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Ah Sylvia, Sylvia, Sylvia ! Une femme à part, une femme comme il y en a peu !
Femme mystérieuse, qui ment. Sur son passé, d'abord. Sur ses sentiments, ensuite.
C'est cela que le milliardaire Summers voudrait découvrir. C'est pour cela qu'il engage un détective privé, Macklin, pour déterrer son passé obscur.
Ce brave Macklin s'en va-t-en-guerre ... de Los Angeles à El Paso, en passant par Pittsburgh et en arrivant à New-York, Macklin l'ancien pauvre, le solitaire, le déprimé découvre Sylvia, la jeune, l'obscure, la pauvre, la martyrisée.
Sans l'avoir vue, il dessine peu à peu son portrait d'après les gens qui l'ont rencontrée, qui l'ont aimée. Un portrait en creux.
Et peu à peu, l'amour l'envahit, comme s'il se reconnaissait en elle.
Comment la confrontation entre ces deux écorchés à l'enfance misérable et au parcours sinueux se produira-t-elle ? L'amour sera-t-il réciproque ?

Ce roman des années 50 m'a d'abord plu par son ambiance désuète. La mentalité américaine de ces années-là est bien présente : hypocrisie vis-à-vis des prostituées, maintien des femmes dans la sphère intime sous le joug masculin, mise au rebut des « vieilles filles » d'une trentaine d'années...
Et puis les domaines abordés sont très intéressants : la littérature en premier lieu, puisque l'enquête de Macklin démarre à partir d'un recueil de poèmes de Sylvia qu'il ira chercher dans sa librairie préférée et qu'il analysera auprès d'un prof d'unif, avant de se rendre dans les bibliothèques, puis les milieux interlopes où sévissent toutes sortes de gens soi-disant bien intentionnés, et aussi les bas-fonds, carrément... Intellectuels didactiques et/ou passionnés, petites frappes, hauts-gradés du grand banditisme, curé proche de la sainteté, snobs riches à milliards, hommes peu scrupuleux, femmes exploitées, nous naviguons dans cette marée humaine à la suite de Macklin qui n'a pourtant pas une idée très haute de son métier.

Ce Macklin, parlons-en. C'est lui en fait qui m'a irritée plus d'une fois par sa manière de penser, de prendre sa vie en main. Peu combatif, fataliste, assez geignard en somme, il ne cesse de se plaindre sur la pauvreté, sur son enfance, sur son métier peu reluisant, sur sa solitude.
Il n'y a que sa manière de parler aux femmes et d'agir envers elles qui me plait vraiment. Car lui, c'est un pur, un respectueux.

Pour toutes ces raisons bonnes et moins bonnes, j'en conviens puisque chacun aborde ce roman avec son propre caractère et sa façon personnelle de voir la vie, je vous conseille de faire un petit tour du côté de chez Sylvia, pour autant que vous arriviez à la croiser. Macklin, lui, y est parvenu.
Assez bien, ma foi.
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« - Est-ce si difficile de s'en apercevoir, Mack ? Vous êtes amoureux, mais pas d'une manière saine, comme pour la plupart des gens. Non, chez vous c'est une maladie de l'âme.
- Et qui est-ce que j'aime, Irma ?
- Sylvia, me répondit-elle. Et je m'en suis aperçu, la première fois que vous avez prononcé son nom. »

Sylvia, c'était avant Natasha. Que de prénoms en A ! Décidément...

Mes lectures ont des points communs, plus que je le pensais. Étrange coïncidence encore une fois. Et dire que je crois toujours choisir au hasard les livres, les dévorer les uns derrière les autres sans logique précise. Je ris toute seule, bien bête de croire que tout est fortuit.

Sylvia, il faut apprendre à la connaître. Encore une femme qui ne se laisse pas découvrir facilement. Mais quand on est un détective privé, amateur d'histoire et d'histoires, on voyage dans tous les états, d'âme et d'Amérique, jusqu'à la rencontre. Autour d'une rose, autour d'une épine. On ne crie pas, même quand ça fait mal parce qu'on est résigné.

