Obsius lux

J'ai affleuré, pour un temps fugace, la beauté, la pureté brute, grâce à Marion Fillancq qui décrit avec poésie comment elle en est venue à façonner l'obsidienne et à Aurore Delsior pour les 6 photos en noir et blanc, qui auraient mieux rendu sur du papier glacé et dans un format plus grand.

Ma critique sera aussi courte que ce petit livre minimaliste. Dommage, car le peu que j'ai lu m'a donné envie d'en savoir plus.

« Pendant que Baccarat attire les regards avec son cristal taillé, ses lustres et ses pampilles, flirte avec les grands de ce monde, courtise les Tsars, la pampille qu'est devenue l'obsidienne opère en charmeuse de lumière. Sous ses airs primitifs, elle minaude avec des charmes miroitants, pendue à la modeste couronne d'aubépine qui la soutient. 
Chance est la lumière qui caresse son tranchant ! », Marion Fillancq

Je remercie Babelio et les éditions Archéologies Poétiques pour ce livre que j'ai reçu lors de la dernière masse critique.

Obsidienne...verre volcanique naturel.  « Selon Pline l'ancien, son nom viendrait de Obsius, personnage de la Rome antique qui aurait signalé en premier la présence de cette roche, en Éthiopie,... mais les linguistes relient ce nom au latin obsidio, « cerné » (les cassures de l'obsidienne présentant des cernes). «  Obsidienne, ... Entre les griffes du ciel et les chairs de la terre un candélabre minéral perce l'obscurité d'un langage… C'est dans l'obscurité la plus profonde de la terre que naissent les larmes de la lumière.
Geste, transmission de l'homme en échos recueillis, éclats de bruits, lames au tranchant de lumière transperçant l'histoire de la création.
Savoir faire, savoir transmettre, savoir répondre à la brutalité naissante du monde.
Lux, lumière, mise en lumière par un geste précis, appris, de l'esprit.
« La réfraction de la lumière sur la mer fait frémir la paroi de la pierre », ...en lisant ce livret magnifique de cette poétique du geste mis en lumière, je repensais à ce vers de Marguerite Duras, extrait des mains négatives. Déclaration d'amour à l'artisan d'un langage. Premier geste, exploration, question... « Il se tient au centre de la pierre - des couloirs- des voies de pierre- de toutes parts ». Où trouver la Lumière ? l'intelligence du geste. La passage à travers la Matière. Hommage au premier geste, hommage à l'intelligence humaine qui a su en maîtrisant son geste, en le transmettant faire changer le destin de l'humanité toute entière. L'audace premier d'un progrès pour le bien de tous. Un geste réfléchi, gratuit , partagé. Une idée, une proposition. le Beau ne peut répondre qu'au Bien. Il ne peut y avoir de progrès sans amélioration du bon, et donc du bien. le bon et le beau geste, le bon et le bel esprit. Une passion humaine retranscrite dans la démarche du geste, l'Art de transmettre l'élévation de l'esprit.
Puissance de l'action. « L'empreinte d'une certaine violence dans la volonté conjointe de beau et de vif dessine les contours d'une pesée taille. » « Alors que, souvent, pour orner nous ajoutons, il faut enlever pour créer, façonner. »
Soustraire extraire, révéler, savoir faire abstraction.
Obsius Lux est une création contemporaine d'une artiste verrier, Marion Fillancq . Une couronne d'aubépine sur laquelle la lumière caresse le tranchant de pampilles d'obsidienne taillées.
Rencontre entre deux savoir faire : celui d'une artiste et celui d'un archéologue Vincent Lascour, tailleur de silex, de cristal et de verre selon les méthodes de la préhistoire.
Obsius Lux, c'esr également ce livre, qu' @rchéo-éditions nous offre de découvrir.
C'est la rencontre de l'oeuvre, et de la pensée d'un geste dans le regard d'Aurore Delsoir , photographe.
C'est beau, c'est pur et éclatant.

Astrid Shriqui Garain

Obsius Lux se présente sous la forme d'un petit fascicule à la couverture assez stylée à dominante noire, ceci pour rappeler sans doute le noir de l'obsidienne ou du cristal noir de Baccarat qu'affectionne particulièrement Marion Fillancq, artiste verrier. Il appartient à la collection « Archéologies poétiques » chez @rchéo-éditions. Un package prometteur donc, jolie couverture, nom de collection plutôt sympa, qui se vend comme, je cite, « une collection née du désir de donner à l'archéologie un pouvoir de rêve ». Bon, ça c'est fait. le reste, je veux dire, ce que contient ce petit bouquin d'une trentaine de petites pages carrées... comment dire... me fait penser à un rapport de stage : je pose gentiment les prémisses de mon questionnement pour ensuite justifier ma problématique et enfin exposer ma démarche et mon expérience, mais pas trop longtemps et si possible avec des phrases bien faites. Je résume donc : Marion Fillancq s'est intéressée au processus de pierre taillée préhistorique pour tailler à son tour des pierres dans une démarche artistique. Aurore Delsoir agrémente le fascicule de quelques photographies qui ne mettent guère en valeur le travail de l'artiste. En troisième de couverture, on nous annonçait qu'elle « s'interroge sur l'humanité, des origines à aujourd'hui, et cette étrange nécessité de faire du beau, soit-il fonctionnel ». Bon... elle s'interroge et puis quoi ? Voilà. Cet ouvrage qui a sans doute nécessité quelques abattages d'arbres vénérables (oui, je sais, je suis un peu portée sur L'Arbre Monde en ce moment), a obtenu le Grand Prix du Jury Josette Renaux. Il a sans doute sa valeur pour les amateurs, le seul intérêt que je lui trouve c'est de donner envie de voir, pour de vrai, les productions de Marion Fillancq dont la démarche reste intéressante. Merci à Masse critique de m'avoir envoyé de livre.