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Citations sur Pourvu que ça brûle (43)

J'arrivai au bout du tunnel, là où tous les auteurs rêvent de se retrouver : vivre enfin de sa plume. Plus de vingt ans après ma première publication au bar d’Éléphant-Souriant, il faut avouer que ce vent de liberté faisait rudement plaisir. L'effet du succès tourne les têtes mal boulonnées, mais la mienne est trop rock pour céder à cette pauvre bourrée. Il y a toujours un Everest à grimper, celui du prochain livre, d'autres pays à explorer en recommençant tout à zéro, de nouvelles rencontres auxquelles se préparer.
La seule vraie différence entre l'avant et l'après succès, c'est que maintenant c'est moi qui invite.
« Donner rend plus fort » disaient les Sioux. Une façon d'être qui va bien à ma petite tribu, depuis toujours.
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Les cinq mois autour du monde paraissaient avoir duré deux ans, la Nouvelle-Zélande était dorénavant notre second pays et, si j'avais toujours Francesca au travers de la gorge, je n'étais plus le même homme. Ou plutôt, j'étais devenu un homme. Les enfants grandissant dans la boue indonésienne m'avaient vacciné contre mes envies de mort violente, le dard qui me brûlait était toujours là mais le tour du monde m'avait donné des ailes d'acier.
Restait à apprendre à voler...
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L'altérité nous rend plus grands. Les femmes, les hommes que j'ai rencontrés au hasard de mes pérégrinations sont les seuls motifs d'espoir quant à notre devenir ensemble. Nous sommes partout les mêmes a rire avec un ami, pleurer avec une femme, aimer la même ou une autre, à avoir envie de se foutre en l'air parfois, et à ne pas le faire, parce qu'il y a justement autre chose à faire - tellement mieux...
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La vie en parts de marché, la ringardise systématique de toute idée collective, c'était ça, le monde que l'on me proposait ? Il était où l'amour, dans tout ce bordel ? La générosité ?

L'altérité faisant loi, je ne vivais déjà que par les autres, moins chef de meute que donneur d'élan, garçons et filles au même niveau, à contre-courant de ce que je voyais tous les jours sur les murs, les écrans, les couvertures de magazines.
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Le futur libraire à qui je fis lire le manuscrit trouva ça nul mais je m’en fichais. J’en écrirais d’autres, sûr de ma destinée. A vrai dire, je n’avais pas le choix. C’était vivre libre ou mourir comme un coquelicot arraché.
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Sa révélation me foudroya. Un mal de chien, inscrit depuis dans mon ADN. Ainsi le viol n’était pas seulement le fait d’une brute usant de sa force pour assouvir ses sales instincts, il y avait aussi des manières plus subtiles : l’ivresse consentie où dès lors tout est permis, la pression mise sur les filles qui pensaient devoir « passer à la casserole » pour répondre au désir masculin, l’abus de position dominante, la sidération de la proie prise dans les rets… Tout ce qui me fait vomir. Le type qui avait violenté mon premier amour vivant toujours à Rennes, je lui cognais dessus dès que je le croisais – après quelques plaintes chez les flics, le salopard finirait par déménager. Mais la vengeance avait un goût amer : l’expulsion de ma violence m’arrachait de terribles crises de larmes, autrement plus douloureuses que les quelques mandales administrées à la face de cette vermine. Ma propre violence me déchirait, car j’aurais pu tuer – en l’occurrence par amour.
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Devant ce déferlement d’individualisme forcené, un seul état d’esprit m’allait, celui du rock, refusant toutes formes d’aliénation, d’autorité, de soumission à un ordre établi par d’autres pour nous rouler dans le goudron. Plutôt crever que marcher dans leur combine. En classe où les profs voulaient me faire penser dans les clous, dans la cour d’école où l’on se faisait traiter de pédé à la moindre excentricité vestimentaire, dans les rues la nuit où on cassait le mobilier urbain (les fameuses opérations Kamikaze, Bérurier noir à fond dans nos têtes d’anges réfractaires), chez les parents des copains qui me prenaient pour un pédé (décidément), un drogué et un délinquant en puissance, dans les bureaux des proviseurs où on m’envoyait retirer mes ceintures et bracelets à clous, sur les trottoirs où les regards réprobateurs s’acharnaient à juger : sous ma peau d’écorché, face à la petitesse d’un monde qui ne savait que compter, ma colère n’avait pas de limites.
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Le tennis se montrant moins salissant que le football et plus inodore que le judo, je m’investis à fond dans cette lutte technique et mentale ; Noah, Connors ou McEnroe popularisant cette discipline, l’entre-soi ne fut bientôt plus de mise sur les courts de Montfort. Progressant vite, je ne tardai pas à taquiner le revers des bourgeois, qui jusqu’alors n’en subissaient aucun, sous les regards courroucés de leurs femmes réunies dans les gradins. Mais le notaire est roublard. Lors du tournoi annuel, fort de son statut et de ses larges épaules, l’un d’eux imposa pour notre match ses balles orange et jaune, d’une marque probablement nord-coréenne – des balles à la fois lourdes comme des boules de pétanque et s’envolant au moindre lift –, espérant annihiler mes jeunes forces avec des rebonds connus de lui seul.

Niveau classe, on était très loin de Forest Whitaker.
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Si l’on évalue les stars selon leur comportement envers le « petit personnel », Forest Whitaker avait déjà sa Palme d’or ; que ce soit lors du tournage du film en Afrique du Sud avec les techniciens, les gens du township qui n’avaient jamais vu une caméra de leur vie ou avec les employés de l’hôtel Martinez qui nous recevait pour la clôture du festival, l’acteur avait toujours un mot gentil, une prévenance non feinte pour ceux qui l’entouraient, souci de tous les instants révélant une âme noble à la hauteur de son talent. Mais de là à imaginer que j’allais vivre quelques heures plus tard, avec et en partie grâce à lui, une des émotions les plus intenses de ma vie d’écrivain…
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Voilà ce qu'était devenu le peuple sioux. Alcooliques désœuvrés dans leur réserve ou chiens errants sur les routes poussiéreuses, tout ce que j'avais pu lire ou voir dans les documentaires se vérifiait sous mes yeux...
On peut s'en foutre.
On peut dire que c'est la fatalité, une loi darwinienne, que c'est dommage.
On peut dire que c'est comme les dodos, les Inuits, les agences matrimoniales, ça disparaît un jour.
Je suis allé me cacher sur le parking pour pleurer mon amour et ma rage, sans pouvoir m'arrêter.
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