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Critique de Crossroads


Le gros avantage d'entamer un bouquin en ne connaissant et n'attendant, donc, absolument rien de son auteur, c'est assurément le fait que si surprise il y avait, elle ne pourrait être que bonne ! Et là, merci M'sieur Férey (apparemment aucun lien de parenté avec Léo si ce n'est une forte propension à la causticité). Intrigue prenante desservie, cerise sur le pompon, par un style incisif, percutant et lyrique ! À l'instar du Haka magistralement exécuté par les All-Blacks, ce bouquin (d)étonne par sa noirceur et son agressivité !

Haka, polar ethnique s'il en est, sorti en 1998 et révélateur d'un jeune auteur Français tombé amoureux de ce lointain pays qu'est la Nouvelle-Zélande. Férey en est à ses débuts et même si l' intrigue est loin d'être parfaite, elle promet cependant des lendemains qui chantent !

Bon, le gros, l'énorme, le monstrueux cliché qui fait bien mal pour commencer : Jack Fitzgerald , le flic désespéré et son cortège de fantômes. Il y a 25 ans de cela, Jack perd sa femme et sa fille parties se balader sur une île voisine. Une double disparition jamais élucidée à ce jour. de flic "normal", il se transforme alors en cocaïnomane averti (l'on notera l'originalité de ne pas en avoir fait un pilier de bar notoire et les piliers, en NZ, enfin j'me comprends...) trainant son désespoir et sa fureur dans un boulot qui le raccroche encore à la vie. Métis d'origine Maorie, il est taillé comme un Jonah Lomu de la grande époque. Psychologiquement ? Mel Gibson dans l'Arme Fatale numéro un ! Toujours partant pour massacrer du malfrat, bousiller du vilain, démolir du truand, défoncer du sacripant et se défoncer le cas échéant ! À chacun son exutoire...Tous les excès sont alors permis lorsque l'on a fait de la douleur son quotidien, de la mort son espérance...
"La découverte, sur une plage, du cadavre d'une jeune fille au sexe scalpé ravive l'enfer des supputations et des hypothèses exacerbées par le chagrin." Les cadavres s'accumulent. Jack est sur la brèche , assisté par Ann Waitura, une jeune et brillante criminologue présentant bien d'autres atouts...
Violent, glauque, sombre, sordide, lugubre ...Voici quelques adjectifs s'imposant d'eux-mêmes à la lecture de ce thriller . L'intrigue est plutôt bien tenue. La trame cohérente. Férey impose facilement son histoire et son style. Tantôt désabusé, tantôt lyrique, l'auteur nous gratifie, à l'envie, de fort belles envolées poétiques. Certaines éblouissantes, d'autres beaucoup plus convenues. Il est vrai qu'à trop vouloir en faire, une légère sensation de saturation stylistique pourrait poindre le bout de son vilain nez des les premières pages tant l'auteur use et abuse de métaphores, son imagerie semblant sans limite. Personnellement , j'ai apprécié ces moments emplis de grâce venant toujours contrebalancer un récit s'enfonçant toujours un peu plus dans les ténèbres. Affaire de gouts (ou d'égout :)). Ça passe ou ça casse.
La Nouvelle-Zélande semble être un pays sauvage où les traditions perdurent. Les personnages sont à son image. Des personnalités puissantes, torturées, ancrées dans un passé culturel omniprésent. Ces informations sont des plus intéressantes même si elles se trouvent être distillées avec parcimonie. J'aurais aimé en apprendre beaucoup plus sur ces îles lointaines. Excepté de rares clins d'oeil aux sports emblématiques que sont le rugby et la voile, peu ou prou d'infos à se mettre sous la dent et c'est là le petit bémol de ce terrifiant roman ! Ça bastonne à tout va ! Les fausses pistes s'enchainent comme de bien entendu ! Les cadavres s'amoncellent sur fonds d'enquête folklorique et personnelle. Férey aura su capter mon attention, éveiller ma curiosité et me baffer dans les grandes largeurs en m'incitant fortement à aller découvrir ses autres polars que sont Utu et Zulu ! Et que dire du final... dantesque ! Certains trouveront cela un peu too much. C'est compréhensible, le livre n'étant qu'une longue rafale de macchabées, l'épilogue pouvant représenter l'essai de trop, la surenchère inutile. Cependant, encore une fois, tout se tient et le final ne fait pas exception ! Essai transformé !

Si une plongée au coeur des ténèbres Néo-Zélandaises vous tente, Haka s'offre à vous telle une danse ancestrale envoutante aussi belle que vénéneuse...
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