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EAN : 9782072899218
416 pages
Gallimard (09/06/2020)
3.4/5   1411 notes
Résumé :
"Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide."
Giovanna, fille unique d’un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L’année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu’inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (209) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 1411 notes
Une phrase, une seule petite phrase, échangée entre ses parents et surprise par elle, une petite phrase anodine et pourtant assassine-    et toute la vie d'une adolescente bascule dans l'intranquillité.

Giovanna,  bonne élève, enfant unique choyée par des parents cultivés et attentifs, perçoit dans la phrase,  dite par son père qu'elle chérit plus que tout,  un désaveu, un détachement, presque un dégoût : son visage serait en train de ressembler à celui d'une tante, Vittoria, soeur de son père. Mais une soeur honnie, bannie, que Giovanna n'a jamais rencontrée.

 Elle se sent désavouée, rejetée, dépréciée.

LAIDE  en un mot -  à  l'âge où la beauté physique compte plus que tout..

Son travail en classe se dégrade, ses relations confiantes avec ses parents se tendent: rien ne va plus.

Il faut qu'elle rencontre cette tante dont elle porte le visage (et la malédiction peut-être) pour comprendre qui elle va devenir, qui elle est peut-être déjà .

La rencontre est littéralement explosive: en faisant connaissance avec  la tante Vittoria, Giovanna  découvre la part populaire de sa famille napolitaine  jusqu'alors ignorée, et surtout une histoire familiale houleuse, conflictuelle, bien moins lisse qu'elle ne pensait.

Comme une fée mauvaise,  penchée sur son berceau, sa tante lui aurait donné,  à  sa naissance, un bracelet de valeur "pour quand elle serait grande". Giovanna ne l'a jamais reçu.

Comme un mauvais génie, la tante Vittoria lui  conseille alors d'ouvrir les yeux, de chercher,  derrière la fable d'une enfance placide et ronronnante, les "terribles pépins de la réalité".  Le premier sera la réapparition inattendue, scandaleuse, du bracelet qui va précipiter tout le petit monde bien ordonné de Giovanna dans le chaos.

J'ai l'air de raconter un conte de fées pour enfant pas sage, alors que le roman de Ferrante est, comme toujours, d'une puissante vérité sociologique, empreint de réalisme et d'une analyse psychologique aussi impitoyable et fouillée que convaincante. Jamais l'auteure (dont j'ai lu tous les livres) n'a fait preuve comme ici d'un tel pouvoir de dissection sur un sujet aussi circonscrit et pourtant insondable: le passage de l'adolescence à l'âge adulte d'une " jeune fille rangée" de la moyenne  bourgeoisie  napolitaine.

Et pourtant ,  de la phrase du père qui assigne l'adolescente à la laideur à celle de l'être aimé qui l'élève et lui rend , littéralement, grâce,  la construction du récit ,  d'une rigueur extraordinaire, possède l' architecture parfaite du conte initiatique où un élément perturbateur précipite le héros ou, ici,  l'héroïne dans une quête qui ne prendra fin qu'au retour d'une situation finale qui retrouve la stabilité et l'équilibre de la situation initiale, mais dans une configuration  nouvelle, modifiée:  un bonheur conquis et non acquis.

Tout relève du conte :
- la fée / sorcière, marraine ou tante, bénéfique, pour avoir fait voler en éclats les faux semblants, maléfique, pour avoir précipité sa jeune protégée dans le monde dangereux, la Vie mensongère des adultes;
-l'objet magique, ici, le bracelet, talisman ou porte-malheur, qui court de poignet en poignet,  de trahison en trahison, révélant l'indicible, l'enfoui, le transgressif- objet de séduction, de convoitise, ou de torture.

Sans oublier le Prince charmant, la Marâtre, et les demi-Soeurs : tout y est, si on s'amuse à retrouver ces structures et fonctions rituelles du conte dans le roman de Ferrante.

 Et pourtant rien, jamais, n'est attendu, ni prévisible.

