fils.Ma mère rêvait de sa récompense céleste avec un mari joyeux qui ne courrait plus la gueuse. Ma petite sœur Clara rêvait d'entrer dans les ordres, et mon petit frère Frederick avait une folle envie de grandir pour devenir un cow- boys.Fermant les yeux, j'ai entendu le bourdonnement des rêves qui emplissaient la maison, puis je me suis endormi.

( Christian Bourgois, 1987, p.105)
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