"
Rien que des mots", oui, mais justement les mots me manquent pour parler de ce premier roman.
Alors, en attendant de les trouver, je vais commencer par l'histoire. C'est celle d'Hugo et d'Adèle ou peut-être davantage d'Adèle et d'Hugo, deux passionnés de livres, de lecture, d'écriture. Adèle est enceinte et tout à coup, un soir, elle prend conscience que l'écriture l'a privée de son père qui, plutôt que de s'occuper d'elle, se retranchait dans son antre et écrivait, écrivait, écrivait. Pour protéger son fils à venir d'une telle malédiction, elle édicte un unique commandement : "Tu n'écriras point !" et décide qu'il ne verra jamais de livres, au point de provoquer un autodafé dans son appartement ! Mais le destin ?
Dérangeant, c'est le mot qui me vient pour qualifier ce récit. Dérangeant par l'attitude de la mère, elle décide, commande, met en oeuvre. Elle prive, empêche, trace une seule voie : la sienne. J'avoue n'avoir pas accepté le rôle de cette mère pleine d'amour pour son fils, mais d'un amour égoïste, est-ce parce que cela ramène à mes erreurs de mère ? Dérangeant par l'absence du père, Hugo écrit, certes, mais il semble falot, sans envergure, relégué en arrière-plan. Bon, même s'il s'agit d'une vraie déclaration d'amour aux livres et aux belles lettres, même s'il s'agit d'une fable, je n'ai pas réussi à m'en régaler.
Reste l'écriture originale, fouillée, travaillée, reste, naturellement, l'érudition de l'auteur jouant des titres et des auteurs, reste un bel équilibre dans le récit. Oui, je reconnais bien toutes ces qualités mais décidément, elles n'ont pas suffi à mon plaisir.