 La fin, dans sa tranquille crudité,  est une véritable claque. Et c'est pourtant la seule fin qui puisse rendre l'héroïne à elle- même et l'affranchir de toutes les influences qui n'ont que trop marqué son enfance ou  pesé sur son affranchissement même.

Giovanna n'a que seize ans quand s'achève le récit,  mais elle a su déjouer tous les pièges y compris les plus dangereux, celui  du sentiment amoureux -assujetissement à une admiration mêlée de  désir-  et , à l'opposé,  celui de l'avilissement dans une sexualité subie , vulgaire et humiliante.

Elle est vraiment libre, vraiment forte, vraiment seule aussi. Et le bracelet redevient un simple bijou.

J'ai particulièrement aimé ce nouveau Ferrante, lu en V.O..

Moins récréatif, moins épique, que l'Amie prodigieuse, il a la même  capacité à regarder le monde en face, à sentir ce qui définit le goût, le mode de vie et de pensée d'un milieu ou d'une classe sociale, mais sans se déployer comme une fresque  ou une chronique tumultueuse.

Ferrante resserre son objectif, réduit au minimum le nombre des personnages, établit une topologie presque symbolique:  Naples- le -haut et Naples -le-bas et, au loin,  Milan la ville-phare, le rêve inaccessible d'émancipation.

Ferrante cible étroitement son sujet, avec cette clairvoyance, cette âpreté stylistique qui la caractérisent, et elle retrouve le talent qu'elle avait mis dans d'autres récits moins connus et spectaculaires, La Plage dans la nuit , un livre pour enfant, où elle met des mots très crus et forts sur le fantasme d'abandon , ou Poupée volée , où elle décrit le moment de folie  d'une mère de famille en vacances,  avec une acuité que je n'avais jamais lue.

Décidément, Elena Ferrante est un grand écrivain, qui sait se renouveler sans se déprendre de ce qui fait sa marque, et, pour moi,   une des plus grandes et des plus justes voix parlant sans mièvrerie  et sans   apriori de la femme dans tous ses états.

Ps: les citations que j'ai choisies ont été traduites ..par moi! Je n'avais pas le texte français. Qu'on me pardonne mes maladresses...
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Dans le quartier de Rione Alto, Giovanna, à 12 ans, est une enfant choyée et aimée par des parents cultivés, au coeur d'un foyer bienveillant. Elle est professeure de latin grec et correctrice de romans à l'eau de rose, lui est professeur d'histoire et de philosophie. Ce dernier ne cesse d'ailleurs, depuis des années et sans raison aucune, de la complimenter sur tout et sur rien. Mais lorsque la jeune fille commence à avoir des difficultés à l'école, elle les surprend en pleine conversation et entend, notamment, des mots prononcés à mi-voix par son père, "elle est en train de prendre les traits de Vittoria". Une tante laide avec qui ses parents n'entretiennent plus aucune relation depuis des années. Pour Giovanna, ces mots blessants deviennent une obsession et elle n'a plus qu'une idée en tête, aller voir à quoi ressemble Zia Vittoria. À travers cette quête, elle va découvrir un autre monde mais aussi, grâce à cette dernière, regarder et considérer ses parents autrement...

Une phrase anodine entendue au détour d'une conversation, une phrase lourde de sens et non sans conséquence... "Laide", un mot brutal, qui plus est, prononcé par son père et à un âge où l'on est plus que jamais sensible. Giovanna veut à tout prix se rendre compte par elle-même si elle ressemble effectivement à Vittoria. Une rencontre qui va bouleverser la jeune fille et lui faire entrevoir une autre facette de ses parents mais aussi de son foyer et du monde. Un monde empreint de mensonges, d'hypocrisie, de secrets depuis longtemps cachés, de haine, d'amours contrariées... C'est dans ce contexte que Giovanna va peu à peu chercher à comprendre d'où elle vient et qui elle est, au contact de femmes excentriques ou soumises, de jeunes hommes, voyous pour certains. Une galerie de personnages riche et hétéroclite. Avec une écriture directe, Elena Ferrante traite, avec force, émotions et une grande finesse psychologique, l'adolescence et ses états d'âme, l'émancipation, l'image de soi... dans une société marquée par les rapports de classe. Un roman bercé de désillusions et d'espérances...
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Ouf! Pas déçue du tout, il est bon, le dernier Ferrante, très bon.

