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EAN : 9782889441891
365 pages
Slatkine et Cie (06/01/2022)
4.31/5   21 notes
Résumé :
La linguistique 2.0

Derrière la chaîne " Linguisticae " se cache un véritable passionné des mots : Romain Filstroff. Après des études de langues, il lance son blog spécialisé dans la linguistique. De posts en vidéos, " Linguisticae " grandit et séduit chaque jour de plus en plus d'abonnés ; ses vidéos cumulent plus de 10 millions de vues.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Les langues en Europe, c'est facile : en France, on parle français, en Espagne, espagnol, au Portugal, portugais, en Italie, italien, et en Allemagne, allemand. Enfin un truc bien pensé et qui facilite la vie à tout le monde ! Malheureusement, cet espoir est encore une fois vite déçu (comme on s'en doutait déjà quand on est belge, suisse, breton, autrichien, irlandais, …)

Le livre passe en revue la situation de nombreux pays européens, notamment (mais pas que) ce qui s'est passé après la seconde guerre mondiale. Il faut dire que le sujet des langues est devenu sensible. le nationalisme en a fait un composant de base avec le slogan « Une langue, un peuple, une nation » : il est de bon ton d'avoir un parler unique et pur sur tout le territoire, les dialectes régionaux étant alors autant combattus que les langues étrangères. Par l'éducation et l'école dans le meilleur des cas, par des déplacements de population forcés dans l'autre.

La langue a également intégré les romans nationaux : pouvoir montrer que la nôtre est la plus ancienne, c'est aussi prouver qu'on était là avant tout le monde et donc bien plus légitimes que tous les autres à y rester.

Partager une langue, c'est aussi partager une culture, avec tous les soupçons de double jeu que cela peut engendrer. Les locuteurs de l'allemand en ont été victimes à la fin de la seconde guerre mondiale, parfois sommés de « rentrer chez eux en Allemagne » alors que leur famille avait émigré depuis plusieurs générations. La situation du russe est aussi interpellante : septième langue la plus parlée dans l'Union Européenne, elle n'a pourtant aucun statut officiel et est combattue un peu partout dans les états membres de l'Est pour réduire l'influence du Kremlin. Pourtant, si la langue est certes un instrument de soft power, considérer tous ses locuteurs comme des traîtres en puissance est très réducteur.

La langue est au coeur de l'identité personnelle, familiale, et nationale. Pas étonnant donc que tout ça provoque fantasmes, crispations voire violences.

En abordant l'Histoire par le prisme des langues, cet essai nous offre une autre perspective sur la politique actuelle. Certains conflits récents deviennent tout à coup des redites de blessures mal soignées ; d'autres pays aux airs bien tranquilles se transforment en casseroles à pression prêtes à exploser.

À noter aussi que l'objet-livre est assez réussi. L'ajout d'une couleur rose/rouge dans tout le livre pour les titres, les cartes, les encadrés, … donne un petit plus graphique très agréable.
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Je suis abonné depuis un moment à la chaine Youtube Linguisticae.
J'ai donc profité d'une opération « Masse critique » pour demander son ouvrage.
Merci aux éditions “Slatkine et Cie” et à “Babélio” pour le sympathique envoi.

Il m'est arrivé de lire des livres écrit par des vidéastes créateurs de contenus. Peu furent des déceptions.
Celui-ci n'en fut pas une ! Il complémente très bien la chaine.
Pour ma part, je préfère même ce format-là : il est plus facile de suivre le propos, noter les références et…
Les cartes sont excellentes : claires avec seulement quelques couleurs.
Elles sont bien amenées avec au passage ce qu'il faut de recul et de mise en garde.
Il est si facile de construire des cartes « linguistiques » orientées.
Quel critère prendre pour colorer une région d'une « couleur » linguistique particulière ?
Les manipulations sont faciles !

