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Citations sur Les Jours de mon abandon (116)

Tout était si fortuit. J’étais tombée amoureuse de Mario encore jeune fille, mais j’aurai pu tomber amoureuse de n’importe qui d’autre, d’un corps auquel nous finissons par attribuer je ne sais quelles significations. Un long lambeau de vie passée ensemble et on pense que c’est le seul et unique homme avec qui on aimera vivre sa vie, on lui attribue certaines vertus résolutoires, et c’est, au contraire, seulement un bois émettant des sons de fausseté, on ne sait qui il est véritablement, il ne le sait pas davantage lui-même. Nous sommes des occasions. Nous consumons et nous perdons notre vie parce que, en des temps reculés, tel ou tel a été gentil avec nous, il nous a élues parmi les femmes, tellement il avait envie de décharger son braquemart dans notre corps. Nous prenons son banal désir de foutre pour quelque gentillesse exclusivement adressée à notre personne. Nous aimons son envie de baiser précisément avec nous, avec nous seulement. Oh oui, lui qui est si spécial et qui nous a reconnues spéciales. Nous lui donnons un nom à cette envie du braquemart, nous la personnalisons, nous l’appelons mon amour. Au diable tout cela, quelle foutue bévue, quelle flatterie dépourvue de fondement.
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Il me sembla plus jeune, plus soigné extérieurement, et même plus reposé, et mon estomac se contracta de manière si douloureuse que je fus bien près de m’évanouir. Dans son corps, sur son visage, il n’y avait nulle trace de notre absence
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le danger de me noyer dans le mépris de moi-même, dans la nostalgie de sa personne
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- Est il vrai que tu ne m'aimes plus ?
-Oui.
-Pourquoi? Parce que je t'ai menti? Parce que je t'ai quittée? Parce que je t'ai blessée?
-Non. Lorsque je me suis sentie trompée, abandonnée, humiliée, je t'ai précisément aimé énormément, je t'ai désiré plus qu'à toute autre époque de notre vie commune.
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Le miroir était en train de faire le point de ma situation. Si l'image frontale me rassurait, me disant que j'étais Olga et que, peut-être, je parviendrais au bout de ma journée avec succès, mes deux profils m'avertissaient qu'il n'en allait pas de même. Ils me montraient ma nuque, mes vilaines oreilles vives, mon nez légèrement arqué que je n'avais jamais aimé, mon menton, mes pommettes hautes et la peau tendue de mes joues, presque une feuille blanche. Je sentis bien que, sur ces deux demi-portions, Olga avait une marge de manœuvre réduite, elle était peu résistante, peu persévérante. Qu'avait-elle à voir avec ces deux images ? Le moins bon profil, le meilleur, la géométrie du dissimulé. Si j'avais vécu croyant être cette Olga frontale, les autres m'avaient toujours attribué la soudure mobile, incertaine, de mes deux profils, une image d'ensemble dont je ne savais rien.
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Il était de ces hommes timides qui n'ont pas de vraie mesure dans leurs rapports avec les autres. S'ils perdent leur calme, ils le perdent sans contrôle ; s'ils sont gentils, ils le sont jusqu'à devenir collants comme du miel.
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Quel écumeux et complexe mélange est un couple.
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Tout était si fortuit. J'étais tombée amoureuse de Mario encore jeune fille, mais j'aurais pu tomber amoureuse de n'importe qui d'autre, d'un corps auquel nous finissons par attribuer je ne sais quelles significations. Un long flambeau de vie passée ensemble et on pense que c'est le seul et unique homme avec qui on aimera vivre sa vie, on lui attribue certaines vertus résolutoires, et c'est, au contraire, seulement un bois émettant des sons de fausseté, on ne sait qui il est véritablement, il ne le sait pas davantage lui-même. Nous sommes des occasions. Nous consumons et perdons notre vie parce que, en des temps reculés, tel ou tel a été gentil avec nous, il nous a élues parmi les femmes, tellement il avait envie de décharger son braquemart dans notre corps. Nous prenons son banal désir de foutre pour quelque gentillesse exclusivement adressée à notre personne. Oh oui, lui qui est si spécial et qui nous a reconnues « spéciales ». Nous lui donnons un nom, à cette envie de braquemart, nous la personnalisons, nous l'appelons mon amour. Au diable tout cela, quelle foutue bévue, quelle flatterie dépourvue de fondement.
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Elle m’invita enfin à dîner pour le lendemain et, même si je n’en avais pas envie, j’acceptai : le cercle d’une journée vide est bien horrible, lorsque le soir se resserre autour de votre cou tel un nœud coulant.
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Quelle décision injuste, unilatérale. Souffler sur le passé comme sur un insecte horrible qui s'est posé sur sa main. Mon passé, et non seulement le sien, avait abouti à ce désastre. Je lui demandai, je le suppliai de m'aider à comprendre si ce temps-là avait au moins eu une certaine densité, et à partir de quel moment il avait pris cette allure de dissolution, et, bref, s'il avait été véritablement un gaspillage d'heures, de mois, d'années, ou si, au contraire, une signification secrète le rédimait, en faisait une expérience susceptible de donner de nouveaux fruits. Il m'était nécessaire, urgent de le savoir, concluais-je. C'est seulement en le sachant que je pourrais me ressaisir et survivre, fût-ce sans lui. En revanche, ainsi, dans la confusion de cette vie au hasard, j'étais en train de dépérir, j'étais sur le point de me dessécher, j'étais sèche comme un coquillage vide abandonnée l'été sur une plage. (p. 37).
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