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Les langues en Europe, c'est facile : en France, on parle français, en Espagne, espagnol, au Portugal, portugais, en Italie, italien, et en Allemagne, allemand. Enfin un truc bien pensé et qui facilite la vie à tout le monde ! Malheureusement, cet espoir est encore une fois vite déçu (comme on s'en doutait déjà quand on est belge, suisse, breton, autrichien, irlandais, …)

Le livre passe en revue la situation de nombreux pays européens, notamment (mais pas que) ce qui s'est passé après la seconde guerre mondiale. Il faut dire que le sujet des langues est devenu sensible. le nationalisme en a fait un composant de base avec le slogan « Une langue, un peuple, une nation » : il est de bon ton d'avoir un parler unique et pur sur tout le territoire, les dialectes régionaux étant alors autant combattus que les langues étrangères. Par l'éducation et l'école dans le meilleur des cas, par des déplacements de population forcés dans l'autre.

La langue a également intégré les romans nationaux : pouvoir montrer que la nôtre est la plus ancienne, c'est aussi prouver qu'on était là avant tout le monde et donc bien plus légitimes que tous les autres à y rester.

Partager une langue, c'est aussi partager une culture, avec tous les soupçons de double jeu que cela peut engendrer. Les locuteurs de l'allemand en ont été victimes à la fin de la seconde guerre mondiale, parfois sommés de « rentrer chez eux en Allemagne » alors que leur famille avait émigré depuis plusieurs générations. La situation du russe est aussi interpellante : septième langue la plus parlée dans l'Union Européenne, elle n'a pourtant aucun statut officiel et est combattue un peu partout dans les états membres de l'Est pour réduire l'influence du Kremlin. Pourtant, si la langue est certes un instrument de soft power, considérer tous ses locuteurs comme des traîtres en puissance est très réducteur.

La langue est au coeur de l'identité personnelle, familiale, et nationale. Pas étonnant donc que tout ça provoque fantasmes, crispations voire violences.

En abordant l'Histoire par le prisme des langues, cet essai nous offre une autre perspective sur la politique actuelle. Certains conflits récents deviennent tout à coup des redites de blessures mal soignées ; d'autres pays aux airs bien tranquilles se transforment en casseroles à pression prêtes à exploser.

À noter aussi que l'objet-livre est assez réussi. L'ajout d'une couleur rose/rouge dans tout le livre pour les titres, les cartes, les encadrés, … donne un petit plus graphique très agréable.
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Je suis abonné depuis un moment à la chaine Youtube Linguisticae.
J'ai donc profité d'une opération « Masse critique » pour demander son ouvrage.
Merci aux éditions “Slatkine et Cie” et à “Babélio” pour le sympathique envoi.

Il m'est arrivé de lire des livres écrit par des vidéastes créateurs de contenus. Peu furent des déceptions.
Celui-ci n'en fut pas une ! Il complémente très bien la chaine.
Pour ma part, je préfère même ce format-là : il est plus facile de suivre le propos, noter les références et…
Les cartes sont excellentes : claires avec seulement quelques couleurs.
Elles sont bien amenées avec au passage ce qu'il faut de recul et de mise en garde.
Il est si facile de construire des cartes « linguistiques » orientées.
Quel critère prendre pour colorer une région d'une « couleur » linguistique particulière ?
Les manipulations sont faciles !

C'est d'ailleurs une des grandes qualités de l'ouvrage : vulgariser tout en nous sensibilisant astucieusement aux récits et constructions basées sur de supposées origines culturelles et linguistiques.
Que couvre le livre ?

Principalement l'Europe (regardez la couverture) D'ailleurs, pourquoi pas un jour un autre livre sur d'autres continents (discret appel du pied) ?

Très bon sujet que l'Europe justement.
Il y a par exemple deux pays dont je croyais connaitre le paysage et l'histoire linguistique : la Belgique et la Suisse.
Quelle erreur !
Le sujet est bien moins simple que je ne pensais.
De là à dire que ce livre est ardu absolument pas. C'est un compromis entre exhaustivité et vulgarisation.
Un compromis qui me satisfait.

Il y a évidemment dans tous les chapitres une place pour l'histoire. Mais ce n'est pas un livre d'histoire.
Ne soyez pas frustrés si certaines périodes sont très brièvement évoquées ou escamotées.

Certains esprits taquins pourraient reprocher une certaine orientation de l'auteur.
Je ferais un parallèle avec un voilier.
Lorsque vous naviguez, il est infiniment plus dangereux de feindre ou d'ignorer que son embarcation dérive.
Il est bien plus judicieux de réaliser de combien il dérive et de quel côté.
Et entre-nous si votre barque dérive fortement vers tribord et que vous pensez qu'elle tient un cap juste, alors vous finirez dans de noirs récifs.
En conclusion

Un livre qui ouvre tout un territoire de connaissance.
Il excelle quand il remet à plat certaines bases de la construction européenne. le territoire est vaste et passionnant.
Une indispensable lecture en des temps de renouveau de certains récits nationaux.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Un livre très instructif sur L Histoire linguistique de différents peuples et pays européens.
Cette Histoire peut expliquer les conflits politiques, certains votes, certaines guerres mais aussi des histoires culturelles.
Le livre développe en particulier la situation de la Belgique, du Luxembourg, de la Suisse, des Allemands, les Slaves, les Balkans, les Grecs, la péninsule ibérique, les langues celtes et l'anglais.
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Nous avons l'habitude de voir l'histoire sous le prisme des vainqueurs et de la politique. Nous oublions souvent le côté humain et linguistique.