« Une cigarette aux lèvres, je contemplais la scintillation des lumières dans la coupe sombre de Los Angeles, au-dessous de moi. Physiquement fatigué, moralement épuisé, à peine la tête sur l'oreiller, je me suis rendormi. »

Youhouuuu ! Faut se réveiller. Je te rappelle que tu dois rendre ton rapport sur Sylvia à ton commanditaire dans peu de temps. Allez le poète, on se lève et on arrête de se faire tout petit.

« ''Vous deviez avoir vraiment besoin d'argent, Mack.'' Je me suis tu. Qu'aurais-je pu dire ? Car ce qui tient lieu d'âme à Alan Macklin était maintenant mis à nu. »

Je sais qu'il est parfois difficile de se sentir bien quand toute sa vie (enfin son début de vie, t'es pas si vieux mon pote) on a ramé pour avoir un dollar en poche, quand on a eu faim et fouillé dans les poubelles. Mais faut regarder devant toi et avancer. Arrête de t'apitoyer sur toi. T'es une crapule ? Tu le penses ? Oui ? Non... t'hésites un peu. Allez, loue une bagnole et prends le large.

C'est comme ça qu'Alan Macklin à naviguer d'El Paso à New York, de Santa Barbara à Pittsburg, et qu'il a rencontré Irma (mince encore un A) ou encore ce vieux prêtre (lui pour le coup, il l'était ...vieux) et quantité de gens, souvent peu reluisants, mais parfois aussi surprenants.

Pose ton livre, Mack. Lis ce poème et dis moi ce que tu en penses ? Exact, c'est Sylvia qui l'a écrit. Ah ! Je vois que Monsieur commence à trouver la chose intéressante...

Moi aussi. J'ai trouvé ce roman fort intéressant. de bout en bout je me suis demandée si t'allais le faire... oui, ton rapport. Bon je file, je ne te dis pas la fin, tu la découvriras bien assez tôt. Si c'est une fin heureuse ? Ben c'est toi le détective. Fais ton boulot et tu sauras qui est Sylvia. Bonne route !

« Nous cherchons tous le sens caché des choses et comment pourrait-on y parvenir sans avoir recours à son imagination, à ses rêves et à de folles hypothèses ? »
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Attention chef-d'oeuvre!

Un riche millionnaire doit bientôt épouser une femme beaucoup plus jeune que lui: Sylvia. Mais peu de temps avant le mariage il s'aperçoit qu'elle lui a menti sur beaucoup de choses et il ne sait plus si elle l'aime vraiment ou si elle en veut à son argent. Il embauche donc un détective pour enquêter et découvrir qui elle est vraiment.

Pour ne pas soumettre le détective à la tentation et comme il n'est pas très romantique d'enquêter sur sa promise, le privé a interdiction de rencontrer la belle. Cela ne lui facilite pas la tâche, d'autant que Sylvia a de bonnes raisons de cacher qui elle est en réalité.

Un très grand classique du roman policier qui mêle habilement suspense et romance.
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Los Angeles, 1958. Un privé, Alan Macklin (il se décrit de la façon suivante : « Taille : un mètre soixante-dix-huit ; cheveux bruns, yeux marron, je ne suis ni plus laid ni mieux qu'un autre.»), est engagé par un riche homme d'affaires pour creuser le passé de Sylvia West, la femme qu'il doit très prochainement épouser. Une condition cependant : Que Macklin ne rencontre pas Sylvia au cours de son enquête …

La trame de base de ce roman, initialement publié en 1960, semble assez classique. Voici pourtant un superbe récit, demeurant d'ailleurs particulièrement moderne, à la fois roman policier, roman social noir, histoire d'amour, et superbe portrait de femme. Pour les besoins de son enquête, Macklin va successivement interroger différentes personnes ayant croisé à un moment donné la route de Sylvia, permettant de retracer progressivement le tortueux parcours de cette jeune femme qui ne laisse personne indifférent, envoutante, presque irrésistible. Difficile de ne pas succomber à son charme, même en tant que lecteur…

