Alors que les magazines, les publicités et autres nous serinent, depuis un moment déjà, qu'il est temps de préparer notre summer body à grand renfort de régimes et autres exercices improbables je préfère pour ma part préparer mon summer spirit, un état d'esprit estival qui passe avant tout par la relecture de quelques-uns de mes classiques personnels parmi lesquels la tétralogie de
Malika Ferdjoukh.
A la Vill'Hervé, vieille bicoque grinçante posée sur une falaise qui donne sur la mer, vivent non pas les quatre mais bien les cinq soeurs Vermelaine ainsi que deux chats, une chaudière récalcitrante, les fantômes des parents et parfois, de manière temporaire, la fille d'une collègue de travail, Basile médecin amoureux. Une étrange bande, complétée par une chauve-souris et un écureuil, amis de la petite Enid. Enid qui est sûre d'avoir entendu un fantôme dans le jardin mais difficile d'être prise au sérieux quand on est la plus jeune.
Il y a quelque chose de délicieusement régressif dans cette série de
Malika Ferdjoukh qui sent bon la poussière, le thé de jour venteux et les vieux livres. D'autant plus régressif que mon histoire d'amour pour les soeurs Vermelaine ne date pas d'hier et qu'à chaque fois que j'ouvre un des tomes de la série je suis à nouveau projetée quelques étés en arrière et qu'à chaque page que je tourne renaissent un peu plus les sensations d'alors.
Il est difficile de ne pas tomber immédiatement sous le charme des soeurs Vermelaine. Charlie courageuse et volontaire qui du haut de ses vingt-trois ans portent à bout de bras la famille entière depuis le décès des parents, la douce et prévenante Geneviève, qui cache bien son jeu, la volcanique et déterminée Bettina, la secrète et timide Hortense et l'imaginative et juvénile Enid sont, chacune à leur manière, terriblement attachantes.
Et puis il y a l'ambiance de la maison. L'écriture très visuelle de
Malika Ferdjoukh nous projette immédiatement dans l'univers des cinq soeurs et dans leur vieille maison où tout craque et où les courants d'airs sont légions. Nous voyons tout : l'escalier en colimaçon, les coussins usés par le temps, les meubles fatigués, le mélange de vieillot et de neuf qui créé une ambiance à la fois de bric à broc mais aussi terriblement chaleureuse.
Parce que c'est cela qui ressort le plus de ce premier tome finalement, cette ambiance qui enveloppe totalement une vie où l'argent vient souvent à manquer mais où pourtant le bonheur est là, sous la forme d'un gâteau fait maison ou d'un couscous géant, d'un câlin d'une soeur, d'un livre offert par un prétendant.
Malika Ferdjoukh nous joue à merveille la symphonie des petits bonheurs du quotidien et ça nous fait un bien fou.
Autre symphonie bien connue de l'auteure, celle des ambiances mystérieuses. Amatrice de films d'épouvante à l'ancienne et de comédies musicales,
Malika Ferdjoukh nous offre, à travers le personnage d'Enid, une énigme à résoudre dans une ambiance très hitchcockienne. On joue à se faire peur tout en sachant que tout finira bien, ce qui ne rend les choses que plus amusantes encore et plus cinématographiques.
Portée par une écriture pleine d'images, de références cinématographique et littéraires, d'expressions inventées et de naturel,
Malika Ferdjoukh nous projette dans l'univers farfelu mais terriblement confortable et rassurant des soeurs Vermelaine et nous présente des héroïnes qu'il nous tarde déjà de retrouver dans le second tome de leur aventure, aussitôt le premier fini.
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