C'est très fort au niveau de la dimension psychologique, avec une plongée passionnante dans les zones troubles de l'adolescence - et de l'être humain, dans l'âpreté des désillusions, le mystère du mélange en nous de la pulsion de vie et du goût de l'auto-démolition, dans notre façon chaotique de nous frayer un chemin dans l'étrangeté du monde et de nous-mêmes. La projection dans un personnage-narrateur dont la lucidité est parfois assez rêche et décapante est intense et rend la lecture délicieusement addictive.
Giovanna est arrachée au doux cocon de l'enfance par une phrase prononcée à mi-voix par son père, persuadé qu'elle ne peut l'entendre: elle est, dit-il, en train de prendre les traits de Vittoria - Zia Vittoria, la tante dont Giovanna ne sait pratiquement rien, si ce n'est le dégoût et la peur qu'elle provoque chez ses parents, Vittoria dont le nom résonne en elle «comme celui d'un être monstrueux, qui souille et infecte quiconque l'effleure».
Elle décide alors d'aller voir à quoi ressemble réellement sa tante. Descendant des hauteurs de Naples pour aborder ses quartiers populaires, selon cette géographie sociale qu'Elena Ferrante sait si bien évoquer, l'adolescente découvre un autre monde, où l'on parle une autre langue, dialectale, langue interdite qui plus est, ses parents refusant de l'entendre prononcer ne serait-ce qu'une syllabe en napolitain. Elle y acquiert même un autre nom - avec la sensation d'y voir surgir une nouvelle dimension de sa personnalité, inconnue jusque-là:
«je commençai à penser que ce prénom attribué par Vittoria - Giannina - avait fait miraculeusement naître dans mon propre corps une autre personne, plus agréable, et en tout cas différente que celle que connaissaient mes parents»
On rencontre beaucoup de personnages bien intéressants dans ce roman d'apprentissage, comme cette tante face à laquelle on se tient en équilibre, perplexe, entre superlatifs admiratifs/critiques, des personnages qui ont plusieurs facettes, qui surprennent, et contribuent fortement à ce très gros plaisir de lecture que nous procure La Vie mensongère des adultes.
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Certains auteurs ont une imagination foisonnante dont jaillissent des univers, des créatures, des péripéties qui nous laissent abasourdis. Avec Elena Ferrante, c'est un peu le contraire : si je suis tout aussi abasourdie, c'est par sa capacité à construire une intrigue captivante à partir de ce qui pourrait sembler presque rien, grâce à sa capacité à entrer au plus profond de la psychologie de ses personnages.

Dans les beaux quartiers de Naples, une jeune fille à l'aube de la puberté surprend une phrase de son père qui souligne sa ressemblance avec Vittoria, la tante si mauvaise, si hideuse que tous les ponts ont été rompus avec elle. Cette remarque déclenche chez la protagoniste un flot de pensées dévastatrices, lève brutalement un voile, vient fissurer le monde enchanté de son enfance en lui montrant à quel point il change lorsqu'on l'éclaire différemment. Avide de tirer cette affaire au clair, elle décide de se faire sa propre idée sur la tante honnie…