Un récit brillant et captivant pour cette enquête qui nous donne à voir l'envers du décor de cette Amérique post- seconde guerre mondiale qui fait tant rêver certains d'entre nous. Formidable roman qui m'a beaucoup fait penser à la série des Lew Archer écrite par Ross Macdonald
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Très bonne surprise que ce roman noir. Alan Macklin, détective privé qui a, précédemment, étudié l'histoire ancienne pour devenir professeur, doit découvrir quelle est l'histoire de Sylvia West. Il ne peut échanger ni même rencontrer Sylvia. Il dispose toutefois d'un recueil de poème qu'elle a écrit. S'en suit une quête pour retrouver sa trace, en passant par le Mexique. C'est également un voyage particulier pour Macklin qui en arrivera à faire des choix.
Contrairement à de nombreux romans noirs, Sylvia est roman sombre, qui scrute l'espèce humaine sans être glauque. Pas d'excès dans le vocabulaire, ni de vulgarité. J'ai vraiment eu une sensation de délicatesse à sa lecture. C'est à lire !
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"Sylvia" est paru aux éditions Rivages/Noir, et pourtant il n'a presque rien d'un roman noir, si ce n'est que le personnage principal, Macklin, est détective privé.
Les codes du roman noir sont pourtant posés, dès le début du récit.
Mais bien vite, Howard Fast nous égare dans son univers inspiré, et laisse s'exprimer l'incroyable sensibilité dont il est doté.
"Sylvia" est un roman foisonnant, riche de rencontres, de questionnements, de doutes, de dérives, de pensées nostalgiques.
La femme que Macklin recherche est complexe, heurtée, et semble provenir des propres souvenirs de l'écrivain.
Le roman est traversé de fulgurances, de considérations qui dépassent le cadre autorisé du polar.
En ce sens, c'est un livre unique, abouti, peuplé de personnages aux nerfs à vifs. On y parle de littérature, d'amour, de destinée, de désillusion, d'argent, de tous les sujets de la vie.
C'est un roman complet, cohérent, infiniment émouvant.
J'ai trouvé les dialogues particulièrement brillants, certes peu réalistes, mais justes et sincères.
"Sylvia" est à la hauteur de sa réputation, un objet littéraire à part, une oeuvre touchante, intrigante de part son ambition : celle d'avoir donné naissance à un superbe roman d'amour dans un décor d'intrigue à suspense.
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Voilà bien longtemps (trop ?) que je n'avais pas lu un Très bon polar. Pas un bon polar, ça heureusement tout les mois j'en déniche plusieurs (bien que depuis la mort de Fajardie cela devient forcement plus rare), mais un Très bon c'est assez exceptionnel. D'autant que c'est un vieux polar écrit il y a quarante ans. D'une histoire classique (un privé enquête sur le passé d'une femme pour le compte d'un richard qui songe l'épouser), Howard Fast fait un chef d'oeuvre. Pas de coup de poing à chaque détour de page (juste une bagarre évoquée), pas de coup de pistolet (à la rigueur quelques coups de couteau), pas de rebondissement spectaculaires (même en cherchant bien), juste une histoire banale dans l'Amérique des années cinquante mais peuplée de personnages vivants, de ceux que l'on peut croiser au coin de la rue. le détective privé n'a rien du type alcoolique en marge de la société, ses rapports avec la police ne sont pas forcement conflictuels.Ce n'est pas un fier à bras, une grande gueule ou un cynique mais quelqu'un de fragile, de sensible, de solitaire égaré dans la grande société américaine de l'après guerre. L'histoire ne comporte même pas d'intrigue. le reçit nous entraine à Los Angeles, Pittsburg, El Paso, New York à travers une Amérique loin des clichets établis. C'est là toute l'originalité du livre. Fast, par petites touches délicates, se pose en témoin engagé de son époque. Même l' “happy end” finale montre que la vie n'est pas faite de rêve américain mais d'incertitude, de choix, de volonté à s'engager… Oui, un Très bon livre.
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Qui est Sylvia West ? C'est ce que veut savoir Frederick Summers, industriel millionnaire, avant d'épouser celle dont il ignore le passé. Cette enquête inexplicable et inadmissible est confiée à Alan Macklin, détective privé désargenté, qui s'engage à ne jamais rencontrer Sylvia. Muni d'une photo et d'un recueil de poésies, Mack se lance sur les traces de son histoire, sillonnant les Etats-Unis et le Mexique, monneyant les informations de policiers, gardiens de prisons, corrompus jusqu'à la moëlle. Plus son fantôme prend consistance, plus Mack se sent obligé de poursuivre, rapidement passionné puis obsédé par Sylvia, à qui il voue un amour impossible.


