Cette histoire nous est donnée comme un récit, et pas un roman. Elle s'inscrit dans notre réalité contemporaine et raconte comment une femme en aide une autre, qui ne lui demandait rien : Anne, parisienne, classe moyenne, bientôt grand-mère, croise dans le métro
Destiny, 27 ans, nigériane, sans papiers, enceinte. Obéissant à une injonction intérieure, Anne propose à
Destiny de l'accompagner à l'hôpital, et lui promet de revenir le lendemain, ce qu'elle fera.
A partir de cette rencontre de hasard, une relation se noue entre ces deux femmes, fragile, hésitante : difficultés linguistiques – elles se parlent en anglais, qui n'est pas leur langue –, culturelles, méfiance, malentendus…
Pierrette Fleutiaux montre toute la complexité de leur apprivoisement mutuel. Anne donne des vêtements, de l'argent, de son temps, mais se sent « perdue entre donner tout et ne donner rien », elle doit se défendre contre ses préjugés, les clichés qui lui viennent à l'esprit et faussent sa perception des choses. Si Anne voit au début
Destiny comme « sa protégée », très vite elle se rend compte que la jeune femme est forte, déterminée, rétive.
On suit deux ans de leur histoire commune, deux ans pendant lesquels
Destiny vit dans une extrême précarité, à la merci d'une expulsion, tandis que les barques continuent d'amener sur les rives de l'Europe des milliers de migrants, puisque c'est ainsi qu'on appelle maintenant ceux qui fuient la violence et la misère de leurs pays.
Pierrette Fleutiaux, avec ce récit subtil, nous donne à voir derrière les chiffres et les statistiques, des destins individuels, des hommes et des femmes qui, comme
Destiny, n'aspirent qu'à « travailler, faire les courses, conduire [leurs] enfants à l'école. Aller au parc. L'ordinaire. Atteindre à l'ordinaire de la vie ».