C'est d'ailleurs une des grandes qualités de l'ouvrage : vulgariser tout en nous sensibilisant astucieusement aux récits et constructions basées sur de supposées origines culturelles et linguistiques.
Que couvre le livre ?

Principalement l'Europe (regardez la couverture) D'ailleurs, pourquoi pas un jour un autre livre sur d'autres continents (discret appel du pied) ?

Très bon sujet que l'Europe justement.
Il y a par exemple deux pays dont je croyais connaitre le paysage et l'histoire linguistique : la Belgique et la Suisse.
Quelle erreur !
Le sujet est bien moins simple que je ne pensais.
De là à dire que ce livre est ardu absolument pas. C'est un compromis entre exhaustivité et vulgarisation.
Un compromis qui me satisfait.

Il y a évidemment dans tous les chapitres une place pour l'histoire. Mais ce n'est pas un livre d'histoire.
Ne soyez pas frustrés si certaines périodes sont très brièvement évoquées ou escamotées.

Certains esprits taquins pourraient reprocher une certaine orientation de l'auteur.
Je ferais un parallèle avec un voilier.
Lorsque vous naviguez, il est infiniment plus dangereux de feindre ou d'ignorer que son embarcation dérive.
Il est bien plus judicieux de réaliser de combien il dérive et de quel côté.
Et entre-nous si votre barque dérive fortement vers tribord et que vous pensez qu'elle tient un cap juste, alors vous finirez dans de noirs récifs.
En conclusion

Un livre qui ouvre tout un territoire de connaissance.
Il excelle quand il remet à plat certaines bases de la construction européenne. le territoire est vaste et passionnant.
Une indispensable lecture en des temps de renouveau de certains récits nationaux.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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J'ai acheté ce livre avec enthousiasme, heureux de trouver une source pour assouvir une soif d'introduction à l'histoire des langues. Il m'a semblé au début bien construit, accessible et ludique, malgré de nombreuses coquilles et un style "conversationnel" qui en rendent la lecture parfois un peu pénible.
Malheureusement, le livre m'est tombé des mains lorsque je suis arrivé au chapitre consacré à l'ukrainien et au russe. le discours défendu par l'auteur est ouvertement pro russe, renvoyant dos à dos deux impérialismes mis sur le même plan, ceci au motif de politiques linguistiques menées en Ukraine contre la minorité russophone. Il semble que la grille de lecture linguistique suffise à l'auteur pour légitimer l'agression russe. "L'ingérence est belle (sic) et bien située des deux côtés" est assez difficile à entendre quand on sait que l'ingérence russe s'accompagne d'une guerre brutale et de crimes de guerre. de même lorsque la guerre menée par Poutine est mise en parallèle avec la politique "à géométrie variable" de l'union européenne, au titre (peut-être au demeurant justifié) qu'elle n'a pas défendu les minorités linguistiques. Pareil lorsque la fiabilité des informations sur la Russie venant de médias occidentaux est mise sur le même plan que ceux issus de médias russes, sur lesquels il est pourtant malheureusement bien davantage démontré que leur ligne éditoriale est guidée par les responsables politiques. L'auteur trouve même un peu plus loin le moyen de critiquer l'interdiction du média Sputnik en Lettonie, citant entre guillemets le motif "d'outil de propagande", ce qui aurait été perçu par la Russie comme une "atteinte à la pluralité des opinions et à la liberté d'expression" (pas de guillemets dans le texte ici...), ce qui est assez osé lorsqu'on sait à quel point ce média a défendu la politique du Kremlin. La conclusion, au lieu de dénoncer l'horreur de la guerre d'agression décidée par la Russie, décide de s'attarder sur "l'hypocrisie de l'Europe qui est bien prompte à critiquer les oppressions des minorités sauf quand elles ont lieu sur son sol ou chez ses alliés".
Bref, un "ni tout blanc ni tout noir" (je cite) cynique révélant à mes yeux une véritable faute morale.
Difficile pour moi de continuer le livre dans ces conditions. Difficile d'en recommander la lecture. J'irai trouver mes sources ailleurs.
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Nous avons l'habitude de voir l'histoire sous le prisme des vainqueurs et de la politique. Nous oublions souvent le côté humain et linguistique.