Il ne m'en a pas fallu plus pour m'accrocher irrésistiblement aux pages de ce roman que j'ai dévoré presque d'un trait. Évidemment, j'ai brûlé, comme la narratrice, de connaître Vittoria et de savoir ce que celle-ci nous révèlerait des parents de Giovanna – dont la duplicité est suggérée dès les toutes premières pages. Une rencontre avec une femme, un autre milieu social qui brouille son petit monde bien ordonné et provoque des réactions en chaîne. À moins que tout cela n'agisse que comme un révélateur de forces qui étaient déjà à l'oeuvre chez Giovanna et ses parents ? Au fil des pages, on se rend compte que le coeur de l'intrigue a moins trait à la part de mystère qui baigne les adultes qu'à l'âge de l'adolescence – sa fragilité, son ébullition, ses questionnements douloureux et exaltants, ses révélations sur la vie et l'amour. Et le poids des mots qui créent des faits dans un monde confus et face auxquels la jeune fille en construction qu'est Giovanna se sent vulnérable : « Je suis fatiguée d'être exposée aux mots des autres. J'ai besoin de savoir ce que je suis vraiment et quelle personne je peux devenir. »

Ce caractère mouvant de l'intrigue va de pair avec une fin très ouverte qui m'a un peu frustrée. Mais je dois bien reconnaître que Elena Ferrante nous avait prévenus dès la première page : « Tout est resté figé – les lieux de Naples, la lumière bleutée d'un mois de février glacial, ces mots. En revanche, moi je n'ai fait que glisser, et je glisse aujourd'hui encore à l'intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire, alors qu'en réalité je ne suis rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : je ne suis qu'un écheveau emmêlé dont personne ne sait, pas même celle qui écrit en ce moment, s'il contient le juste fil d'un récit, ou si tout n'est que douleur confuse, sans rédemption possible. »

Un roman fort qui vit, de nouveau, de ces portraits de femmes si vivants qu'ils continuent à nous hanter une fois le livre refermé.
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«  Je n'ai fait que glisser ,et je glisse aujourd'hui encore à l'intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire alors qu'en réalité je ne suis rien »

Extrait significatif du tout début de ce livre prenant , un écheveau emmêlé à dessein où tout n'est que douleur confuse, cyclone intérieur , sans rédemption possible où Giovanna, fille unique d'un couple de professeurs , qui vivait une enfance heureuse va voir sa vie bouleversée l'année de ses douze ans.

Eh oui! elle se croyait belle avec ses cheveux lumineux et doux , ———soudain , après une conversation étouffée pour rester basse——elle apprend par la voix de son père qu'elle était comme sa soeur Vittoria : «  Elle alliait à la perfection laideur et propension au mal » ...
Elle se sent frémir de honte, elle qui portait des vêtements roses comme l'aurore , subitement tout se désagrège , plus de notes brillantes à l'école , c'est la dégringolade et la désinvolture .

Voilà Giovanna prise entre deux classes sociales ——celle de ses parents universitaires —- et celle des origines de son père ——-populaire dans les quartiers très pauvres de Naples .....
Elle va chercher sans fin —- auprès de sa tante Vittoria , brouillée, avec ses parents, son père surtout , depuis avant sa naissance , une femme brutale, libre et blessée, dotée d'un franc parler propre aux êtres abîmés par une colère constante, personnalité dure, toxique, maléfique , en couple avec la femme de son amant défunt ...

Un livre fulgurant , addictif à l'écriture acérée , mordante au coeur du trouble émotionnel , physique et psychologique de l'adolescence ,aux embardées hallucinées, aux spontanéités tourbillonnantes qui entraînent Giovanna dans l'ivresse virevoltante et dangereuse de ses émotions au sein des apparences et de la réalité , du mal et du bien, de l'éveil décisif à elle même.

À l'intérieur d'elle - même elle réinvente la vie de sa tante:pour épater ses amies «  Dans une ambiance de cimetière , de torrents et de chiens féroces, de flammes de raffineries et de squelettes abandonnés » .

La jeune fille en allant à la rencontre d'un autre univers social , découvre un monde plus spontané , incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges, les non - dits, les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents , ce monde policé ——sûr de lui, apparemment ,——- où le vernis du monde craque , Giovanna cherche sans cesse sa voie ...

