Citations sur Le Siècle, tome 2 : L'hiver du monde (142)
En politique, vous savez que vous avez gagné la partie quand vos adversaires vous piquent vos idées.
On entendit grincer les vitesses du car et le bruit du moteur s'amplifia. Carla et Werner se retournèrent. A chaque carreau se plaquait un visage, et ils étaient tous différents : celui-ci bredouillait, celui-là bavait, un autre riait de façon hystérique, celui-là était distrait, le dernier en proie à une détresse spirituelle - tous étaient déments. Les occupants d'une unité psychiatrique évacués par les SS. Les fous guidant les fous.
Les Allemandes ont des choix douloureux à faire. Nous payons les décisions faciles que les hommes de notre pays ont prises il y a quinze an. Des hommes comme mon père, qui pensaient que l’arrivée d’Hitler au pouvoir serait bonne pour les affaires, ou comme de père d’Heinrich, qui ont voté la loi sur les pleins pouvoirs. Les péchés des pères retombent sur les filles.
On entendit grincer les vitesse du car et le bruit du moteur s'amplifia. Carla et Werner se retournèrent. A chaque carreau se plaquait un visage, et ils étaient tous différents : celui-ci bredouillait, celui-là bavait, un autre riait de façon hystérique, celui-là était distrait, le dernier en proie à une détresse spirituelle - tous étaient déments. Les occupants d'une unité psychiatrique évacués par les SS. Les fous guidant les fous.
Cette loi ferait d'Hitler un dictateur. La répression, l'intimidation, la violence, la torture et le meurtre qui s'étaient imposés en Allemagne depuis plusieurs semaines prendraient un caractère définitif. C'était une perspective intolérable, impensable.
C'était pire que tout ce qu'il s'était figuré. Quand il avait songé au combat, c'était des images de courage face au danger, de stoïcisme et d'héroïsme dans l'adversité qui lui étaient venues à l'esprit. Or il ne voyait que douleur atroce, visages suppliciés, terreur aveugle, corps broyés, et doutait désormais totalement du bien-fondé de sa mission.
"Le fascisme est en marche, commença Lloyd. Et il est dangereusement attrayant. Il fait miroiter de faux espoirs aux chômeurs. Il affiche un patriotisme de façade, aussi caricatural que les uniformes qu'endossent ses partisans."
Il débouchèrent du parc sur la Königsplatz, la vaste esplanade qui s'étendait entre le bâtiment du Reichstag et l'opéra Kroll, juste en face. Le Reichstag était en feu. On voyait des formes lumineuses rouges et jaunes danser derrière les rangées de fenêtres de son architecture classique. Des flammes et de la fumée jaillissaient à travers le dôme central. "Oh, non !" s'écria Walter, et Lloyd fut frappé par la consternation que trahissait sa voix. "Dieu du ciel ce n'est pas possible !"
Il arrêta la voiture et ils sortirent sur le trottoir.
"Quelle catastrophe ! murmura Walter.
-Un si beau bâtiment et si ancien, renchérit Ethel.
- Je me fiche pas mal du bâtiment, rétorqua Walter à la surprise générale. C'est notre démocratie qui part en fumée."
Pourquoi, se demanda Lloyd, ceux qui s'acharnaient à détruire tout ce qu'il y avait de bon dans leur pays étaient-ils les plus prompts à brandir le drapeau national ?
Depuis le débarquement, l'évacuation des prisonniers évadés était moins prioritaire, et il travaillait désormais en liaison avec la Résistance française.
(partie XVIII-1944, chap. 6)