Le premier chapitre nous offre une petite mise en bouche d'un genre spécial. Bernard, un jeune trentenaire à qui nous avons envie de donner une jolie paire de claques (bah oui, je n'aime pas trop ce genre de réflexions sur les vieilles dames, pauvre mémé... Certes, elle n'est pas fraîche, mais nous ne serons pas franchement mieux à son âge), rend visite à sa mémé. Les descriptions sont affreuses et nous dévoilent déjà assez bien la personnalité de Bernard. Nos impressions se confirment par la suite (avide, cupide, ingrat,rustre,couard;le petit-fils idéal!). A la lecture de ce premier chapitre, je n'étais pas encore certaine d'adhérer complètement à l'ouvrage. Je suis une âme sensible, que voulez-vous, il m'a fallu du temps pour ne plus aduler les pépés et les mémés.
Pourtant, dès le second chapitre, c'en était fait de moi, Fédou m'avait embarquée dans son histoire contre ma volonté. Et me voir sourire devant des descriptions aussi "crues" de la vieillesse et surtout de cette mémé acariâtre qui ne perd pas le nord, m'a fait me sentir un peu honteuse (mais juste un petit peu...). Vous l'aurez compris, les personnages ont du relief, sont très bien marqués et nous pouvons nous identifier rapidement à eux. Pour avoir lu d'autres nouvelles (genre que je n'apprécie pas spécialement, en général) je trouve que
Didier Fédou est franchement doué; nous n'avons pas besoin de la moitié de la nouvelle pour oublier que nous sommes des lecteurs. le glissement se fait presque à notre insu. Cette nouvelle met à mal nos zygomatiques et même si elle appartient au genre "terreur", je trouve cela particulièrement agréable. En plus il fait beau, mieux vaut sourire.
Le scénario se tient, lui aussi, et ne présente aucune fausse note. le développement est bien mené, les rebondissements sont là, le lecteur ne sait plus trop où se situe la vérité, avec cette mémé au passé sulfureux, ni pour qui avoir le plus de pitié. Nous passons par diverses émotions: la sympathie, le dégoût, la stupeur, la désapprobation, l'assentiment. Nous nous demandons si Bernard, le vaurien, va arriver à ses fins ou si mémé, l'indomptable, parviendra à le garder à distance.
Mais il ne faut pas oublier la dimension "terreur",
Didier Fédou disperse quelques notes d'inquiétude, par-ci, par-là, tout au long de la nouvelle, si bien que la tension devient de plus en plus palpable et nous met suffisamment mal à l'aise (sans nous donner réellement froid dans le dos) pour que nous nous demandions si un mystère plus grand n'envelopperait pas cette maison.
Voilà, je ne vous en dirai pas plus, à vous d'aller y jeter un oeil et de lire cette nouvelle qui vous fera passer un bon moment, si vous ne faites pas de la piété filiale une obsession. Pour ma part, je pense devenir une lectrice assidue. A suivre...
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