Elena Ferrante mène un roman d'apprentissage brillant en décrivant à merveille ce point de bascule qui secoue une adolescente entre douze et seize ans , avec le cortège habituel des cachotteries et des turbulences de la vie.Elle va au delà avec son récit sinueux, tranchant , sans compromis ...parfois touffu à lire ...

Elle déroule quatre années cruciales de la vie de cette Napolitaine, qui apprend à soulever au fond d'elle «  La pierre sous laquelle est cachée une vie élémentaire », face aux sollicitations de ses amies, des hommes, de la famille , de l'école ...
Une superbe étude de caractère Vive et précise, intelligente , qui associe complexité et facilité de lecture à propos des rêves et de la vie de Giovanna ....
Un bon Elena Ferrante après la déception de «L'amour harcelant ».
On pourrait encore disserter sur la dernière phrase qui indiquerait une suite :
«  Nous nous fîmes une promesse : nous deviendrions adultes comme aucune fille n'avait jamais réussi à le faire ».....
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critiques presse (10)
LeJournaldeQuebec
22 septembre 2020
Non, point de nouvel opus à la saga L’amie prodigieuse. Ce qui n’est pas plus mal, puisque l’écrivaine italienne Elena Ferrante nous offre ici un très beau roman d’apprentissage.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
17 septembre 2020
Elena Ferrante, au fond, se livre à un petit éloge du mensonge, que l’on pourra lire aussi comme une véritable profession de foi de la part de la romancière.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaCroix
09 juillet 2020
Dans son nouveau roman, Elena Ferrante explore encore les chemins de la Naples de l?enfance, des passions secrètes et des vérités éprouvantes.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
17 juin 2020
Le huitième roman de la mystérieuse romancière est un beau portrait de femme en construction, taillé dans la lumière contrastée de Naples.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Elle
15 juin 2020
Le nouveau roman d'Elena Ferrante frappe par sa dureté et touche par ses sentiments à vif.
Lire la critique sur le site : Elle
LeMonde
12 juin 2020
Portraits de femmes ciselés et Naples en toile de fond : c'est le nouveau roman de la mystérieuse écrivaine italienne. Le talent est là, guère la surprise.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
11 juin 2020
La Vie mensongère des adultes explore brillamment le maelstrom de l’adolescence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaPresse
10 juin 2020
Elena Ferrante confirme être une merveilleuse conteuse. Un bracelet qui passe du poignet d’un personnage féminin à un autre, reliant ainsi toutes les femmes du récit, est de ce point de vue une véritable trouvaille.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeSoir
09 juin 2020
Quatre ans après la fin de « L’amie prodigieuse », la mystérieuse autrice napolitaine séduit à nouveau avec « La vie mensongère des adultes ».
Lire la critique sur le site : LeSoir
Telerama
08 juin 2020
De sa plume mordante, la grande et mystérieuse autrice plonge au cœur du cyclone intérieur qui secoue une adolescente. Un roman d?apprentissage brillant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (154) Voir plus Ajouter une citation
Tout a l'air en ordre - bonjour, à bientôt, installez-vous, qu'est-ce que vous voulez boire, vous pouvez baisser un peu le son, merci, de rien. Et pourtant, un voile noir peut s'abattre à tout instant. C'est une brusque cécité, on ne sait plus mettre les choses à distance, on se cogne partout. Cela concernait-il seulement quelques personnes, ou n'importe qui pouvait-il en arriver à ne plus rien y voir, une fois une certaine limite dépassée ? Et était-on davantage dans le vrai lorsque l'on voyait toute chose clairement, ou bien lorsque les sentiments les plus puissants et les plus intenses - la haine, l'amour - nous aveuglaient ?
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Quel que soit l’angle sous lequel on examinait ce bracelet, quelle que soit l’histoire dans laquelle on l’insérait – un conte, un récit intéressant ou banal –, il ne mettait en évidence qu’une seule chose : notre corps, secoué par les convulsions de la vie qui le consument, nous pousse à faire des choses stupides qui ne devraient pas avoir lieu.
