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Citations sur Les Jours de mon abandon (116)

Mais c'étaient surtout les images imperceptibles de mon esprit, les rares syllabes que je prononçais qui me faisaient peur. Il suffisait d'une pensée que je ne parvenais pas même à fixer, d'un simple frétillement de signification violacé, un hiéroglyphe vert de mon cerveau, pour que le malaise réapparaisse et que la panique croisse en moi. Qu'en certains recoins de la maison revinssent des ombres trop drues, humides, avec leurs murmures, les mouvements rapides de masses sombres et j'étais saisie d'épouvante. Alors, je me surprenais à allumer et à éteindre mécaniquement la télévision, rien que pour me tenir compagnie, à chantonner une berceuse dans le dialecte de mon enfance, ou l'écuelle vide d'Otto près du réfrigérateur me causait une souffrance insupportable, ou bien, en proie à une somnolence immotivée, je me retrouvais étendue sur le divan, occupée à me caresser les bras non sans les marquer du tranchant de mes ongles.
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- J’ai eu une réaction excessive qui a défoncé la surface des choses.
- Et puis ?
- Je suis tombée
- Où t’es-tu retrouvée ?
- Nulle part. il n’y avait nulle profondeur, il n’y avait aucun précipice. Il n’y avait rien
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"Un après-midi d’avril, aussitôt après le déjeuner, mon mari m’annonça qu’il voulait me quitter. Il me le dit tandis que nous débarrassions la table, que les enfants se chamaillaient comme à l’ordinaire dans une autre pièce, et que le chien rêvait en grognant devant le radiateur."
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Tu ne peux pas me laisser ici à espérer, alors qu'en réalité tu as déjà tout décidé
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je n'aimais pas les pages trop refermées, telles des persiennes toutes baissées. J'aimais la lumière, l'air entre les lattes. Je voulais écrire des histoires pleines de courants d'air, de rayons filtrés où danse la poussière.
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La vie est légère, il ne faut permettre à personne de nous la rendre pesante.
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Parallèlement, un sentiment de détresse permanente commença à se frayer la voie en moi. Le fardeau de mes deux enfants – la responsabilité mais également les exigences matérielles de leur vie – devint une hantise permanente. Je craignais de ne pas être capable de prendre soin d’eux dans un moment de lassitude, ou de distraction, je redoutais même de leur nuire. Ce n’est pas qu’auparavant Mario eût fait grand-chose pour m’aider, il était toujours surchargé de travail. Mais sa présence – ou mieux son absence, qui pouvait cependant toujours se changer en présence, si cela était nécessaire – me rassurait. Maintenant, le fait de ne plus savoir où il était, de ne pas connaître son numéro de téléphone, d’appeler son portable avec une fréquence exaspérante pour découvrir qu’il était toujours désactivé – sa façon de se rendre injoignable, à tel point que ses collègues de travail, ses complices, peut-être, me répondaient qu’il était absent pour cause de maladie, ou qu’il avait pris un congé de repos, ou même, encore, qu’il était à l’étranger, sur le terrain – faisait de moi comme une sorte de boxeur n sachant plus porter les bons coups, errant sur le ring les jambes molles et la garde basse.
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Je m'imposai de m'arrimer fermement à cette pensée, je la traînai derrière moi comme un ruban au vent et, à pas prudents, je passai ainsi dans le séjour. Je fus frappée par le désordre de mon bureau. Les tiroirs étaient ouverts, il y avait des livres jetés ça et là. Le cahier sur lequel, je prenais des notes pour mon livre était lui-même ouvert.
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Tandis qu'avec de lents mouvements j'effaçais du sol les traces du malaise de mon fils, je songeai à la femme de Naples, à elle et à ses enfants pleurnichards, qu'elle faisait taire à grand renfort de bonbons. Puis, à partir d'un certain moment et par la suite, la femme abandonnée avait commencé à s'en prendre à eux. Elle disait qu'ils avaient laissé une odeur de mère sur elle, et c'est ce qui avait été désastreux, c'était leur faute si son mari s'en était allé. Tout d'abord ils vous rebondissent le ventre, certes, tout d'abord ils vous alourdissent les seins, et ensuite ils n'ont pas la moindre patience. Des propos de cette sorte, me souvins-je. Gravement, en acquiesçant, ma mère les répétait à voix basse afin que je ne les entende pas.
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Maintenant je sais ce qu'est un vide de sens et ce qui arrive si on ne parvient pas à remonter à la surface. Toi, non, tu ne le sais pas. Tu as, tout au plus, lancé un regard dans l'abîme, tu as été effrayé, tu as colmaté cette brèche à l'aide du corps de Carla
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