RF Monté nous remet cette histoire et les impacts actuels en perspectives via divers exemples allant de la Belgique à Espagne avec un détour par les pays « celtiques » et balkaniques.

Monté connaît son sujet qu'il maîtrise avec précision. Étant belge et un peu connaisseur de son histoire, la présentation qu'il fait des divergences wallonnes/flamandes avec les germanophones en cinquième roue du carrosse est très fidèle.

Il montre son analyse et sa perception sans vouloir faire l'avocat du diable même si certains « bien pensants » voudraient occulter et de draper de l'habit du juste.

Il revient sur la francisation (et l'anglicisation) « forcée » et les dérives que cela a engendrées sur les langues locales et régionales.

Je ne sais pas s'il faut pleurer la richesse passée ou essayer, pour autant que cela soit encore possible, de faire vivre et revivre nos langues presque oubliées vu la diminution des locuteurs natifs.

Un livre à mettre entre toutes les mains surtout entre celles de nos politiques qui veulent plus de diversité.
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J'ai beau visionner les vidéos de l'auteur depuis plusieurs années, ce n'est pourtant qu'en lisant ce livre que je me rends compte à quel point la linguistique peut apporter certaines clés d'analyse complémentaire en géographie, histoire et politique.

RF Monté est passionné par son sujet, ça se ressent dans l'ensemble du livre. Il n'en profite pourtant pas pour insinuer que c'est la réponse à la grande question sur la vie, L Univers et le reste, la linguistique est décrite comme un des paramètres d'équations complexes, qui sont bien exposées. le propos est bien vulgarisé sans être simpliste, la lecture est simplifiée par une écriture proche d'une discussion (ou d'un script d'épisode de Linguisticae)

Beaucoup de choses abordées dans le livre m'étaient inconnues, certaines informations complètent la vision simpliste que j'avais de certaines situations géopolitiques ou font un pas de côté par rapport aux discours habituels. L'édition est vraiment chouette, de nombreuses cartes en nuance de gris et orange aident à la compréhension,… c'est un beau livre. Un bon investissement ou une bonne idée cadeau.