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Elle était une femme âgée – en tout cas, à mes yeux de fille de treize ans – et moi une adolescente : il y avait trop de disproportion entre nos corps, et trop d’années séparaient mon visage du sien. Et puis, où se cachaient en moi l’énergie et la chaleur qui enflammaient son regard ? S’il était vrai que je prenais les traits de Vittoria, il me manquait l’essentiel, sa force. Emportée par le flot de mes pensées, alors que je comparais ses sourcils aux miens, son front au mien, je m’aperçus que je désirais qu’elle m’ait véritablement offert un bracelet, et je me dis que si, en ce moment, je l’avais possédé et porté, je me serais sentie plus puissante.Cette idée me causa aussitôt une sensation de chaleur qui me fit du bien, comme si mon misérable corps avait soudain trouvé le bon médicament. Certaines paroles que Vittoria m’avait adressées avant que nous nous séparions, quand elle m’avait raccompagnée à la porte, me revinrent à l’esprit. Elle s’était énervée : Ton père t’a privée d’une famille nombreuse, il t’a privée de nous tous, tes grands-parents, oncles, tantes, cousins, qui ne sommes pas aussi intelligents et éduqués que lui ; il nous a retranchés d’un coup de hache et il t’a imposé de grandir isolée, par peur que nous te gâchions. Elle respirait la haine et pourtant ses mots, comme je me les remémorais, m’apportaient du soulagement, et je ne cessai de me les répéter. Ils affirmaient l’existence d’un lien fort et positif, ils réclamaient ce lien. Ma tante n’avait pas dit : Tu as mes traits et tu me ressembles un peu.
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Deux ans avant qu’il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j’étais très laide. Cette phrase fut prononcée à voix basse, dans l’appartement que mes parents avaient acheté juste après leur mariage au Rione Alto, en haut de San Giacomo dei Capri. Tout est resté figé – les lieux de Naples, la lumière bleutée d’un mois de février glacial, ces mots. En revanche, moi je n’ai fait que glisser, et je glisse aujourd’hui encore à l’intérieur de ces lignes qui veulent me donner une histoire, alors qu’en réalité elles ne sont rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : seulement un enchevêtrement dont personne ne sait, pas même la personne qui écrit en ce moment, s’il contient le juste fil d’un récit, ou si tout n’est que douleur confuse, sans rédemption possible.
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En réalité, je ne suis rien, rien qui soit vraiment à moi, rien qui ait vraiment commencé ou vraiment abouti : je ne suis qu’un écheveau emmêlé dont personne ne sait, pas même celle qui écrit en ce moment, s’il contient le juste fil d’un récit, ou si tout n’est que douleur confuse, sans rédemption possible.
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Vidéo de Elena Ferrante
L'Amie prodigieuse, l'adaptation télévisuelle de la saga littéraire d'Elena Ferrante est de retour pour une troisième saison sur Canal +.
À l'heure où on retrouve Elena et Lila, les héroïnes nées sous la plume de la mystérieuse écrivaine italienne, les deux jeunes femmes sont bel et bien à la croisée des chemins. Celle qui fuit et celle qui reste, le sous-titre de ce troisième opus, n'a pas été choisi au hasard.
Quels choix de vie, quels renoncements, quels arrachements, parfois, faut-il consentir pour accomplir sa destinée individuelle et gagner sa propre liberté, quand on est une femme ? A fortiori une jeune femme pauvre dans l'Italie violente des années 70, entre années de plomb et forfaits de la Camorra ?
Tel est le fil rouge de cette troisième saison, sans doute la meilleure à ce jour depuis le début de la transposition télévisuelle de l'oeuvre littéraire d'Elena Ferrante. À la fois moins empesée et académique que la première, et beaucoup plus ample, du point de vue romanesque, que la deuxième. Une vraie réussite.
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