RF Monté nous remet cette histoire et les impacts actuels en perspectives via divers exemples allant de la Belgique à Espagne avec un détour par les pays « celtiques » et balkaniques.

Monté connaît son sujet qu'il maîtrise avec précision. Étant belge et un peu connaisseur de son histoire, la présentation qu'il fait des divergences wallonnes/flamandes avec les germanophones en cinquième roue du carrosse est très fidèle.

Il montre son analyse et sa perception sans vouloir faire l'avocat du diable même si certains « bien pensants » voudraient occulter et de draper de l'habit du juste.

Il revient sur la francisation (et l'anglicisation) « forcée » et les dérives que cela a engendrées sur les langues locales et régionales.

Je ne sais pas s'il faut pleurer la richesse passée ou essayer, pour autant que cela soit encore possible, de faire vivre et revivre nos langues presque oubliées vu la diminution des locuteurs natifs.

Un livre à mettre entre toutes les mains surtout entre celles de nos politiques qui veulent plus de diversité.
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Un livre passionnant qui force à prendre du recul sur nos conceptions et surtout apporte de la connaissance sur des impressions vis-à-vis des langues. Je m'attendais par le titre à en apprendre plus sur les voyages des mots et les dialogues entre les langues en Europe mais pas du tout : il s'agit surtout d'un état des lieux des langues européennes et des politiques linguistiques contestables, contestées ou acclamées des états dans lesquelles elles se trouvent. L'écriture manque parfois de clarté et les cartes ne sont pas toujours très bien didactisées, mais le travail derrière est colossal et j'en ressors bien plus savant ! Je le conseille vivement ! (et quel plaisir de lire en réforme 1990)
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un ouvrage érudit et pour autant accessible, très bien fait sur le fond et sur la forme
Quelques petites maladresses dans le style avec du vocabulaire ou des opinions un peu "cash" qui est le fruit de la "jeunesse" de l'auteur.
Il n'empêche que je suis déjà impatient de lire le prochain livre de RF Monté
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J'ai acheté ce livre avec enthousiasme, heureux de trouver une source pour assouvir une soif d'introduction à l'histoire des langues. Il m'a semblé au début bien construit, accessible et ludique, malgré de nombreuses coquilles et un style "conversationnel" qui en rendent la lecture parfois un peu pénible.
Malheureusement, le livre m'est tombé des mains lorsque je suis arrivé au chapitre consacré à l'ukrainien et au russe. le discours défendu par l'auteur est ouvertement pro russe, renvoyant dos à dos deux impérialismes mis sur le même plan, ceci au motif de politiques linguistiques menées en Ukraine contre la minorité russophone. Il semble que la grille de lecture linguistique suffise à l'auteur pour légitimer l'agression russe. "L'ingérence est belle (sic) et bien située des deux côtés" est assez difficile à entendre quand on sait que l'ingérence russe s'accompagne d'une guerre brutale et de crimes de guerre. de même lorsque la guerre menée par Poutine est mise en parallèle avec la politique "à géométrie variable" de l'union européenne, au titre (peut-être au demeurant justifié) qu'elle n'a pas défendu les minorités linguistiques. Pareil lorsque la fiabilité des informations sur la Russie venant de médias occidentaux est mise sur le même plan que ceux issus de médias russes, sur lesquels il est pourtant malheureusement bien davantage démontré que leur ligne éditoriale est guidée par les responsables politiques. L'auteur trouve même un peu plus loin le moyen de critiquer l'interdiction du média Sputnik en Lettonie, citant entre guillemets le motif "d'outil de propagande", ce qui aurait été perçu par la Russie comme une "atteinte à la pluralité des opinions et à la liberté d'expression" (pas de guillemets dans le texte ici...), ce qui est assez osé lorsqu'on sait à quel point ce média a défendu la politique du Kremlin. La conclusion, au lieu de dénoncer l'horreur de la guerre d'agression décidée par la Russie, décide de s'attarder sur "l'hypocrisie de l'Europe qui est bien prompte à critiquer les oppressions des minorités sauf quand elles ont lieu sur son sol ou chez ses alliés".
Bref, un "ni tout blanc ni tout noir" (je cite) cynique révélant à mes yeux une véritable faute morale.
Difficile pour moi de continuer le livre dans ces conditions. Difficile d'en recommander la lecture. J'irai trouver mes sources ailleurs.
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J'ai beau visionner les vidéos de l'auteur depuis plusieurs années, ce n'est pourtant qu'en lisant ce livre que je me rends compte à quel point la linguistique peut apporter certaines clés d'analyse complémentaire en géographie, histoire et politique.

RF Monté est passionné par son sujet, ça se ressent dans l'ensemble du livre. Il n'en profite pourtant pas pour insinuer que c'est la réponse à la grande question sur la vie, L Univers et le reste, la linguistique est décrite comme un des paramètres d'équations complexes, qui sont bien exposées. le propos est bien vulgarisé sans être simpliste, la lecture est simplifiée par une écriture proche d'une discussion (ou d'un script d'épisode de Linguisticae)

Beaucoup de choses abordées dans le livre m'étaient inconnues, certaines informations complètent la vision simpliste que j'avais de certaines situations géopolitiques ou font un pas de côté par rapport aux discours habituels. L'édition est vraiment chouette, de nombreuses cartes en nuance de gris et orange aident à la compréhension,… c'est un beau livre. Un bon investissement ou une bonne idée cadeau.

À mon sens, les fans de Linguisticae devraient apprécier, les autres aussi.
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