À mon sens, les fans de Linguisticae devraient apprécier, les autres aussi.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le troisième scénario va vous surprendre, et pourtant c'est le plus logique, le moins couteux et le plus avantageux. C'est l'apprentissage de l'espéranto, une langue construite inventée au début du xx* siècle par un Juif polonais. Conçue pour être facile à écrire, parler et apprendre, elle conduirait à une économie d'au moins 25 milliards d'euros pour l'UE. Et encore, ce chiffre date de 2005 à une époque où l'Union était moins large et moins peuplée.
Le fait que l'espéranto ne soit la langue de personne forcerait tous les pays à l'adopter, il deviendrait donc la langue de tout le monde. Cela préviendrait une partie des transferts économiques inéquitables qui partent par exemple de l'Est pour aller vers Londres. Par ailleurs, son apprentissage est rapide, jusqu'à 50 fois plus que celui de l'anglais. Cela permettrait également d'avoir une langue forte à diffusion internationale qui ne soit pas menaçante pour les langues nationales locales et qui soit à l'origine d'une production culturelle, médiatique et scientifique forte et mieux répartie sur le territoire européen.
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La Pologne décide dès 1940 qu'à l'issue de la guerre sa population allemande devra être expulsée afin de constituer homogène. Mais ce qu'elle ne prévoit pas, c'est de voir ses frontières autant évoluer à l'issue du conflit : en effet, son territoire «glisse» vers l'ouest lorsque l'URSS annexe sa partie ouest et qu'on lui offre l'est de l'Allemagne comme compensation. La frontière entre l'Allemagne et la Pologne se place désormais sur la ligne Oder-Neisse, à l'ouest de laquelle 11 millions de personnes sont germanophones. Ces dernières, installées dans la région dès le XI siècle ou descendantes de Polonais convertis à la culture allemande, vivant dans des régions ou des pays germaniques depuis le Moyen-Âge, doivent fuir. Pour ceux qui restent, c'est la déportation ou le travail forcé. Plus de 200 000 civils de culture allemande sont internés dans les camps, et beaucoup mourront à la tâche. Des noms allemands sont effacés jusque sur les tombes dans les cimetières. Cette mesure fait écho à celle que les nazis avaient eux-mêmes mise en place en Pologne durant la guerre, sur les conseils de l'évêque de Danzig Carl Maria Splett.
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Vous avez certainement entendu parler du génocide arménien. qui s'étend alors de 1915 à 1923. Cependant, durant la même époque et pour des objectifs qui ne varient pas beaucoup, les Grecs du Pont, orthodoxes, ont aussi été chassés et massacrés. La ville de Trébizonde, peuplée d'Arméniens et de Grecs, est par exemple purgée de ses chrétiens en 1915 pour être repeuplée de musulmans.
Il est difficile de savoir combien de Grecs sont morts entre la Premiere Guerre mondiale et le traité de Lausanne de 1923. Ce chiffre irait de 100 000 à 350 000 en fonction des estimations et des critères de comptage. En plus des assassinats directs, on trouve par exemple le recours au travail forcé ou à la marche forcée. Cette méthode augmentait très fortement la mortalité, mais elle permettait de ne pas infliger la mort directement. Pour cette raison, on parle alors de «massacres blancs ». Contrairement au génocide arménien qui est un enjeu politique pour sa reconnaissance internationale, le génocide des Grecs du Pont est assez peu connu.
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Au moment de la conquête romaine, le grec est non seulement bien implanté le long de la mer Egée et dans le sud de l'Italie où il fut apporté au début de l'âge du fer, mais il l'est aussi désormais chez les Latins lettrés qui létudient et le parlent entre eux. D'ailleurs, les derniers mots que César aurait adressés à Brutus, que beaucoup ont appris à l'école, n'auraient pas été en latin, mais en grec. Oubliez alors la locution Tu quoique, mi fili «Toi aussi, mon fils» et remplacez-la par kaì où TéKVOv/kai sý téknon. Pas très étonnant, sachant que la plupart des Romains de haut niveau social recevait une éducation en grec et qu'il leur était même parfois plus facile de s'exprimer dans cette langue qu'en latin. Pour cette raison notamment, le grec est une langue à laquelle le latin emprunte beaucoup.
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Si vous avez déjà vu Titanic ou Gangs of New York, Vous savez certainement que les Irlandais ont fui par centaines de milliers leur île natale. Ce que vous ignorez en revanche peut-être, c'est pourquoi. Je vous répondrais alors que c'est à cause de la grande famine (en irlandais : an gorta mór), qui vient d'une crise agricole et politique majeure qui s'étend de 1845 à 1852 et qui conduit à une crise qui est aussi bien démographique qu'économique.
Tout part à l'origine de l'apparition du mildiou, une maladie qui frappe les cultures et tout particulièrement celle de la pomme de terre. Bien que la production agricole irlandaise dégringole et que les paysans soient pour beaucoup ruinés et affamés, ils doivent toujours payer un impôt à un propriétaire terrien pour pouvoir utiliser leur parcelle. Ne pouvant plus honorer leur bail, certains paysans sont même expropriés. Sous la pression des commerçants et des Britanniques, I'Irlande continue d'exporter de la nourriture alors qu'elle n'est plus à même de nourrir sa propre population. La pauvreté et la faim provoquent de nombreux morts. Il faut près d'un demi-siècle à l'Irlande pour enrayer la spirale. La conséquence de la grande famine, c'est une population irlandaise qui passe de 8 millions à un peu plus de 4 millions début 1900.
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