A partir d'un scenario minimaliste sans originalité, Howard Fast  réalise avec Sylvia un bijou, une merveille frôlant la perfection. Comment expliquer l'envoûtement qui saisit le lecteur dès les premières pages ? La limpidité de son style économe, son talent pour enchaîner les événements, son humanité pour ses personnages, les portraits émouvants et éblouissants de femmes sont un début d'explication. La construction rigoureuse du roman constitué de 12 chapitres, comme les 12 lieux où se rend Mack pour y rencontrer 12 personnes qui ont croisé Sylvia au cours de leur vie, expliquent aussi cette attraction. Chacun livre une bribe de l'histoire et de la personnalité de la jeune femme.


Ce n'est toujours pas suffisant pour parler d'un chef-d'oeuvre. Ce qui rend le roman exceptionnel, c'est l'histoire racontée sans aucun misérabilisme, que les deux personnages principaux, Mack et Sylvia ont, sans se connaître, en commun ; celle de deux gosses qui ont connu la pauvreté et la faim, et qui mûs par une force invincible, ont tracé seuls le chemin de leur vie. Lui est devenu professeur spécialisé dans l'histoire antique, son rêve est de posséder un bateau pour naviguer en Mer Egée comme Ulysse. La pénurie de postes universitaires l'a transformé en détective privé ; elle, enfant maltraitée, sale, affamée, s'est nourrie de livres pour échapper à son destin, a dévoré tout ce que les bibliothèques lui ont proposé. Pauvre et affamée mais jolie, elle a aiguisé l'appétit des hommes, elle leur a parfois fait payer. Il est donc question de toutes formes de nourritures et d'appétits dans Sylvia.


Howard Fast a écrit une grande partie de son oeuvre sous le pseudonyme de E. V. Cunningham, car comme de nombreux auteurs américains communistes, il a subi la purge mccarthyste. Il a été l'un des fondateurs du Mouvement mondial pour la paix. Issu d'une famille modeste, il utilise de nombreux éléments biographiques. Sylvia est paru pour la première fois aux Etats-Unis en 1960 puis a été réédité en 2016, par Payot & Rivages. Un chef-d'oeuvre du roman noir !
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Un bijou, un grand classique.
Un roman difficile à classer car multiple.
Un peu polar, un peu "étude sociale noire" ou de cette gauche qui a alimenté les bûchers du maccarthysme, un peu féministe, mais surtout une très belle histoire d'amour à rebours.
Un détective mal dans sa vie professionnelle et mal dans sa peau, intellectuel prof d'histoire antique refoulé, est chargé par l'archétype du milliardaire californien des années 50 d'enquêter sur le passé d'une mystérieuse créature de rêve sans qu'il lui soit permis de la rencontrer.
A partir d'un recueil de poèmes récemment publié, notre Ulysse va remonter le temps à travers douze chapitres, douze rencontres et témoignages majeurs.
Cette enquête qui va le mener de Pittsburgh au Mexique et à New York, va très vite devenir une quête… celle de l'inaccessible étoile, de l'amour fou ; le plus beau.
Récit parfaitement maîtrisé. Ecriture sobre, précise, efficace, juste et prenante… Sylvia a ce charme envoûtant, irrésistible des bouquins dont on reste à jamais sous la force du souvenir.
Une dernière petite remarque pour terminer… il n'est aucun personnage que croise l'auteur dont on ne garde l'empreinte.
Un chef-d'oeuvre, un classique, un grand bouquin… à vous de le dire.
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Intéressant et original, dans le format classique du roman policier avec privé, femme mystérieuse et forcément fatale, Howard Fast nous invite à un voyage singulier. Les indices de départ - une librairie, un recueil de poèmes, une analyse graphologique qui nous apprend les méthodes d'apprentissage de l'écriture aux USA à cette époque, la passion de lire de la femme recherchée ne pourront que plaire aux Babéliautes de bon aloi. le détective nourrit un dégoût de lui-même et de sa profession qu'il va s'employer, tout au long de son enquête à sublimer, à force d'empathie avec l'objet de cette enquête, qui devient bien davantage une quête de soi-même, une élévation de l'âme qui va permettre la conclusion du récit. Osons l'oxymore d'un roman noir lumineux...
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